En juin 1943, Henri Camp, un ébéniste de Semur-en-Auxois cristallisa autour de lui les groupes de Résistance du nord de la Côte-d’Or et du sud de l’Yonne pour créer le maquis Henri-Bourgogne, fusion de son prénom et de son pseudonyme, Son maquis était affilié au réseau Jean-Marie Buckmaster. Un groupe de 18 hommes s’installa dans le village d‘Allerey, au nord d’Arnay-le-Duc (Côte-d’Or).

Le 20 septembre, les 15 hommes présents ce jour là furent attaqués par un détachement de 1000 soldats allemands auxquels ils résistèrent tuant un soldat ennemi mais perdant un maquisard tué par sa propre grenade. Le groupe réussit à se replier mais le village fut perquisitionné et le maire d’Allerey ainsi que sept autres personnes furent déportés. Henri Camp décida alors de déplacer son maquis vers une zone plus sauvage. Le 21 septembre ce dernier s’installa au Mont Drejet, en face de la ville de Semur-en-Auxois (Côte-d’Or) et le 30 octobre 1943, il dut combattre aux Laumes puis le lendemain dans les environs de Semur ce qui l’obligea à quitter son campement et émigrer à Beauregard-Thostes puis à la ferme de Censey, près de Courcelles-lès-Semur et enfin le 3 novembre à Villaines-lès-Prévôtes, où son chef décida la dispersion des maquisards ne gardant qu’un groupe réduit auprès de lui. Il eut à combattre le 21 novembre à Avallon (Yonne), le 7 décembre, à nouveau aux Laumes, le 15 décembre à Villaines et Viserny.

A partir de Janvier 1944, pour des raisons de sécurité Henri Camp partagea ses hommes en deux groupes, le camp Guynemer dans la forêt de Rouvray et le camp Foch dans les bois de Bourbilly séparés d’environ 10 kilomètres. Le groupe subit à nouveau des attaques le 5 mars à Massingy et le 9 à Toutry-Cussy-Époisses. Le camp Guynemer fut évacué le 20 mars, suite à la désertion d’un maquisard, surnommé « Banane ». Le lendemain, les Allemands attaquèrent mais trouvèrent un camp vide tandis que le camp Foch, ignoré de « Banane » fut épargné. Le 3 mai, le camp de Bourbilly fut attaqué à 5h30 par les feldgendarmes au fournil de Thoste. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas s’il s’agit d’indiscrétions des maquisards ou de dénonciation. L’attaque fit un mort, un maquisard portant le surnom de "d’Artagnan", tué par une rafale de mitrailleuse et un prisonnier surnommé "le Tatoué" qui fut déporté. Depuis le début huit hommes étaient tombés, les plus jeunes âgés de 18 ans et d’anciens de 1914-1918. À partir de ce moment le maquis s’installa dans le bois de Dandarge, situé dans un triangle formé par les communes de Lantilly, Champ-d’Oiseau et Millery, entre Semur-en-Auxois et Montbard (Côte-d’Or). Ce camp était provisoire du fait de l’exiguïté de la partie boisée et de l’imminence du débarquement qui devait modifier le rôle du maquis. Les opérations d’armement, d’entraînement, de liaisons, de ravitaillement et de sabotage reprirent. Un sabotage de grande envergure eut lieu le 18 mai, détruisant 19 pylônes alimentant les lignes électriques de La Roche-en-Brenil dans le Morvan, de Montbard, Savoisy et Buffon dans le Châtillonnais, de Montfort et Darcey dans l’Auxois suivi le 21 par la capture à Pouillenay d’un stock alimentaire destiné à l’occupant. L’endroit étant devenu peu sûr Henri Camp décida de le faire replier sur la montagne de Cras, à quelques kilomètres en face. Le déménagement eut lieu clandestinement dans la nuit du 24 au 25 mai et le premier voyage s’effectua sans encombre. Une équipe dut retourner au campement initial pour ramener le reste du matériel (armes, munitions, provisions, marmites, tentes, etc.) mais fatigués, les 25 résistants qui la constituaient décidèrent de se reposer sur place malgré les ordres reçus de ne pas s’attarder.

Le 25 mai 1944, à cinq heures du matin, ils furent encerclés par plusieurs centaines de soldats allemands et russes de l’armée Vlassov, accompagnés de felgendarmes de Montbard commandés par le feldwebel Max Raucker, à la sinistre réputation, et de miliciens. L’un d’eux José Rodriguez*, surnommé Coffino qui avait juré de ne pas être capturé vivant se tira courageusement une balle dans la tête. Les autres Ils durent se rendre et après avoir été interrogés et fouillés, ils furent flagellés au nerf de bœuf , et torturés. Un officier allemand ayant posé la question : « Qui est La Ratte ? Celui qui le désignera aura la vie sauve », un maquisard surnommé David désigna son camarade Maurice Thouvenin. Il fut épargné ainsi que Pierre Clovis Pitteloup, âgé de 38 ans mais les deux furent déportés, puis le massacre commença. Maurice Thouvenin fut abattu le premier d’une rafale de mitraillette et ensuite ce fut au tour des 22 autres. Une partie d’entre eux fut exécutée dans la forêt de Dandarge et le reste dans un pré au lieudit "La Barbelouze". Leurs cadavres furent retrouvés en partie dévêtus, dépouillés de leurs affaires personnelles et défigurés, visage tailladé par leurs assassins. Le criminel Raucker poussa le sadisme jusqu’à se faire photographier souriant aux côtés de ses victimes. Condamné par contumace au procès de Lyon avec ses comparses, il ne fut jamais retrouvé. Pierre Pitteloup succomba au camp de Mathausen-Gusen le 11 janvier 1945.

Les victimes furent :
Arnaud Marcel
Bartoli Marcel
Bernard René
Bertrand Roger
Bezou Jacques
Charbonneau Georges
Chaussivert Émile
Chevalier Bernard
Creusevaut Henri
Fayard Jean
Girard Maurice
Gobert Roger
Hergott Alphone
Hervet Fernand
Jaco Henri
Josserand Pierre
Lucotte Marcel
Madore Louis
Messy Jean
Morisot Bernard
Quievreux Marcel
Rodriguez José
Thouvenin Maurice
Sources

SOURCES : Henri Camp thèse.univ-lyon2.— Gilles Hennequin, Résistance en Côte-d’Or.— Marie-Françoise Barbot, Événements de la Côte-d’Or de 1900 à nos jours, éd. De Borée 2016.— Journal Le Bien Public de Dijon de mai 1984, du 28 mai 1994 et 19 mai 2012.— Internet Forum Le Monde en guerre, maquis Henri Bourgogne.— Mémorial GenWeb.— État civil, actes de décès mairie de Lantilly.

Jean-Louis Ponnavoy

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