Maisonnisses (Creuse), Bois du Thouraud, 7 septembre 1943
Le 7 septembre 1943, sur la commune de Maisonnisses (Creuse) un commando parachutiste de la Luftwaffe sous les ordres de la SIPO-SD de Limoges (Haute-Vienne) procéda à l’anéantissement de l’un des premiers maquis creusois, installé dans le bois du Thouraud. Sept jeunes maquisards furent tués, six autres furent faits prisonniers et déportés en même temps que deux agriculteurs de la commune qui leur avaient apporté leur soutien.
La SIPO-SD de Limoges organisa début septembre 1943, une opération contre le maquis. Ne disposant pas en Creuse de troupe constituée, elle fit appel à un commando de parachutistes de la Luftwaffe à l’entraînement au camp de La Courtine (Creuse). L’attaque se produisit le 7 septembre 1943 à l’aube. L’abri où se trouvaient les jeunes maquisards fut encerclé, ceux qui tentèrent de fuir furent abattus, un lancer de grenade contraignit les autres à se rendre. Les morts et les blessés (achevés par les troupes allemandes) furent regroupés dans l’abri, que les militaires allemands détruisirent à l’explosif. Le témoignage d’un survivant Daniel Guisard, enregistré en 1961 pour le dossier DAVCC de Bernard Verbeke précise : « les camarades blessés au cours de l’accrochage et sous les tortures ont été traînés en tas et odieusement massacrés à l’aide d’armes et que deux bombes furent même placées, l’une dessus, l’autre dessous ». L’opération se termina vers 10 h 30. Le bilan était de sept morts chez les jeunes résistants ; six autres jeunes furent faits prisonniers et déportés ainsi que deux agriculteurs qui avaient assuré leur ravitaillement.
Liste des victimes :
Les morts du Bois du Thouraud : BRUNET Gabriel ; CAVARNIER Georges ; COLOMB John-Allen ; JANVIER Roger ; MAITRE-ALLAIN Jean Pierre ; NOUHAUT Jacques ; VERBEKE Bernard.
Les déportés : six jeunes maquisards, AUREIX Emile (mort en déportation) ; DOLLET Henri (mort en déportation) ; DUBREUIL Marcel ; GUISARD Marcel ; RICHE Roger ; VAN DEN EDEN Georges (mort en déportation) et deux agriculteurs locaux, JULIEN Henri (mort en déportation) et VINCENT André (mort en déportation).
L’évènement, première opération violente de répression en Creuse provoqua une vive émotion et un choc profond dans l’opinion publique creusoise. Le rapport mensuel du préfet pour le mois de septembre (rapporté par Ch. Moreigne op. cit.) déclare : « La mort de sept jeunes gens dont trois étaient de Guéret, tués par les Allemands à Sardent, le 7 septembre, a causé dans la population une vive hostilité à l’égard des troupes d’occupation ». La Milice de Guéret en vint même le 11 septembre 1943 à distribuer à Guéret des papillons démentant être en quoi que ce soit responsable du massacre.
Très rapidement après la Libération, le bois du Thouraud devint un lieu de mémoire et de commémoration. Un monument fut dressé sur les lieux et inauguré le 7 septembre 1947. L’abri fut réhabilité pour devenir un lieu mémoriel. Une stèle au village de La Feyte (commune de Sardent) porte les noms des sept tués du maquis. Des commémorations ont lieu chaque année pour commémorer l’évènement.
SOURCES : Christophe Moreigne Le massacre du bois du Thouraud ARSVHRC bulletin n° 42 mars 2009, disponible sur le site Creuse Résistance — René Castille Le massacre du bois du Thouraud ARSVHRC bulletin n°31 décembre 2003, disponible sur le site de Creuse Résistance — René Castille, Guy Avizou, Christophe Moreigne, Pascal Plas La Creuse pendant lea seconde guerre mondiale Ed. Le Puy Fraud 2012 — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 — Journal La Montagne 7 septembre 2015 — Photographies du site aujourd’hui et des monuments.
Michel Thébault