Né le 4 décembre 1905 à Concorès (Lot), fusillé après condamnation à mort le 21 août 1944 à Heilbronn (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; gardien de la paix ; résistant du réseau SR Alliance.

Clichés fournis par sa petite-nièce, Laurence Chassaing
Lucien Siegrist était le fils de Joseph, employé à la préfecture de la Seine et de Marie Esther Deviers. Il se maria le 11 décembre 1928 à Libreville (Gabon) avec Joséphine Georgette Odette Pichon dont il eut une fille, Colette.
Après sa scolarité à Paris, il apprit le métier de droguiste. Il effectua son service militaire de 1925 à 1927 dans un régiment d’artillerie lourde à Belfort et quitta l’armée avec le grade de sous-officier. Il fut employé de commerce en Afrique occidentale française et à Paris de 1927 à 1937 puis devint gardien de la Paix dans la police municipale de Paris, affecté à la circulation. Alors qu’il tentait de gagner l’Espagne par Marseille en novembre 1941, il rencontra un agent du commandant Léon Faye au réseau de renseignements militaires Alliance, qui le convainquit d’intégrer l’antenne de Marseille, ce qu’il fit en janvier 1942 en recevant le pseudonyme "Éléphant". Il devint transmetteur de courrier entre Marseille et Grenoble, Lyon, Vichy puis participa à la récupération de matériel parachuté dans les régions de Lyon et Ussel (Corrèze) avec l’équipe Avia et à la redistribution d’argent pour l’organisation ainsi que d’émetteurs radio, produits alimentaires, vêtements et courrier. Il devint ensuite secrétaire personnel du commandant Faye.
Il échappa à la vague d’arrestations de novembre 1942 liées à l’évasion du général Giraud et participa à la reconstruction du réseau. Une nouvelle vague d’arrestations ayant eu lieu en mars 1943, Lucien Siegrist fut chargé par le commandant Faye de créer une section sous le nom de "Défense passive", servant de couverture pour la fabrication de faux papiers donnant aux agents de nouvelles identités afin de les protéger. Il mit au point des règles très strictes rendant les falsifications pratiquement impossibles à détecter. Le service "Défense passive" fut transféré à Lyon où Lucien Siegrist dut s’installer.
Alors qu’il s’apprêtait à emménager le 11 juin 1943 au domicile laissé par Jean Sneyers, il fut arrêté par la Gestapo en compagnie de Louis Payen, interné à la prison de Montluc où il fut torturé puis transféré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Le 16 décembre 1943 il fut déporté au départ de Compiègne à destination de l’Allemagne et interné à la prison de Kehl-am-Rhein puis à celle de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg). Le 19 mars 1944, la Gestapo de Strasbourg transmit le dossier d’accusation d’espionnage concernant également Jean Bouyat, Suzanne Chireix, Raymond Descat, Henry Marano, Jean Mathé, Louis Payen, André Sondaz, au Tribunal de guerre du Reich, qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Le dossier ayant été dissocié, Lucien Siegrist fut jugé seul le 3 juin 1944 par le 3e Sénat (Chambre) du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser et condamné à mort pour espionnage au profit d’une puissance ennemie. Il fut transféré le 15 juin à la prison de Schwäbisch-Hall (Bade-Wurtemberg), où il fut mis comme tous les autres détenus, dans une cellule individuelle. Le 16 juin 1944, le jugement fut confirmé à Torgau par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal de guerre et la grâce demandée fut refusée par le Führer Adolf Hitler le 17 juillet.
Lucien Siegrist et 23 autres codétenus furent conduits le 21 août à l’aube à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés par groupes de huit au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant "Vive la France". Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar et le dernier vœu des 24 condamnés étant « °d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau "Alliance" qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg. Il fut inhumé à la nécropole nationale de Strasbourg-Cronenbourg (Bas-Rhin).
Il fut homologué comme agent P2 des FFC (Forces françaises combattantes) et chargé de mission de 1ère classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec le grade de capitaine le 10 octobre 1947.
Il obtint la mention "Mort pour la France" le 12 avril 1946 et "Mort en déportation" par arrêté du 18 septembre 2002.
Son nom figure sur la plaque commémorative dans la cour de la préfecture de police, à Paris (IVe arr.) et sur le monument aux morts de Villetaneuse (Seine-Saint-Denis).
Sources

SOURCES : Dossier DAVCC Caen.— Auguste Gerhards "Tribunal de guerre du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. du Cherche-Midi, Paris 2014.— "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 1.— Mémorial de l’Alliance, 1948.— Mémorial Genweb.— État civil.

Jean-Louis Ponnavoy

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