En juillet 1944 la ferme Lebaron de Bouville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) au hameau d’Ybourville, abritait des résistants. Le 22 juillet 1944 la ferme fut attaquée par les Allemands : deux FFI membres du réseau BOA des zones Pavilly-Barentin-Yvetôt furent abattus ainsi qu’ un civil réfugié à la ferme. Les deux frères Martin (FFI BOA) se suicidèrent plutôt que de se rendre. Deux membres du réseau BOA arrêtés par la Gestapo mourront en déportation.

La ferme de la Résistance à Bouville (Editions Flohic)
La ferme de la Résistance à Bouville (Editions Flohic)
Le 5 juin 1944, le lieutenant FFI, Emile Lemoine du réseau Bureau des Opérations Aériennes (BOA) établissait son P.C. des zones de Pavilly-Barentin-Yvetôt dans la ferme de Raymond Basire à Saint-Paër. Les résistants du Réseau logeaient dans d’autres fermes qui cachaient les parachutages d’armes recueillis par le BOA.
C’était le cas de la ferme Lebaron à Bouville village du Pays de Caux situé entre Rouen et Yvetôt. Le 22 juillet 1944, René Lebaron, membre du BOA, rentrait dans la ferme paternelle en compagnie d’Etienne Malet et André Martin. Apercevant des véhicules allemands devant la porte, André Martin se porta au secours de son frère Raymond resté à l’intérieur. Emile Ruel et Bernard Chevallier les rejoignirent mais tombèrent sous les rafales de la Gestapo. Pour éviter la mort des autres personnes vivant au rez de chaussée de la ferme, les deux frères sacrifièrent leur vie plutôt que de se rendre. Cette intervention de l’occupant contre le réseau résultait de l’arrestation le 21 juillet d’André Fouchard, membre du BOA, suite à un vol de bicyclette, il indiqua à la police française de collaboration l’existence du réseau BOA et guida les Allemands dans la cachette de Bouville. Ce jour là, la Gestapo n’était pas la seule présente sur les lieux. L’inspecteur collaborationniste de Rouen, Louis Alie, les accompagnait : il avait été à l’origine de la chute de plusieurs réseaux de résistance en Normandie.
Henri Delacroix, victime civile de la fusillade, était père d’une des deux familles réfugiées à la ferme. Raymond Basire qui hébergeait le P.C. du BOA à Saint-Paër (commune voisine de Bouville), fut arrêté et mourut en déportation, ainsi que l’agent de réseau Maurice Delabost. Ce dernier avait été arrêté la veille de l’intervention allemande à Bouville sur la dénonciation d’André Fouchard.
Le réseau BOA des zones Pavilly-Barentin-Yvetôt, évacua à temps son P.C. de Saint-Paër vers Touffreville-la-Corbeline et se replia sur d’autres fermes, ce qui permit à nombre de résistants du groupe d’échapper à la répression jusqu’à la libération du département de Seine-Inférieure à la fin août 1944.
Le jugement d’André Fouchard fut prononcé le 10 janvier 1945 : deux ans de prison et dix ans d’indignité nationale. Il bénéficia d’une certaine clémence du tribunal car jeune et en plus il s’était de lui-même présenté à la caserne Richepanse à Rouen en 1945 pour s’engager : il fut reconnu et arrêté.
La ferme Lebaron, située au hameau d’Ybourville, devint un symbole de la Résistance en Pays de Caux, elle prit le nom de Ferme de la Résistance. Une plaque à l’entrée indique La Ferme de la Résistance.
RUEL Emile Abattu par les assiégeants. Police allemande.
CHEVALLIER Bernard Abattu par les assiégeants. Police allemande.
MARTIN André Suicide dans l’action résistante.
MARTIN Raymond Suicide dans l’action résistante.
DELACROIX Henri : Victime civile originaire de Barentin. Tué au cours de l’assaut de la ferme de Bouville.
Sources

SOURCES : Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine-Maritime. 1940-1944. Édité par l’Association Départementale des Familles de Fusillés de la Résistance de Seine-Maritime (1992).– Le Patrimoine des communes de la Seine-Maritime Flohic-Éditions. (Page 1050), Bouville, Canton de Pavilly.– Memorial Genweb. – Le Courrier Cauchois, 20 juillet 1974.– Notes de Michel Baldenweck (mars 2019) après consult. archives de Seine-Maritime 245 w 11 : Jugement Fouchard André.

Jean-Paul Nicolas

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