Né le 5 septembre 1912 à Blennes (Seine-et-Marne), mort en action le 17 juillet 1944 au lieu-dit Boissieux, commune de Châtelus-le-Marcheix (Creuse) ; militaire, sous-officier de l’École de la Garde de Guéret ; résistant FFI-AS.

Né au lieu-dit Le Bouloy, commune de Blennes, il était le fils d’Arsène Champion, cultivateur et de Berthe Bru. Il travailla jusqu’à l’âge de 21 ans sur l’exploitation familiale, avant d’être appelé sous les drapeaux en octobre 1933. Il accomplit son service militaire au 163ème régiment d’artillerie à pied à Metz, devenant en avril 1934 1er canonnier servant avant d’être libéré de ses obligations militaires fin 1934. Il s’engagea alors dans la Garde républicaine mobile en Ile de France, d’abord élève-garde à la 1ère légion de Montrouge puis garde à la 9ème légion de Champigny en avril 1937. Il fut mobilisé en septembre 1939, incorporé comme sergent au 54ème bataillon de mitrailleurs motorisés, mis sur pied à Courbevoie fin août 1939. D’abord affecté à la réserve du Grand Quartier Général, le bataillon fut rattaché le 10 mai 1940 au début de l’offensive allemande, au corps de cavalerie et plus précisément à la 2ème Division légère mécanisée (2ème DLM). Il accompagna le mouvement des forces françaises vers la Belgique (manœuvre Dyle) et prit position dans le secteur de Namur. Le 14 mai les 54ème et 56ème BMM (bataillons de mitrailleurs motorisés) tinrent Huy-sur-Meuse pour couvrir le retrait du corps de cavalerie. Le 16 mai 1940, les restes du 54ème BMM furent incorporés à la 3ème DLM lors des combats sur le canal de Charleroi puis suivirent le repli de cette unité vers la mer, dans le secteur de Dunkerque. Arsène Champion participa à l’ensemble de ces combats et reçut deux citations à l’ordre du bataillon pour son courage. Il a vraisemblablement ensuite suivi le sort de la 3ème DLM, embarquée de la poche de Dunkerque vers l’Angleterre les 30 et 31 mai 1940, ramenée à Brest dès le 3 juin, reconstituée en vallée de Chevreuse, puis engagée dans la retraite vers la Loire puis vers le sud-ouest des restes de l’armée française et livrant jusqu’au 25 juin des combats de retardement. Lors de l’armistice, les restes de la 3ème DLM se trouvaient dans le sud de la Charente et le nord de la Dordogne. Le 54ème BMM fut dissous en Dordogne le 1 août 1940 et ses hommes démobilisés.
Arsène Champion réintégré dans la gendarmerie mobile rejoignit alors la 15ème légion de gendarmerie à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il fut admis en septembre 1940 dans le corps des sous-officiers de carrière. La garde républicaine mobile ayant été dissoute, il fut ensuite muté en mars 1942, au 2ème escadron du 5ème régiment de la Garde à Bellac (Haute-Vienne). Il obtint son brevet de chef de section en décembre 1943 et fut au même moment détaché à l’École de la Garde de Guéret. Celle-ci, seule école militaire subsistant sous autorité française avait ouvert ses portes le 24 novembre 1943, à la caserne des Augustines à Guéret (Creuse), après de longues tractations entre le général directeur de la Garde et les autorités d’occupation. Ayant pour mission la formation d’élèves officiers, d’élèves gradés et de gardes, ses effectifs totaux étaient à la veille du 6 juin 1944, d’environ 500 hommes, ce qui en faisait la seule force militaire d’importance du département de la Creuse. Le 7 juin 1944, Albert Fossey, alias commandant François, chef départemental des FFI de la Creuse, dirigea la première libération de Guéret à la tête des maquis de la Creuse. Il obtint grâce à ses contacts personnels avec le directeur des études, le commandant Corberand, le ralliement à la Résistance de la majorité des effectifs de l’école. Arsène Champion entré dans la Résistance dans la nuit du 6 juin au 7 juin 1944, participa avec les gardes à la libération de Guéret au côté des FFI et aux combats des 7 et 8 juin 1944. Le 9 juin, une opération allemande massive fut organisée pour reprendre la ville, avec l’assaut en provenance de Montluçon de troupes de la Wehrmacht appuyée par l’aviation. Au sud et à l’est des éléments blindés et motorisés de la division Das Reich furent chargées de contrôler les routes et d’empêcher le repli des résistants. Au vu de la disproportion des forces, les chefs de la Résistance ordonnèrent le repli et la dispersion de leurs forces. L’école de la Garde se replia vers Janaillat, 25 km au sud-ouest de Guéret. Malgré les mitraillages de l’aviation allemande et l’arrivée dans l’après-midi des unités de la division Das Reich, l’essentiel des troupes de la Garde avec leur matériel parvinrent à se replier dans le sud de la Creuse où elles constituèrent toute une série de petits maquis et intégrèrent le corps des FFI de la Creuse sous l’autorité de l’AS. Arsène Champion fut promu par le chef d’escadron Corberand maréchal des logis-chef au maquis (grade qui sera homologué en 1950).
