Massacré au lieu-dit La Couture, commune d’Ahun (Creuse) le 21 juillet 1944 ; travailleur immigré italien ; victime civile.

Il a immigré en France à une date qui reste inconnue. Il était établi vraisemblablement seul dans le sud-ouest de la France, peut-être dans le Lot-et-Garonne.
En novembre 1943, il fut vraisemblablement arrêté avec trois camarades à Casseneuil (Lot-et-Garonne), réquisitionnés sous la contrainte pour le travail forcé (STO). Le récit familial fourni par la famille Cappelletto, précise que le maire de l’époque de Casseneuil aurait directement désigné (« dénoncé ») les jeunes italiens immigrés pour protéger les jeunes français autochtones. L’étude de la situation historique de l’Italie à l’automne 1943 (Marie-Claude Blanc-Chaléard, op. cit.), complète ce récit : après le 8 septembre 1943, le changement de camp de l’Italie entraîna un changement de considération en France quant aux immigrés italiens. Ils constituèrent alors un réservoir de travailleurs à exploiter. Sur ordre du gouvernement allemand, le régime de Vichy promulgua le 16 octobre 1943 une ordonnance destinée à faire un recensement de tous les Italiens hommes, de 16 à 50 ans, aptes à être incorporés au STO. Sans préjuger de l’attitude du maire de Casseneuil, également plausible, cette politique nouvelle explique pour une bonne part l’arrestation des jeunes italiens de Casseneuil. Arrêté, Collegaro fut conduit avec ses camarades sur des chantiers dans la région de Calais (vraisemblablement l’organisation Todt).
Fin juillet 1944, il tenta avec trois camarades, Antonio Cappelletto, Charles Devecchi et Pierre Rinaldi, également immigrés italiens, de regagner le sud-ouest, s’étant probablement enfuis de leur lieu de travail, du fait de l’aggravation de la situation et des troubles de l’été 44. Leur trajet les amena à traverser le département de la Creuse au moment où une unité allemande, la brigade Jesser, y menait une violente campagne de répression de la Résistance. En effet entre le 10 et le 14 juillet 1944 la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, pénétra en Creuse, chargée de la répression contre les forces de la Résistance. Installée dans le sud de la Creuse, à Bourganeuf et Aubusson, mais aussi à Ahun, elle se livra pendant près de quinze jours à de multiples opérations de ratissage à la recherche des maquis dans tout le sud du département, exécutant le plus souvent de manière sommaire de nombreux suspects. Le 21 juillet 1944, les quatre travailleurs italiens seraient entrés dans Ahun pour se ravitailler (acheter du pain et de la viande, suivant les témoignages recueillis par la famille Cappelletto après-guerre), et furent arrêtés par les troupes allemandes qui occupaient la commune. Considérés comme suspects, ils furent conduits près du château de La Chezotte, contraints de creuser une fosse et exécutés sommairement. Non identifiés pour trois d’entre eux et en particulier pour Collegaro, les actes de décès furent enregistrés le 22 juillet à la mairie d’Ahun et les corps inhumés au cimetière municipal.
Le 14 mars 1945 le maire de Casseneuil (Lot-et-Garonne) Étienne Restat vint à Ahun accompagné des familles Cappelletto, Devecchi et Rinaldi dans le but de reconnaître les corps. Ceux-ci furent exhumés, identifiés, et transférés au cimetière de Casseneuil. L’absence de la famille Collegaro fit que le corps resta inhumé à Ahun.
Son nom figure sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret. Une stèle a été édifiée sur la commune d’Ahun, à La Chezotte, pour rappeler la mémoire des quatre travailleurs italiens exécutés.
Sources

SOURCES : État civil — Archives communales mairie d’Ahun — Renseignements Mme. Christine Cappelletto (nièce d’Antonio Cappelletto) — Renseignements Antonio Bechelloni —Marc Parrotin Le temps du maquis Ed. Verso 1981 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Marie-Claude Blanc-Chaléard, Les Italiens dans l’Est parisien. Une histoire d’intégration (1880-1960), École Française de Rome, 2000 — Mémorial genweb.

Michel Thébault

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