Née le 13 août 1918 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane ; chef de gare ; victime civile.

Yvonne, Andrée Brandy
Yvonne, Andrée Brandy
crédit : Isabel Val Viga
Café Central, Eugénie Brandy, Oradour-sur-Glane
Café Central, Eugénie Brandy, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Café Central, Eugénie Brandy, Oradour-sur-Glane
Café Central, Eugénie Brandy, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Café Central, Eugénie Brandy, Oradour-sur-Glane
Café Central, Eugénie Brandy, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Café Central, Eugénie Brandy, Oradour-sur-Glane
Café Central, Eugénie Brandy, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
plaque famille Brandy - Mercier, Oradour-sur-Glane
plaque famille Brandy - Mercier, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
plaque famille Brandy - Mercier, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque famille Brandy - Mercier, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Yvonne Brandy était la fille d’Armand Jean Junien Brandy (né le 1er août 1896 et décédé le 14 juillet 1940, à Oradour-sur-Glane), menuisier- charpentier, et de son épouse Eugénie née Mercier (née le 30 décembre 1894, à Oradour-sur-Glane), fille de François et de son épouse Marguerite née Deglane, cafetière. Ses parents s’étaient mariés le 1er mars 1920 à Oradour-sur-Glane.
Elle était l’aînée d’une fratrie de trois enfants, Jeannine Marguerite (née le 29 novembre 1921) épouse d’Aimé Renaud, parents d’Any Françoise, Antoinette (née le 16 mai 1923), toutes nées à Oradour-sur-Glane.
Elle était domiciliée avec sa famille au Bourg d’Oradour-sur-Glane.
Elle était la nièce de Denis Mercier épouse de Jeanne Senon, parents d’Yvonne.
Sa sœur et son époux échappèrent au massacre, ayant pu se cacher.
« Cet après-midi là, je commençais juste à coiffer [madame Gougeon-188300], l’épouse de l’instituteur des enfants lorrains, quand nous avons entendu les moteurs de lourds engins. Nous avons regardé. Madame Goujon a dit : ’’Ce sont les Allemands ; je vais vite prévenir mon mari pour qu’il rentre les enfants. Allez avertir le votre, afin qu’il se cache’’. Mon mari, mécanicien, était réfractaire et travaillait discrètement au garage d’Hubert Desourteaux. Je suis sortie. Ma petite Annie voulait venir avec moi. Je lui ai dit ’’non, reste là, je reviens de suite’’. En traversant la rue principale, j’ai vu des SS et tous les habitants (parmi lesquels mon grand-père) des hameaux de Puy-Gaillard et des Brégères se dirigeant vers le Champ de Foire. Un SS est entré dans la maison de ma mère en criant ’’Raoust ! ’’. J’ai pris très vite la rue des Vias pour aller par l’arrière du Bourg rejoindre mon mari. Un des SS me suivait. En passant devant chez Hyvernaud, mon amie Henriette me crie : ’’Où vas-tu si vite, Jeannine ?’’ Je n’ai pas répondu. Après la bifurcation, le SS n’était plus derrière moi. Peut-être était il entré chez les Hyvernaud ? J’ai entendu Henriette cier ’’Maman !’’. Je suis vite allée rejoindre mon mari. Hubert Desourteaux m’a dit : ’’Il faut que tu restes cachée avec nous. Si tu sors, tu risques de nous faire prendre’’. Je me suis cachée dans un poulailler avec une femme. J’étouffais. On entendais des fusillades, des bruits, des coups. Je suis sortie de ce petit coin, j’ai avancé un peu … J’ai regardé : un Allemand était planté là, avec son fusil braqué ; je suis vite rentrée dans mon trou. Quelque temps après, je suis ressortie ; l’Allemand n’était plus là. J’entendais les mitrailleuses : tatatatatata...Je suis allée rejoindre tout droit mon mari, caché au fond du ravin. J’ai dit’’Que faut-il faire ?’’ Il m’a répondu : ’’Attendre la mort’’. Soudai, de l’église, parvient une grande explosion ; une fumée noire en sortait ; et des cris, des cris, c’était affreux ! On voyait que tout brûlait. Du petit chemin, nous parvenait le bruit des bottes allemandes. Pendant des heures, interminables, nous sommes resté&s cachés, avec la peur, l’angoisse... Que se passait-il ? Les rafales de mitraillettes, et, toujours, ces bruits de bottes. Un SS est entré dans le jardin, n’a rien vu, et a dû penser qu’il n’y avait là rien d’intéressant. Les maisons incendiées tout autour, les crépitements quand les toits s’effondraient. Et surtout ces cris, venant de l’église, tellement horribles qu’ils n’avaient rien d’humains. Des cris que, durant toute ma vie, j’aurai dans les oreilles. Je ne pouvais alors me douter que c’étaient les cris des femmes et des enfants (dont ma petite, ma mère, mes sœurs). J’ai dit : ’’Ce doit être les vaches de chez Hyvernaud qu’ils sont en train d’égorger’’. Et toujours ces bruits de bottes... Puis, la nuit tombée depuis longtemps, le calme est revenu. A deux heures du matin, nous avons osé sortir de notre cachette, et nous sauver à travers les pré à l’herbe haute. Une sentinelle a tiré sans nous atteindre. Par des chemins détournés, et à travers champs, nous sommes allés rejoindre la maison des beaux-parents, au village de la Plaine. J’espérais que ma mère, mes sœurs, ma petite seraient là. Pas un instant, l’idée que les enfants et les femmes étaient tués, ne nous a effleurés. Mon beau-père est parti vers d’autres villages, en quête de nouvelles de sa petite-fille. L’horreur, nous allions la découvrir dans la matinée. La vision cauchemardesque des ruines … Je suis allée tout de suite vers l’église. J’ai vu le corps calciné d’une femme assez forte : ’’si elle n’avait eu des bottes comme en portaient les Lorraines, j’aurais pensé que c’était ma mère’’. »
« Janine Renaud qui s’était précipitée pour prévenir son mari menacé par l’arrivée des Allemands parce que réfractaire au STO, laisse, croyant la protéger, sa petite Anny à la garde de sa grand-mère, dans cette maison familiale, le café Brandy, où tous seront raflés. »

Elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec sa mère, sa sœur, sa nièce, sa tante, sa cousine, une partie de sa famille et l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane. Son grand-père, son oncle et une partie de sa famille furent mitraillés puis brûlés dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés.
Yvonne Brandy obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Sa sœur et son époux, seront témoins au procès de Bordeaux en 1953.
Ils habiteront le village provisoire. Sa sœur décède le 11 janvier 2010 à Oradour-sur-Glane.
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — Mémorial GenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements. — Louys Riclafe et Henri Demay, Paroles de miraculés, témoignage de Jeannine Renaud, éditions L’Harmattan (p100 à 102). — Marielle Larriaga, Oradour-sur-Glane,10 juin 1944, éditions des traboules (p131).

Dominique Tantin, Isabel Val Viga

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