A la mi-juillet 1944, des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments disparates de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, entra en Creuse pour organiser la répression contre les forces de la Résistance. L’une des colonnes (colonne rapide du commandant Coqui, régiment de sécurité motorisé n°1000) entra dans le département et se dirigea vers les secteurs de Bourganeuf et d’Aubusson. Le 1er bataillon du régiment 1000 (commandant Vonalt) installa à Bourganeuf (Creuse) son PC opérationnel. A partir du 16 juillet en particulier, le commandement fit rayonner ses compagnies à partir de la ville avec l’objectif d’accrocher les groupes de maquisards présents dans le sud de la Creuse pour les éliminer. L’escadron 2/5 auquel appartenait Arsène Champion était cantonné sur la commune de Châtelus-le-Marcheix, dans les hameaux de Boissieux et de Villemonteix. Il avait vraisemblablement été repéré les jours précédents par des Francs Gardes de la Milice, auxiliaires à cette occasion de l’armée allemande et qui avaient conduit des reconnaissances discrètes dans le secteur sous des motifs d’emprunt. Le 17 juillet 1944, en fin d’après-midi, vers 17 h. un détachement allemand précédé d’une cinquantaine de cyclistes parvint à Boissieux. L’avant-poste de la Garde ouvrit le feu, immédiatement secouru par le peloton de la Garde sous les ordres de René Bongeot qui en l’absence du commandant d’unité en avait pris le commandement. L’arrivée de renforts allemands contraignit l’unité de la garde au repli. Arsène Champion fut tué dans l’engagement. La citation attachée à sa Médaille militaire attribuée après-guerre fournit une indication sur les conditions de son décès : « Sous-officier courageux passé à la Résistance le 6 juin 1944. A fait preuve, au cours des combats de harcèlement contre les troupes allemandes de réelles qualités morales et techniques. A été mortellement blessé le 17 juillet 1944 à Boissieux, alors qu’il avait épuisé ses munitions ». L’historien de la Résistance creusoise Marc Parrotin qui a mené pour la rédaction de son ouvrage « Le temps du maquis » paru en 1984, des enquêtes de terrain auprès des témoins indique (sans préciser ses sources) : « Peu après le combat, un vieux paysan, prenant les Francs Gardes de la Milice pour des Gardes, les invite à secourir les deux blessés dont il indique le refuge dans un fourré. Les miliciens, heureux de l’aubaine, se portent à l’endroit indiqué et y achèvent sauvagement François Sirveaux et Arsène Champion ».
Il fut déclaré Mort pour la France et son nom figure sur le monument aux morts de sa commune natale Blennes (Seine-et—Marne). Il fut homologué à titre posthume au grade de maréchal des logis-chef FFI. Il reçut également à titre posthume la Croix de guerre 1939 – 1945 avec citation « le 17 juillet 1944 près de Bourganeuf s’est porté avec son groupe de combat, au-devant de fortes unités ennemies qui patrouillaient. A été tué à la tête de ses hommes » et la Médaille militaire pour « faits exceptionnels de guerre et de résistance ». Son nom figure sur la stèle des héros de l’ancien escadron de Bellac, sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret et sur deux stèles dressées à Boissieux et au Pont de Murat (Saint-Dizier-Leyrenne). Il figure enfin sur la plaque « in memoriam » de la caserne de gendarmerie de Guéret (aujourd’hui caserne Bongeot). Son nom a été donné en 2001 à la 232ème promotion de l’école des sous-officiers de gendarmerie de Montluçon (Allier).
Sources

SOURCES : Amicale des cadets de la GardeLa Garde en Creuse, été 1944gendarmes résistants en Seine-et-Marne — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — mémorial genweb — Site Mémoire des Hommes.

Michel Thébault

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