Née le 17 avril 1909 à Argancy (Moselle annexée), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; victime civile.

Georgette Maillard épouse Godfrin
Georgette Maillard épouse Godfrin
Crédit photo : René Godfrin.
plaque famille Godfrin, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque famille Godfrin, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Georgette Maillard était la fille de François (né le 18 novembre 1879, à Buy-Antilly, Moselle), et de son épouse Eugénie née Bourg (née le 11 août 1883, à Argancy, Moselle). Ses parents s’étaient mariés le 19 janvier 1904 à Argancy (Moselle).
Le 7 avril 1931 à Argancy (Moselle), elle épousa Arthur Godfrin* (né le 20 janvier 1907, à Charly, Moselle). De cette union naquirent cinq enfants Marie-Jeanne* (née le 20 novembre 1931, à Charly), Pierrette* (née le 18 mai 1933, à Charly), Roger (né le 4 août 1936, à Metz), Claude* (né le 14 février 1940, à Metz), Josette* (née le 18 mai 1941, à Saint-Junien).
La famille Arthur Godfrin* habitait Charly (Moselle annexée). Expulsé le 15 novembre 1940 avec d’autres habitants de Charly par les Allemands dans le cadre de l’opération Aktion D visant à épurer la Moselle de ses éléments francophones. Soixante-quatre habitants de Charly et quinze de Montoy-Flanville trouvèrent refuge à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) le 17 novembre 1940.
Le grand-père François, pensionné, fut placé alors en maison de retraite à Vigeois (Corrèze) en 1943.
Seul son fils Roger échappa au massacre, s’est enfuit de l’école à l’arrivé des Allemands.
« (…) Dans une maison mitoyenne à celles des Hébras, s’installèrent les Godfrin, originaire de Charly. Le chef de famille, Arthur*, s’employait comme aide boulanger, et sa femme Georgette* s’occupait de son ménage et des enfants, Roger, Marie-Jeanne*, Pierrette*, Claude*, dont les âges s’étalaient de un à neuf ans lors de leur arrivée en Haute-Vienne. A peine avaient-ils posé leurs bagages que naquit à Saint-Junien, le 18 mai 1941, leur petite Josette*. Traumatisés par leur expulsion, les Godfrin avaient envisagé la venue possible des Allemands à Oradour... »
« Nous avons été expulsés de Moselle par l’armée allemande le 18 novembre 1940 (…) Nous partons de ’’Charly’’ pour une ’’destination inconnue’’ avec 35 kilos de bagages. Mon père, ma mère, deux sœurs (à cet instant-là), mon petit frère et moi, nous arrivons ainsi à Limoges. Nous serons accueillis par la population d’Oradour-sur-Glane vers le 20 ou 21 novembre 1940. Nous vivons à Oradour ; je vais à l’école dès l’âge de 5/6 ans. Nous ne voyons jamais d’Allemands. Mon père travaille tout d’abord comme bûcheron ; puis il est embauché comme aide-boulanger à la boulangerie Thomas.
Le samedi 10 juin 1944, vers 14 heures. Nous entendons des bruits qui se rapprochent de plus en plus ; des bruits de mitrailleuses, de mitraillettes. Notre instituteurs, monsieur Gougeon*, nous fait mettre à plat ventre. Puis nous descendons à l’école enfantine qui se trouve à environ 250 mètres de l’église. Là, nous attendons durant une dizaine de minutes ; jusqu’au moment où une sentinelle – un soldat allemand – arrive. Il parle avec monsieur Gougeon*, puis nous fait mettre en rangs pour que nous rejoignions le rassemblement sur le Champ de Foire.
Au cours de la même semaine, mes parents nous avaient précisé, à nous, leurs enfants : ’’si un jour, vous voyez les Allemands, allez vous cacher dans le bois qui se trouve derrière le cimetière !’’ Là, maintenant, cette recommandation me revient à l’esprit. Je dis alors à mes deux sœurs (Marie-Jeanne et Pierrette) de partir vers ce bois, et qu’on s’y retrouverait tous. Je prends la direction du cimetière. Deux sentinelles me refoulent. (…) Je fais demi-tour. Je me cache. J’aperçois monsieur Thomas* le patron de mon père ; lui aussi, il essaie d’échapper à la tuerie. Il m’amène à sa maison (en construction) sur la route des Bordes. Nous empruntons un petit chemin. Nous entendons des voix qui s’expriment en allemand. Nous nous couchons derrière une grille, à l’abri de laquelle se trouvent déjà allongés madame Dalstein*, sa nièce*. (…) Je traverse la route des Bordes avec mon petit chien Boby en direction de la Glane. On me tire dessus ; sans résultat : ma petite taille me sauve la vie. J’arrive au bord de la Glane ; je saute dans l’eau ; je gagne l’autre rive, monte sur les berges et parviens à me coucher derrière un gros chêne. J’entends une dernière rafale. (...) J’ai le courage de me relever. Sur l’autre rive, il y a mon petit Boby. La dernière rafale que je viens d’entendre, c’est lui qui l’a prise. Épouvanté à outrance, épuisé, ému, je m’écroule... Gabriel, un cantonnier qui habite au hameau de Laplaud me découvre là. Il me transporte au hameau de Laplaud, chez la vicomtesse de Saint-Venon. Et la famille Pincemaille, de Rupigny (près de Charly) réfugiée ici, comme nous, me récupère alors. (…) »

Elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec ses enfants et l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane. Son époux fut mitraillé puis brûlé dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés.
Georgette Maillard obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane. Et sur l’une des douze stèles (une pour chaque famille mosellane) installées depuis 1949 dans le village devenu Charly-Oradour en 1950.
Roger Godfrin, l’unique survivant de sa famille et des écoliers, sera tout d’abord recueillit par la famille Pincemaille, puis par un cousin germain de sa mère. A la fin de la guerre, le frère de sa mère, Émile Maillard [il fut libéré après vingt-neuf mois de camp de concentration en Haute-Silésie] appris à son retour en 1945 ce qui était arrivé à sa famille, et l’adopta en 1950. Roger Godfrin fut rapatrié le 17 août 1945. Il sera témoin au procès de Bordeaux en 1953. Il épousera le 29 décembre 1956, Marie Agnès Laurent (née le 21 mars 1938, à Basse-Ham). Il décède le 10 février 2001 à Basse-Ham (Moselle).
Son père décède le 13 mars 1960 et sa mère le 12 août 1952 à Argancy (Moselle).
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Moselle, actes de naissances, mariages, décès. — Philippe Wilmouth, Des Mosellans dans l’enfer d’Oradour/Glane, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Sutton, 2010. — Témoignage oral René Godfrin, Corny 2009. — Louys Riclafe et Henri Demay, Paroles de miraculés, témoignage de Maurice Beaubreuil, éditions L’Harmattan (p94-98). — Marielle Larriaga, Oradour-sur-Glane,10 juin 1944, éditions des traboules (p42).

Philippe Wilmouth, Isabel Val Viga

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