Née le 5 mars 1914 à Nexon (Haute-Vienne), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; institutrice ; victime civile.

Andrée, Anna Gibaud
Andrée, Anna Gibaud
crédit : MémorialGenWeb
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Maison Binet, Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
Maison Binet, Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
plaque famille Binet - Gibaud - Ragot, Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
plaque famille Binet - Gibaud - Ragot, Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
plaque famille Binet - Gibaud - Ragot, cimetière, Oradour-sur-Glane
plaque famille Binet - Gibaud - Ragot, cimetière, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Andrée Gibaud était la fille d’Amédée (né le 2 juin 1884, à La Meyze, Haute-Vienne) plâtrier, et de son épouse Louise née Ragot* (née le 5 janvier 1889, à La Meyze, Haute-Vienne), domiciliés au lieu-dit Valette, commune de Nexon. Ses parents s’étaient mariés le 28 octobre 1911 à La Meyze (Haute-Vienne).
Elle obtient son Brevet élémentaire le 25 juillet 1930 à Limoges. C’est à L’école Normale de Limoges qu’elle suit sa formation pour devenir institutrice, en tant ’’qu’élève maîtresse’’, entre 1932 et 1935. Cette année elle est reçue au Brevet Supérieur en juillet et au certificat d’Aptitude Pédagogique le 15 novembre. Sa carrière débute par des remplacements effectuées dans le départements entre 1935 et 1936 et qui la conduisent de Beaune-les-Mines au Palais-sur-Vienne en passant par Couzeix.
Le 2 juin 1936 à Limoges, elle épouse Jean Eugène Binet* (né le 15 novembre 1910, à Pontigaud, Puy de Dôme). Ils eurent un fils, Jean Pierre* (né le 13 avril 1937, à Limoges). C’est le 1er août 1936 qu’elle arrive à l’école d’ Oradour, en tant que directrice-adjointe d’abord, puis à partir de septembre 1939, directrice de l’école de filles.
Ses rapports d’inspections saluent la qualité de son travail ’’Mme Binet est une institutrice intelligente, douce et persévérante, animée du désir de bien faire.’’ (rapport de la visite effectuée le 17 février 1937). ’’Préparations : régulière et sérieuse (…) Tout est prévu, choisi, préparé d’une façon intelligente.’’ (rapport établi suite à la dernière visite, le 19 décembre 1941) La conclusion du rapport réalisé le 3 mai 1939 semble faire la synthèse des qualités qui lui sont régulièrement reconnues : ’’au total, je suis très satisfait de ma visite de la classe de Mme Binet, qui sait, avec douceur, rendre attrayantes toutes les disciplines scolaires. C’est une bonne institutrice qui mérite nos félicitations.’’
Elle était domiciliée dans le Bourg d’Oradour-sur-Glane, dans l’enceinte de l’école.
Andrée Gibaud épouse Binet, enceinte, elle est en congé pour maladie au printemps 1944, est remplacée par une jeune institutrice Odette Couty*. Le 10 juin 1944, était le dernier jour du remplacement qu’elle effectuait à Oradour-sur-Glane. C’est elle qui accompagnera les élèves de l’école des filles sur le Champ de Foire où Mme Binet retrouvera ses élèves et sa remplaçante.
Sa mère Louise Ragot épouse Gibaud* était de passage chez sa fille.
« L’école des filles était située au centre du Bourg. On y accédait en franchissant un grand portail aux tiges de fer épointées comme des lames, qui s’ouvrait sur une aire ombragée de deux arbres. (…) Mme Binet avait en charge la section qui préparait les adolescentes au certificat. (…) Mme Binet, alitée depuis quelques jours, dans l’attente imminente d’un bébé, a été chassée de son lit. Les soldats ne lui ont laissé que le temps de passer un manteau sur sa chemise de nuit et la poussent vers le Champ de Foire à coups de crosse. »
L’école primaire d’Oradour-sur-Glane comportait en 1944 plusieurs sections. L’école des garçons composée de deux classes, était située en face la gare des Tramways départementaux et avait pour directeur Léonard Rousseau assisté de son épouse Jeanne Forest, épouse Rousseau. L’école des filles comprenait trois classes dont une classe enfantine. Andrée Gibaud épouse Binet en assurait la direction assistée de Denise Bardet et de Raymonde Chenet épouse Vincent. Il existait aussi une classe dite « lorraine » composée d’enfants de réfugiés alsaciens et mosellans avec un maître lorrain, Fernand Gougeon. Au total le corps enseignant se composait de sept personnes, deux instituteurs et cinq institutrices, car le 10 juin 1944 était également en poste à Oradour une institutrice remplaçante, Odette Couty qui suppléait l’absence de Mme. Binet en congé maladie. Tous les enfants des écoles, durent sous la contrainte en compagnie de leurs institutrices et instituteurs se rassembler sur la place du village. Les deux hommes furent séparés du reste du groupe qui fut conduit toujours en compagnie des institutrices dans l’église du village où ils furent enfermés vers 15h, avec toutes les femmes et les enfants du village. Seul un jeune élève de la classe lorraine Roger Godfrin, réussit à s’enfuir. Mme. Binet alitée à son domicile fut contrainte par les soldats SS de rejoindre le point de rassemblement sur la place du village.
Elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec son fils, sa mère et l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane. Son époux fut mitraillé puis brûlé dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés.
Andrée Gibaud obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Saint-Pardoux (Haute-Vienne) et avec celui de ses six collègues victimes du nazisme sur la plaque commémorative apposée dans la cour de l’ancienne école normale de Limoges (aujourd’hui centre de formation des maîtres, ESPE).
Son père décède le 9 septembre 1955 à Limoges.
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — Mémorial GenWeb. — Liste établie en 1945 par le Syndicat national des instituteurs « Hommage à ceux qui sont tombés », disponible sur le site de l’ANPNOGD, association nationale des pupilles de la nation, orphelins de guerre et du devoir — Archives État civil de la Haute-Vienne, Actes de naissances, mariages, décès. — Série ’’DESTIN’’, Centre de Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Marielle Larriaga, Oradour-sur-Glane,10 juin 1944, éditions des traboules, (p48, p81).

Dominique Tantin, Michel Thébault, Isabel Val Viga

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