Né le 7 novembre 1905 à Vézelay (Yonne), fusillé après condamnation le 21 octobre 1942 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; plombier ; militant communiste d’Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis) ; combattant des Brigades internationales ; résistant FTPF.

Gaston Carré était le fils d’un commerçant retiré des affaires, de « tendance Front populaire ». Sa scolarité de quatre années seulement fut écourtée à cause de la guerre : il quitta l’école à neuf ans et demi. Il fut d’abord apprenti plombier de 1921 à 1923, puis compagnon de 1923 à 1925 dans des entreprises parisiennes. Il effectua son service militaire de 1925 à 1927 comme cavalier de 2e classe dans l’artillerie ; pendant la guerre du Rif, il fut chef de pièce, pointeur et typographe. À son retour, il travailla, de 1927 à 1931, à la Compagnie du gaz de banlieue qu’il quitta « pour éviter une sanction ». Après une année comme agent d’assurances, il fut contremaître de 1932 à 1935 dans une société d’Aubervilliers d’où il fut renvoyé pour propagande communiste. De 1935 à 1936, il travailla comme puisatier foreur avant de partir, le 16 octobre 1936, dans les Brigades internationales en Espagne d’où il revint à la fin de 1938 pour être employé à partir du 26 novembre par la ville d’Épinay-sur-Seine.
Gaston Carré adhéra au Parti communiste à Aubervilliers en 1934 ou 1935. Pendant les grèves de 1936, il était secrétaire de la branche des puisatiers foreurs du syndicat des terrassiers. Dans les Brigades internationales, il fut chef de la section volante de la 11e brigade. Nommé lieutenant d’artillerie, il commanda la batterie franco-belge puis devint capitaine commandant du groupe Anna Pauker (35e Division). Il fut cité à l’ordre de la 11e brigade en février 1937, puis à l’ordre de la 35e Division à la prise de Quito. À son retour, après vingt et un mois de front, il reprit son activité à la cellule 1016 d’Aubervilliers de la région Paris-Nord et fut nommé au comité de section le 4 décembre 1938.
En octobre 1940, Gaston Carré participa à la mise en place de l’Organisation spéciale (OS), puis des formations militaires de Francs-tireurs et partisans (FTP). À ce titre, il supervisa différentes actions de sabotage à partir de juillet 1941 : déraillement de trains de matériel de guerre à Épinay, Gagny, Brétigny ; incendie de stock de caoutchouc à Citroën-Clichy... Ses connaissances militaires acquises pendant la guerre d’Espagne le firent nommer à l’état-major des groupes armés de la région parisienne en septembre 1941. Gaston Carré était alors le compagnon de combat du colonel Fabien, du commandant Raymond Losserand, du colonel Rol-Tanguy et d’Eugène Hénaff. Arrêté le 16 mai 1942 avec de nombreux membres de son détachement, torturé, condamné mort par le tribunal du Gross Paris, il a été fusillé avec Raymond Losserand et ses amis le 21 octobre 1942 au stand d’Issy-les-Moulineaux.
Un décret du 24 juin 1947 lui attribua la Légion d’honneur à titre posthume.
Sa femme Yvonne, née Calmels le 1er avril 1897 à Auxerre (Yonne), était concierge d’un groupe de HLM d’Aubervilliers. Le couple s’installa en 1941 à Saint-Denis. Yvonne Carré fut une première fois arrêtée le 13 juillet 1940 pour distribution de tracts sur la voie publique à Aubervilliers et condamnée par un tribunal militaire allemand à quatre semaines de prison le 17 août 1940. Elle aurait alors été domiciliée 21 rue Lécuyer à Levallois. Arrêtée une nouvelle fois, en même temps que son mari, internée à Romainville, elle fut déportée le 24 janvier 1943 vers Auschwitz où elle mourut en mars 1943. Ils s’étaient mariés à Paris (XXe arr.) le 12 mars 1929.

Brigadistes fusillés pendant l’Occupation
http://chs.huma-num.fr/exhibits/sho...
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, B VIII 3. – RGASPI, Moscou, 545/6 ; 495 270,5830 : autobiographie du 6 décembre 1938 (classée A 1 S). – Arch. PPo. Carton 3, activités communistes. – Arch. AVER. – Arch. André Marty. – Journal officiel, 26 juin 1947 et 26 juillet 1947. – Colonel Rémy, Livre du courage et de la peur, p. 198. – Andreu Castells, Las Brigadas Internacionales de la guerra de Espana, Barcelone, 1974. – Renseignements fournis par Auguste Gillot et par la mairie de Vézelay. – Charlotte Delbo, Le Convoi du 24 janvier, Les Éd. de Minuit, 2002.

Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier

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