Née le 31 mai 1921 à Saint-Sulpice-Laurière (Haute-Vienne), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; institutrice remplaçante ; victime civile.

Odette Couty
Odette Couty
Crédit : MémorialGenWeb.
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
Ecole des filles, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
plaque famille Couty - Germain, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque famille Couty - Germain, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Odette Couty était la fille de Gaston, Léonard Couty (né le 24 septembre 1896, à Saint-Sulpice-Laurière), mécanicien à la compagnie des chemins de fer d’Orléans, et de Marie-Louise Germain (née le 18 octobre 1895, à La Jonchère-Saint-Maurice).
Son père fut mobilisé en avril 1915 dans un régiment d’infanterie, promu caporal en juin 1917 puis sergent en juin 1918. Cité à l’ordre du régiment en mai 1917, il fut décoré de la Croix de guerre. Détaché en gare de Périgueux en février 1919, il fut employé à la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans à partir de juin 1919. Ses parents se marièrent le 11 septembre 1920 à La Jonchère-Saint-Maurice et son père fut d’abord nommé à la gare de Saint-Sulpice-Laurière, avant d’être muté en août 1927 au dépôt de Limoges, où il était au début de la seconde guerre mondiale mécanicien de locomotive.
« C’est donc près d’une gare, dans ce milieu cheminot, qu’Odette était née et , plus tard, lorsque Gaston Couty fut muté au dépôt des machines de Limoges, c’est aussi dans ce quartier cheminot de Limoges que Marie-Louise et lui même firent bâtir une coquette maison au numéro 46 de la rue du Grand Treuil. »
« Odette a grandi, aussi, dans cette atmosphère, fréquentant avec ses cousins et cousines, l’école primaire du quartier, puis l’École Primaire Supérieure, comme la plupart des futurs instituteurs publics de la troisième république. » (Jacques Villegier op. cit.). Elle étudia ensuite à l’École normale de filles de Limoges.
Au début des années 40, jeune institutrice, célibataire, effectuant des remplacements, elle était domiciliée chez ses parents, 46 rue du Grand Treuil à Limoges (Haute-Vienne). Son père s’engagea au début 1943 dans la Résistance dans le réseau Résistance Fer fournissant des renseignements sur les transports ennemis, participant à des sabotages.
Odette Couty fit un remplacement en 1943, au château du Couret près de La Jonchère (Haute-Vienne), une maison de l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) qui regroupait, en juin 1942, environ 83 pensionnaires filles, juives, âgées de 8 à 16 ans dont une majorité suivait l’école primaire à Traspont ou enseignait un couple d’instituteurs M. et Mme.Villégier qui tentèrent d’assurer à ces enfants une scolarité normale avec l’aide à la rentrée 1942 d’une institutrice nommée tout spécialement par l’Inspection académique de Limoges, et qui enseignait dans une classe spécifique ouverte au sein même du château du Couret. Ce poste étant devenu vacant à l’été 43, Odette Couty fut volontaire pour venir travailler à la maison de l’OSE alors que des menaces de plus en plus fortes pesaient sur ces institutions. Elle fut témoin du départ de nombreuses jeunes filles cachées progressivement en Limousin sous des noms d’emprunt ou conduites clandestinement en Suisse par le réseau Garel (à l’initiative en particulier de Renée Gaudefroy dite Pauline, la responsable de ce réseau en Limousin). A Pâques 1944 la classe du château du Couret fut supprimée, la plupart des enfants ayant été dispersés ou ayant rejoint la Suisse. Odette Couty se trouvant sans poste, l’Inspection académique lui proposa, pour terminer l’année scolaire, le remplacement d’un congé maternité à Oradour-sur-Glane, celui de la directrice de l’école de filles, Mme. Binet.
« L’école des filles était située au centre du Bourg. On y accédait en franchissant un grand portail aux tiges de fer épointées comme des lames, qui s’ouvrait sur une aire ombragée de deux arbres. (…) (Jacques Villegier op. cit.)
Le remplacement dont elle était chargée devait se terminer le vendredi 9 juin 1944, mais l’inspecteur d’académie, lui demanda de rester une partie de la journée suivante du 10 juin car une visite médicale était prévue.
Ce samedi 10 juin 1944, elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane.
« Tous les enfants des écoles, durent sous la contrainte en compagnie de leurs institutrices et instituteurs se rassembler sur la place du village. Les deux hommes furent séparés du reste du groupe qui fut conduit toujours en compagnie des institutrices dans l’église du village où ils furent enfermés vers 15h, avec toutes les femmes et les enfants du village. Seul un jeune élève de la classe lorraine Roger Godfrin, réussit à s’enfuir. » (Jacques Villegier op. cit.).
Odette Couty obtint la mention « Morte pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945. Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane. Il est également inscrit avec celui de ses six collègues victimes du nazisme sur la plaque commémorative apposée dans la cour de l’ancienne école normale de Limoges (aujourd’hui centre de formation des maîtres ESPE). L’école du Treuil à Limoges, devint à partir de 2015 l’école Odette Couty.
Son père Gaston Couty, membre de Résistance-Fer depuis janvier 1943, fut arrêté par la SIPO-SD, le lendemain même du massacre d’Oradour, le 11 juin 1944 à son domicile. Il fut déporté le 28 juillet 1944 par un convoi partant de Compiègne vers Neuengamme, puis transféré vers le camp de prisonniers de Sandbostel (Stalag XB), où il mourut le 15 avril 1945. Sa mère décèda le 28 mai 1981 à Limoges.
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Vienne (état civil, registre matricule). — Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — Liste établie en 1945 par le Syndicat national des instituteurs « Hommage à ceux qui sont tombés », disponible sur le site de l’ANPNOGD, association nationale des pupilles de la nation, orphelins de guerre et du devoir. — Pascal Plas. Destins brisés (Oradour 1944). Sens, Amitié Judéo-Chrétienne de France, 2013, Courage et liberté, Assemblée générale de Limoges, pp.29-38. ffhalshs-02463676 — Bernard Pommaret, Mémorial des déportés de Haute-Vienne 2016. — Jacques Villegier, De l’honneur et des larmes, éditions de Beauvoir, 2003 (p 56-57, p 59). — Mémorial Genweb.

Dominique Tantin, Michel Thébault, Isabel Val Viga

Version imprimable