Né en 1882, abattu par un officier allemand le 10 juin 1940, rue Grand- Pont à Rouen (Seine-Inférieure, Seine Maritime) ; tailleur rouennais sinistré de la rue du Bac en quête de nourriture.

L’entrée des troupes allemandes à Rouen s’est effectuée au petit matin le dimanche 9 juin 1940. Ces troupes rencontrent dans la ville une résistance militaire indéniable. Tous les ponts sur la Seine ont explosé pour stopper l’avance ennemie. Les Panzers sont accueillis par des chars français et trois canons antichars à l’entrée rive droite du Pont Corneille qui vient d’être coupé. Cette bataille à bout portant, meurtrière pour les défenseurs français, met le feu au quartier du bas de la rue de la République. Le feu s’étend à l’espace central et commercial de la ville situé entre la cathédrale et la Seine. Ce quartier médiéval où dominent les façades à pans de bois, est la proie des flammes.
Les Allemands laissent l’incendie s’étendre, en représailles à la résistance rencontrée et empêchent durant 24 heures les pompier d’intervenir. Le quartier flambe durant la journée du dimanche 9 juin, menace la cathédrale par sa partie sud, se prolonge tout le lundi 10, date à laquelle l’occupant ordonne la lutte contre l’incendie. Dans cette situation dramatique, on assiste à l’évacuation de nombreux sinistrés ainsi qu’à des scènes de pillage, c’est ainsi que le malheureux clochard René Storme est fusillé pour l’exemple à la caserne Jeanne d’Arc.
Le lundi 10 juin, le tailleur Cyrille Picard rôde désespérément aux abords de l’endroit où il exerçait auparavant son activité rue du Bac, au coeur de ce quartier dévoré par l’incendie. André Renaudin écrit : « ...le 10 juin, Cyrille Picard, 58 ans, établi tailleur sur mesure, rue du Bac, était abattu par un officier allemand, rue Grand-Pont, à hauteur de l’ancienne Brasserie Paul. Le quartier était en flammes. Le commerçant voulait sans doute se rendre à son magasin. L’officier lui a intimé l’ordre d’y renoncer. « Nous sommes dans un pays libre ! », avait insisté Cyrille Picard… »
En ce soir du lundi 10 juin 1940, Cyrille Picard gisait sur le trottoir de la rue Grand Pont.
Sources

SOURCES : Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine Maritime. 1940-1944. Edité par l’ Association Départementale des Familles de Fusillés de la Résistance de Seine-Maritime, avec notamment le concours de l’historien Claude-Paul Couture Editions EDIP Saint-Etienne-du-Rouvray (1992) . — Ouvrage collectif (1977) Le Palais de Justice de Rouen , André Renaudin au chapitre IX : Les fusillés des pas perdus. — Marc Boulanger Ce jour là... ROUEN Dimanche 9 juin 1940 Editions Bertout Luneray (1990).

Jean-Paul Nicolas

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