Née le 15 juin 1898 à Mézériat (Ain), morte sous la torture le 18 août 1944 à Saint-Étienne (Loire) ; secrétaire aux Forges Stéphanoises à Saint-Étienne ; agent de renseignement du réseau Gallia avec le grade de sous-lieutenant.

Célibataire, fille de cafetiers et secrétaire sténodactylographe de Félicien Blanc, dirigeant des Forges stéphanoise, Elise Gervais était une employée très appréciée. Arrivée à Saint-Étienne vers 1935, elle était domiciliée dans la Grand’Rue, au 25 de la rue Paul-Doumer, non loin de la Préfecture. Pendant la guerre, elle s’engagea dans les Mouvements unis de Résistance (MUR) puis à compter de décembre 1943, elle devint agent de renseignements du Réseau Gallia. D’abord agent opérationnel, elle intensifia son travail dans le réseau et devint agent P1 puis P2 à compter du 1er mai 1944 et les réunions se tenaient souvent chez elle. Le 26 mai 1944, Saint-Étienne fut bombardée par les Alliés. Le bilan fut lourd : près de 1000 morts, 2000 blessés et 20000 sinistrés, les Forges stéphanoises comptèrent des morts et des blessés parmi leur personnel et subirent d’importants dommages.
Dans la deuxième quinzaine d’août 1944, le réseau Gallia de Saint-Étienne apprit par un agent double qu’il avait été trahi par un de ses contacts, Jean Antoine Goutet, âgé de 21 ans et ancien des Groupes mobiles de réserve (GMR). Un des chefs du réseau, Georges Château-Reynaud et d’autres résistants se mirent à l’abri, Elise décida de rester sur place. Le 17 août 1944 au matin, présente à son travail, elle aurait déclaré à son patron : « Si demain je suis absente, c’est que j’aurais été arrêtée. » De retour à son domicile vers 12 heures 30, elle fut arrêtée et ses archives saisies. Amenée à la caserne Desnoëttes, elle fut atrocement torturée par la Gestapo et « elle montra une attitude d’un courage exemplaire évitant ainsi l’arrestation de nombreux agents. ». Son corps atrocement mutilé fut retrouvé le 19 août 1944 à Ratarieux sur la commune de L’Etrat (Loire) au moment où les troupes allemandes s’apprêtaient à quitter Saint-Etienne qui fut libérée le 20 août. Jean Goutet, qui l’avait dénoncée, fut jugé le 22 septembre 1944 lors de la 4ème séance du Tribunal militaire de Saint-Etienne présidé par le colonel Fournier, condamné à mort par la Cour martiale et exécuté.
Le 4 octobre 1944, des obsèques solennelles, présidées par le docteur Henri Muller, maire de Saint-Étienne, se déroulèrent pour rendre hommage à Elise Gervais, José Garcia et Jean Béal, deux des otages exécutés à La Grand-Croix (Loire) le 12 août 1944. Tous trois furent inhumés au cimetière du Crêt de Roch. A Saint-Étienne, la rue de Lyon fut débaptisée et coupée en deux : une partie porte désormais le nom d’Elise Gervais, l’autre celui de Pierre Bérard, résistant stéphanois exécuté comme otage le 10 janvier 1944 à Lyon (Rhône).
Elise Gervais figure sur le Monument aux morts de Polliat dans l’Ain et sur la plaque commémorative des Forges Stéphanoises. Morte pour la France, elle apparaît sur le site « Mémoire des Hommes ».
Sources

SOURCES : Archives municipales de Saint-Étienne (Loire).— Site de l’Amicale Mémoire du Réseau Gallia, site Mémoire des Hommes.— Journal Le Patriote du 23 et 24 septembre 1944.— Journal L’Espoir du 2 octobre 1944.

Michelle Destour

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