Né le 6 décembre 1925 à Metz (Moselle), mort en action le 16 juillet 1944 à La Pouge (Creuse) ; résistant AS.

Lorrain d’origine, Jean Stein était le fils de Jean Stein couvreur et de Louise Lang ouvrière. Beaucoup de Mosellans durent abandonner leur domicile soit lors de l’évacuation des communes proches de la ligne Maginot au début du conflit, soit lors de l’annexion de la Lorraine par le III° Reich à l’été 1940. La famille Stein dut quitter Metz à l’été 40 victime d’une expulsion et vint se réfugier en Creuse dans la commune de Saint-Priest-la-Feuille, domiciliée dans un hameau de la commune, Le Bec. Célibataire, Jean Stein y résidait avec ses parents au début 1944. Il s’engagea dans la Résistance à une date inconnue, avec son frère Robert Stein et un autre jeune mosellan réfugié dans ce village Pierre Louyat. L’historien du maquis Marc Parrotin (lui-même ancien responsable FTP), indique dans son mémorial de la Résistance creusoise (op. cit.) qu’il intégra dans un premier temps un maquis FTPF, la 2101ème compagnie FTP commandée par Roger Gerbaud. A la mi-mai 1944 ce groupe évacua un camp situé sur la commune de Saint-Priest-la-Feuille et installa un nouveau camp près de Saint-Maurice-la-Souterraine, dans le bois de la Bonnelle. Une attaque fut alors conduite le 17 mai 1944 contre ce camp par des troupes du gouvernement de Vichy : gardes mobiles, Francs gardes de la Milice et policiers. Après un violent combat, le maquis fut vaincu, deux résistants tués, et dix-sept dont les deux chefs Roger Gerbaud et André Béguin faits prisonniers. Marc Parrotin place ensuite seulement son engagement dans l’AS. Le dossier DAVCC ne confirme que cet engagement le datant du 7 mars 1944 au sein de la 1ère compagnie CFL (corps franc de la Libération) de l’Armée secrète, cantonnée dans le secteur de Vidaillat (Creuse).
A la mi-juillet, des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments disparates de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, entra en Creuse pour organiser la répression contre les forces de la Résistance. L’une des colonnes (colonne rapide du commandant Coqui, régiment de sécurité motorisé n°1000) entra dans le département le 14 juillet en venant de Murat (Cantal) et se dirigea vers le secteur d’Aubusson. Le 1er bataillon du régiment 1000 (commandant Vonalt) installa à Bourganeuf (Creuse) son PC opérationnel. A partir du 16 juillet, le commandement fit rayonner ses compagnies à partir de la ville avec l’objectif d’accrocher les groupes de maquisards pour les éliminer. Le 16 juillet dans l’après-midi la 1ère compagnie CFL tendit une embuscade sur la nationale 141, dans laquelle Jean Stein et son frère Robert Stein furent tués lors du combat. Le dossier AVCC fournit le récit de leur mort avec le témoignage du lieutenant Robert Devyver qui commandait le groupe : « Le 16 juillet à 14 heures, en embuscade sur la route nationale N°141 allant de Bourganeuf à Aubusson, au lieu-dit La Pouge (Creuse), et chargés d’attaquer un convoi allemand signalé dans la matinée, avons accroché ledit convoi à 15 h 20. Les deux frères Stein placés côte à côte, en bordure de la RN précitée, avaient été chargés d’attaquer les premières voitures ennemies qui étaient des autos mitrailleuses, à la grenade. Ces deux soldats ont lancé plusieurs grenades qui ont explosé dans les chenilles des A.M. mais pris immédiatement sous le feu intense de plusieurs mitrailleuses ennemies, ils sont tombés face à l’ennemi, touchés l’un à la tête, l’autre dans la région du cœur. Je tiens à signaler l’attitude héroïque de ces deux soldats, s’étant déjà signalés par leur courage dans les combats antérieurs … me trouvant à proximité de ces deux soldats lors de ce combat, étant donné que je commandais le dispositif, je suis à même comme témoin oculaire de faire la déposition ci-dessus ».
Les corps furent retrouvés dans un fossé de la route et inhumés au cimetière de La Souterraine (Creuse), leurs parents résidant fin 1944 dans cette commune. Ces derniers repartiront à Metz dans le courant de l’année 1945 où leur père reprendra son entreprise de couvreur – zingueur.
Jean Stein fut déclaré Mort pour la France. Il obtint la Croix de guerre à titre posthume. Une stèle à La Pouge rappelle leur souvenir. Son nom figure aussi avec celui de son frère et celui de Pierre Louyat sur une plaque commémorative installée à la mairie de Saint-Priest-la-Feuille. Il figure enfin sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret.
Sources

SOURCES : État civil — Dossier DAVCC Caen — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — mémorial genweb — site Mémoire des Hommes.

Michel Thébault

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