Né le 11 mai 1911 à Metz (Moselle annexée), massacré le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; instituteur ; victime civile.

Fernand, Charles Gougeon
Fernand, Charles Gougeon
crédit : MémorialGenWeb
Ecole Enfantine et des Lorrains, Oradour-sur-Glane
Ecole Enfantine et des Lorrains, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole Enfantine et des Lorrains, Oradour-sur-Glane
Ecole Enfantine et des Lorrains, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole Enfantine et des Lorrains, Oradour-sur-Glane
Ecole Enfantine et des Lorrains, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole Enfantine et des Lorrains, Oradour-sur-Glane
Ecole Enfantine et des Lorrains, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Fernand Gougeon était le fils d’Émile Jean (né le 24 février 1884, à Saint-Junien-lès-Metz, Moselle), agriculteur, et de son épouse Maria Marguerite née Beaudouin (née le 1er novembre 1887, à Charly). Ses parents s’étaient mariés le 10 mai 1910 à Charly (Moselle). Il avait une sœur cadette Marguerite Marie (née le 1er septembre 1912, à Metz) épouse de René Arthur Dalstein.
Il effectua sa scolarité à l’École Normale de Montigny-les-Metz. Il obtint son brevet élémentaire en 1928, son brevet supérieur et son certificat d’aptitude pédagogique en 1931. Il enseigne à Argancy (Moselle).
Le 15 septembre 1935 à Charly, il épousa Marie Célestine Lorrain (née le 16 septembre 1913, à Charly) fille d’Émile Barthélémy et de son épouse Maria André, sœur de Paulette Marie Georgette. De cette union naquirent deux garçons, Gérard Paul René (né le 26 septembre 1937), et Claude Jean Marie (né le 9 novembre 1938), nés à Metz.
Le 1er septembre 1939, Fernand Gougeon fut mobilisé, et n’en revint que le 15 juillet 1940, lorsque la Moselle fut annexée et rattachée au Gau de Sarre Palatinat. Les communes et les rues furent rebaptisées, l’usage du Français interdit. Cette germanisation passa également par l’expulsion de tous les ’’indésirables’’ et de tous ceux jugés ’’non germanisables’’ : Juifs, Nord-Africains, naturalisés Français puis, plus largement francophiles et francophones.
Il fut révoqué par les Allemands pour la rentrée d’octobre 1940 pour avoir refusé son allégeance au nouveau régime. Il perdit son logement de fonction et sa belle-famille accueillit les quatre membres de la famille à Charly (Moselle annexée). La famille Gougeon, qui résidait à Charly fut expulsée définitivement de Moselle, comme 35 autres habitants du village de Charly. Ils n’eurent droit qu’à 50kg de bagages et 2000 francs par famille. Enregistrés en gare de Lyon Brotteaux le 16 novembre 1940, Fernand Gougeon et sa famille furent dirigés vers la Haute-Vienne. Leur train roula toute la nuit et dans la soirée du 17 novembre, les habitants de Charly, dont la famille Gougeon, arrivèrent à Oradour par le tramway, où ils furent accueillis par le maire Joseph Beau. La famille de Fernand Gougeon, composée de sa femme, ses enfants, ses beaux-parents et de sa belle-sœur, s’installa dans le bourg.
Dès le 20 novembre 1940, Fernand Gougeon demanda que soit créée une ’’école lorraine aux environs de Limoges, si possible à Oradour-sur-Glane. Toutefois la municipalité, au début très réticente, finit par accepter d’allouer un bâtiment construit en matériaux légers pour une école lorraine près de l’école enfantine. Fernand Gougeon y enseigna et en 1943 on y dénombrait 13 élèves.
« Dès l’été 1940, l’afflux des réfugiés mosellans à Oradour avait conduit à concevoir des infrastructures destinées à la scolarisation de l’enfance réfugiée. Un bâtiment annexe avait été construit au bas du village. Cette école, dite ’’lorraine’’, fut confié à l’instituteur Fernand Gougeon (…) La tache de monsieur Gougeon, était peut-être plus ardues que celle de ses collègues limousins. Il s’agissait d’initier ces enfants, venus des provinces de l’est, et dont l’horizon premier avait été l’Alsace et de la Lorraine et leurs montagnes vosgiennes, à la connaissance de la région dans laquelle ils avaient été transplantés. L’instituteur décrivait à ses élèves la ’’montagne’’, ces plateaux granitiques du centre du Massif central, où la vie est si rude et qui contrastent avec les plateaux boccagés entaillés par les profondes vallées de la Creuse, de la Vézère et de la Corrèze. La nostalgie de sa Lorraine natale ne l’empêchait pas de s’exalter à la description de son pays d’accueil ... »
Le 10 juin 1944, bien qu’étant un samedi, les enfants étaient présents à l’école en raison d’une visite médicale.
« A l’école Lorraine, les élèves ont été alertés par les tirs des armes automatiques. Fernand Gougeon, l’instituteur, leur intime l’ordre de s’allonger à plat ventre sous les pupitres. Arrive un soldat qui ordonne de mettre les enfants en rangs et de les conduire au Champ de Foire. Alors que les élèves d l’école Lorraine, regroupés autour de leur instituteur, sont sommés de se rendre, encadrés par des soldats, au rassemblement du Champ de Foire, Roger Godfrin, le jeune Lorrain, se remémore la directive donnée par ses parents : il faut se sauver, se cacher si des Allemands viennent au village. (…) s’éclipse adroitement dans l’escalier, s’échappe par le jardin et s’éloigne vers le cimetière... »
Fernand Gougeon fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich, mitraillé puis brûlé avec son beau-père dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés. Son épouse, ses fils, sa belle-mère, sa belle-sœur furent brûlés dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane.
Il obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane. Et sur l’une des douze stèles (une pour chaque famille mosellane) installées depuis 1949 dans le village devenu Charly-Oradour en 1950 et sur le monument aux morts d’Argancy, et également inscrit avec celui de ses six collègues d’Oradour victimes du nazisme sur la plaque commémorative apposée dans la cour de l’ancienne école normale de Limoges (aujourd’hui centre de formation des maîtres).
Son père décéda en 1964 à Charly et sa mère en 1974 à Bouzonville (Moselle).
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Moselle, actes de naissances, mariages, décès, registre de matricule militaire . — Philippe Wilmouth, Des Mosellans dans l’enfer d’Oradour/Glane, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Sutton, 2010. — Marielle Larriaga, Oradour-sur-Glane,10 juin 1944, éditions des traboules (p47 et p81). — Série Destin Fernand Gougeon, Centre de Mémoire Oradour-sur-Glane. — Geneanet-Oradour-sur-Glane.

Philippe Wilmouth, Isabel Val Viga

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