Né le 13 mai 1923 à Varsovie (Pologne), exécuté sommairement le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; naturalisé français ; étudiant ; résistant comme membre du groupe Valmy et du Service Périclès des Mouvements unis de la Résistance (MUR)

Henri Ledermann était le fils de David Ledermann, fabricant de sièges, et d’Anna Klemann (ou Kleinman). Il fut naturalisé français avec son père le 9 février 1927 (décret n° 24402/26). Henri Ledermann fit ses études au lycée Buffon (Paris, XVe arr.) puis à l’École Centrale de Paris.
En octobre 1940, il s’engagea comme résistant dans le groupe Valmy. D’après Alcide Morel, cofondateur du groupe, Henri Lederman « faisait partie du réseau dirigé au lycée Buffon par le professeur Raymond Burgard d’octobre 1940 à décembre 1941, il fut un des principaux militants de la Résistance universitaire à Paris. Obligé de passer en Zone non occupée en raison des persécutions raciales il continua son action au lycée de Montpellier ».
D’après sa carte d’identité délivrée le 1er avril 1942, Henri Ledermann résida à Montpellier (Hérault), 1 rue Jeanne d’Arc. En mars 1943, il s’installa à Lyon (Rhône). Il demeura jusqu’en 1944 au 156 avenue Thiers (VIe arr.). Il s’inscrivit à la Faculté de Lyon et vécut sous la fausse identité d’Henri Lejeune. Au mois de juin 1943, Henri Ledermann, alias Lejeune, devint membre du service Périclès (service national des maquis écoles) dépendant des Mouvements unis de la Résistance (MUR).
Le 29 juin 1944, alors qu’il était en mission à la gare des Brotteaux (Lyon, VIe arr.) pour le service Périclès, Henri Ledermann fut arrêté par la Gestapo sous l’identité d’Henri Lejeune. Il fut incarcéré à la prison de Montluc (Lyon), dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, Henri Ledermann et 49 autres prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps d’Henri Ledermann fut retrouvé dans le charnier E, situé entre les charniers C et D et contenant 26 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait été tué d’une balle dans la tête. Son corps fut décrit comme suit : 1m67, cheveux châtains (plus précisément, d’après l’une de ses cartes d’identité, il mesurait 1m71, était châtain et avait les yeux marrons). Il fut d’abord enregistré sous le numéro 100 puis identifié le 6 octobre 1944. Il fut inhumé à Bron.
Il fut décoré de la médaille de la Résistance en 1946. La mention Mort pour la France fut transcrite sur son acte de décès en 1947. Il obtint le titre d’interné résistant en 1956.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossiers d’Henri Ledermann et de Jean-Claude Marx Bloch.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3460W1, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet de Yad Vashem.

Jean-Sébastien Chorin

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