Le 23 juin 1944, suite à un ordre du chef départemental FFI de l’Oise, Étienne Dromas, chef du secteur B1 (environs de Tergnier-Chauny, Aisne), partit avec son agent de liaison, Maurice Moreau. Ils traversèrent la forêt d’Ugny-le-Gay à Noyon, et arrivèrent au maquis vers 16 heures. É. Dromas indique, dans son ordre du jour adressé à Londres, qu’il s’agit d’une « maison au milieu de grands arbres, presque cachée, perchée sur une butte. Une table est dehors. Huit hommes sont assis autour de cette table, huit autres sont dans la maison. […] Il est cinq heures […] ; « Jules » et le garde Dewulder (Gaston Devulder) sont assis à côté de moi. Tout à coup, un civil armé d’une mitraillette surgit sur la plateforme par le côté le plus inaccessible, et hurle en allemand des mots que nous ne comprenons pas. En même temps, il tire et fauche « Jules » et le garde, qui tombent. Les autres se jettent immédiatement à terre. Cependant quatre d’entre eux sont blessés. Le premier moment de surprise passé, les hommes se ressaisissent. Les uns rentrent dans le pavillon, les autres sont obligés de se sauver dans les bois.
Maintenant, les boches qui suivaient le civil (au nombre de 25) tirent de tous les côtés. À l’intérieur du pavillon, 13 hommes et 2 blessés se défendent. Dix Allemands sont mis hors de combat tués ou blessés. Une grenade allemande tombe dans la maison, c’est fini…
Soudain, les jeunes gens aperçoivent au milieu des boches, un de leurs camarades, arrêté le matin. Il court vers eux, les mains enchaînées. Ils déclenchent un feu nourri sur les boches pour le protéger.
Bientôt, il est sauvé. Il explique : « j’ai été arrêté ce matin, battu à coups de matraque, et brûlé aux reins avec un tisonnier. J’ai parlé. Je vous demande pardon… ». […]
Après vingt minutes de combat où les F.M., mitraillettes, fusils et grenades entrent en jeu, le chef donne ordre de repli.
Tout au début, « Jules » est tué de trois balles dans la poitrine. Le garde blessé dit à son fils âgé de 19 ans (Marcel) : « Je vais mourir ».
Celui-ci prend le commandement. Le père regardera le fils combattre jusqu’à sa mort.
Ce fils commande à tous ces jeunes gens qui ne sont pas habitués au combat, de se défendre :« comme des lions ».
Un monument commémoratif a été érigé aux Usages, à Crisolles, et une plaque commémorative apposée sur le mur de la maison du garde-forestier, Gaston Devulder.
Les noms de 4 victimes sont gravés sur le monument :
DEVULDER Gaston, né le 23 juillet 1892 à Calais (Pas-de-Calais), sergent FFI
DEVULDER Marcel Gaston Constant, né le 11 mars 1925 à Ménétréol-sur-Sauldre (Cher) mort en 1945 à Saint-Nazaire. FFI. (GR16P 183059)
MOREAU Maurice
MOREIRA Roger, Jean, né le 7 janvier 1924 à Fargniers (Aisne), mort le 2 septembre 1944 à Guivry (Aisne). FFI.
Les rafles se poursuivirent dans le Noyonnais, dans les communes de Salency et de Caisnes, les Allemands étant aidé par un ex-résistant devenu collaborateur. Nombreuses victimes furent déportées par le dernier train partit de Compiègne pour Buchenwald dont le maire de Crisolles, le résistant Marcel Poulin arrêté le 1er juillet et mort le 3 décembre 1944 à Neu-Stassfurt (Saxe-Anhalt) ; le kommando ouvert du 13 septembre 1944 au 11 avril 1945, y était chargé de creuser, dans d’anciennes mines de sel, des galeries destinées à recevoir des ateliers de fabrication d’armes.
Sources

SOURCES : Musée de la Résistance et de la Déportation de Tergnier. — Jean-Pierre Besse, Jean-Yves Bonnard, Rafles et massacres de l’été 44 dans l’Oise, CRDP Académie d’Amiens, CDDP Oise, 2012.

Frédéric Stévenot, complétée par Annie Pennetier

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