Le kommando Sipo-SD Nizza ouvrit une antenne à Cannes en octobre 1943, jetant son dévolu sur une villa du quartier résidentiel Montfleury, qui devint à la fois un centre d’internement et d’interrogatoires musclés où opéraient quelques SS mais aussi une demi-douzaine de gestapistes français et italiens (GAPPF, Miliciens, membres du parti fasciste-républicain).
Le 15 août, date du débarquement en Provence, la canonnade était nettement perceptible à Cannes et le responsable du kommando, l’aspirant Moser (qui avait commandé à Nice la section exécutive jusqu’au mois de juin), décida de liquider en début de soirée ses derniers prisonniers politiques, presque tous membres des réseaux de renseignements, en représailles du succès obtenu par les troupes alliées auquel avaient contribué plus ou moins les agents des réseaux internés. Avec deux de ses principaux collaborateurs (Willy Bauer et Richard Held), l’aspirant Moser abattit donc au revolver dans les caves servant de cellules Jean-Baptiste Albertini, Concetta Biacca, Gustave Biny, Pierre Chalmette, Alfred Froidurot, Georges Krengel, Marius Martini et Hippolyte Séguran, deux autres détenus (Louis Balesi et Marcel Neyndorff, membres du réseau Tartane), protégés par l’accumulation des corps de leurs malheureux camarades, n’étant que sérieusement blessés et survécurent à la tuerie, permettant, plus tard, de reconstituer le déroulement du drame et d’identifier les responsables, dont l’un fut fusillé en 1946 et un autre en 1954.
Une stèle portant les noms des huit martyrs avec l’inscription « Cannes et l’Humanité aux victimes de la Gestapo » fut inaugurée en 1948 dans le jardin précédant le perron de la villa. Cette dernière fut démolie pour étendre le domaine sportif de l’hôtel Montfleury proche une vingtaine d’années après les événements.
Tous les 15 août, la Ville de Cannes commémore la tuerie avec les associations locales d’anciens combattants.
Sources

SOURCES : Archives du musée de la Résistance azuréenne, dossier Villa Montfleury — Jean-Louis Panicacci, La Résistance azuréenne, Nice, Serre, 1994 — Eric Digiuni, Cannes de 1939 à 1945, Nice, Alandis, 2002. — L’Ergot, N° 15 du 21 décembre 1944, récit de Louis Balesi.

Jean-Louis Panicacci

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