CÉZARD Jean

Jean Cézard était le fils de Raymond Cézard. Il demeurait à Paris (XV arr.), 10 rue Castagnary. Il était photographe de presse.
Le 23 novembre 1943, Jean Cézard fut arrêté avec André Jacquesson et Marcel Terrier à Mégevette (Haute-Savoie) par des hommes de la 9e compagnie du régiment SS Polizei Todt à la recherche de maquisards. Tous trois furent conduits à Lyon (Rhône) comme réfractaires et internés à la prison de Montluc. Jean Cézard fut incarcéré dans le « Magasin ».
Le 10 janvier 1944, à 14h15, 4 quai Saint-Clair (quai André Lassagne, Lyon, Ier arr.), à hauteur du tunnel de la Croix-Rousse, sept résistants tirèrent sur trois soldats allemands à bicyclette et prirent la fuite. Deux soldats furent mortellement touchés et le troisième, grièvement blessé, décéda peu après. Des barrages furent aussitôt établis par les Allemands. Des personnes furent arrêtées dans le quartier et conduites à la prison de Montluc.
Vers 19 heures, Jean Cézard et vingt-et-un autres détenus (parmi lesquels des hommes raflés après l’attentat) furent extraits de la prison. Raymond Léculier, autre détenu du « Magasin », fut témoin de son départ : « 10 janvier. — Quatre de nos camarades : Bérard, Bastide, Cézar et Dupont ont été appelés à sept heures du soir. Comme ils demandent pourquoi on vient les chercher, les gardiens expliquent que c’est pour faire une corvée en ville. Ce soir nous ne les avons pas vus revenir parmi nous. » Les vingt-deux prisonniers furent conduits dans les caves de l’École du Service de santé militaire, siège de la Gestapo, avenue Berthelot (Lyon, VIIe arr.), puis ils furent exécutés. Le lendemain vers 6 heures du matin, les inspecteurs du Service de l’identité judiciaire furent chargés de transporter les cadavres à l’Institut médico-légal. Ils découvrirent l’une des victimes assise dans un fauteuil.
Dans une lettre du 22 janvier 1944, le préfet régional Angeli écrivit : « les chefs de la Police allemande […] m’ont fait connaître que les détenus auraient essayé de s’enfuir par une porte laissée ouverte après avoir tenté de désarmer le gardien. Celui-ci aurait appelé au secours. D’autres seraient venus qui auraient fauché les vingt-deux victimes à coup de mitraillettes ». Le préfet ne fut pas dupe. Il ajouta : « L’opinion considère que les autorités d’occupation ont usé en la circonstance de représailles à la suite d’un attentat qui la veille avait coûté la mort dans les rues de Lyon à deux soldats allemands. Quoi qu’il en soit, cette affaire a provoqué une émotion profonde. L’Officier de la police allemande qui m’a reçu ainsi que le Maire de Lyon m’a exprimé ses regrets en disant c’est la guerre ».
Le 3 février 1949, Raymond Cézard, boulanger, demeurant 10 rue Castagnary (Paris), identifia le corps de son fils Jean. Il déclara : « Parmi les deux photographies que vous me présentez, je reconnais mon fils [...] qui porte sur sa poitrine un carton avec numéro 4. Il a été fusillé par les Allemands [...] et le 13 janvier [1944], jour de reconnaissance des corps, je ne suis pas parvenu à le reconnaître. » Le corps de Jean Cézard fut inhumé au cimetière de la Guillotière (Lyon).


Lyon, Avenue Berthelot (10 janvier 1944)