Né le 19 octobre 1902 à Anvers (Belgique), de nationalité belge, exécuté en représailles le 10 janvier 1944 à l’École du Service de santé militaire à Lyon (Rhône) ; diamantaire ; résistant

Raphaël Eibenschutz était juif belge. Il était marié, demeurait à Anvers (Belgique), 10 avenue Isabelle, et exerçait la profession de diamantaire.
Pendant la guerre, Raphaël Eibenschutz se réfugia en France. Il fut résistant. A une date inconnue, il fut arrêté et incarcéré à la prison de Montluc (Lyon, Rhône).
Le 10 janvier 1944, à 14h15, 4 quai Saint-Clair (quai André Lassagne, Lyon, Ier arr.), à hauteur du tunnel de la Croix-Rousse, sept résistants tirèrent sur trois soldats allemands à bicyclette et prirent la fuite. Deux soldats furent mortellement touchés et le troisième, grièvement blessé, décéda peu après. Des barrages furent aussitôt établis par les Allemands. Des personnes furent arrêtées dans le quartier et conduites à la prison de Montluc. Raphaël Eibenschutz pourrait avoir été l’un de ces hommes raflés.
Vers 19 heures, Raphaël Eibenschutz et vingt-et-un autres détenus furent extraits de la prison. Ils furent conduits dans les caves de l’École du Service de santé militaire, siège de la Gestapo, avenue Berthelot (Lyon, VIIe arr.), puis ils furent exécutés. Le lendemain vers 6 heures du matin, les inspecteurs du Service de l’identité judiciaire furent chargés de transporter les cadavres à l’Institut médico-légal. Ils découvrirent l’une des victimes assise dans un fauteuil.
Dans une lettre du 22 janvier 1944, le préfet régional Angeli écrivit : « les chefs de la Police allemande […] m’ont fait connaître que les détenus auraient essayé de s’enfuir par une porte laissée ouverte après avoir tenté de désarmer le gardien. Celui-ci aurait appelé au secours. D’autres seraient venus qui auraient fauché les vingt-deux victimes à coup de mitraillettes ». Le préfet ne fut pas dupe. Il ajouta : « L’opinion considère que les autorités d’occupation ont usé en la circonstance de représailles à la suite d’un attentat qui la veille avait coûté la mort dans les rues de Lyon à deux soldats allemands. Quoi qu’il en soit, cette affaire a provoqué une émotion profonde. L’Officier de la police allemande qui m’a reçu ainsi que le Maire de Lyon m’a exprimé ses regrets en disant c’est la guerre ».
Le 4 octobre 1944, le corps de Raphaël Eibenschutz fut reconnu par son frère, Edgard Eibenschutz, demeurant à Saint-Étienne (Loire). Il fut inhumé à la nécropole nationale de la Doua (Villeurbanne, Rhône), carré D, rang 15, sépulture 39.
Son nom est inscrit sur une plaque commémorative située dans la synagogue de Saint-Étienne.


Lyon, Avenue Berthelot (10 janvier 1944)
Sources

SOURCES : AD Rhône, 3335W22, 3335W6, 182W269, 31J157, 3460W4. — Bruno Permezel, Victimes de l’Occupation à Lyon et alentour, 81 monuments 11 parcours, 2001. — Onac du Rhône, Les Fusillés de l’avenue Berthelot, 24 novembre 1943, 2008. — Paul Garcin, Interdit par la censure : 1942-1944, 1944.— Raymond Léculier, Alice Joly, A Montluc, prisonnier de la Gestapo, souvenirs de Raymond Léculier, 25 novembre 1943 – 25 août 1944, 2006.— Notes de Jacques Chauvet. — Mémorial Genweb. — Mémoire des Hommes.

Jean-Sébastien Chorin

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