Né le 10 août 1927 à Mulhouse (Haut-Rhin), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; apprenti menuisier ; victime civile

Raymond Buchsbaum était le fils d’Isidore Buchsbaum et d’Hortense Lévy. Il était apprenti menuisier.
Réfugié d’Alsace, Raymond Buchsbaum demeurait pendant la guerre à Saint-Laurent-lès-Mâcon (Saint-Laurent-sur-Saône, Ain), 14 rue de la Levée, avec sa famille.
Le 13 août 1944, à Saint-Laurent-lès-Mâcon, Raymond Buchsbaum, son oncle, Alfred Lévy, et son cousin, Jean Lévy, furent arrêtés lors d’une rafle organisée par la Gestapo et la Milice. Ce 13 août, par ordre des autorités allemandes, tous les hommes du village âgés de 18 à 60 ans durent se rassembler sur la place de la République munis de leurs pièces d’identité. Parmi eux, Alfred Lévy et quelques Saint-Laurentins furent mis à l’écart parce qu’ils étaient juifs. C’est vraisemblablement après avoir identifié Alfred Lévy comme juif, que des Allemands ou des miliciens se rendirent à son domicile et arrêtèrent Raymond Buchsbaum. Jean Lévy fut sans doute également appréhendé au 14 rue de la Levée. Raymond Buchsbaum, son oncle et son cousin furent amenés avec sept autres Saint-Laurentins dans la cour de l’école de la rue Poitevin à Mâcon (Saône-et-Loire). Le 15 août, ils furent transférés à la prison de Montluc (Lyon) et incarcérés dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers, parmi lesquels Raymond Buchsbaum, Jean Lévy et vraisemblablement Alfred Lévy, furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au-dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Les corps de Raymond Buchsbaum, d’Alfred Lévy et de Jean Lévy furent retrouvés dans le charnier E, situé entre les charniers C et D et contenant 26 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, Raymond Buchsbaum avait été tué d’une balle dans la tête.
Le corps de Raymond Buchsbaum fut décrit comme suit : 1m70, cheveux châtains clairs. Il fut d’abord enregistré sous le numéro 103 puis identifié le 9 octobre 1944. Son corps fut inhumé à Bron puis exhumé le 24 mai 1945 pour être enterré au cimetière israélite de Lyon - La Mouche (VIIe arr.).
Il obtint la mention Mort pour la France en 1945 et le titre d’interné politique en 1954.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossiers de Raymond Buchsbaum et d’Alfred Lévy.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W17, 3460W1, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.

Jean-Sébastien Chorin

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