Plumelec (Morbihan), Le Halliguen, le bourg, Remungol-de-Bas, Kérihuel, Callac, juin - juillet 1944
Le territoire de la commune de Plumelec, où plusieurs sticks de parachutistes SAS avaient été largués au début du mois de juin 1944, et où plusieurs groupes de parachutistes SAS étaient revenus se cacher après la chute du maquis de Saint-Marcel le 18 juin 1944, fait partie des nombreux lieux d’exécution et de mémoire qui jalonnent le département du Morbihan.


Plaques déposées par les familles

Bouquet de coquelicots déposé par des Britanniques (Poppy Appea, équivalent du Bleuet français)

Le menhir du souvenir et les deux monuments aux morts 1914-1918 et 1939-1945


« Ici est déposée une urne contenant de la terre recueillie sur les hauts-lieux de la Résistance morbihannaise... »




Sur le monument aux morts de 1939-1945

La sépulture de Pierre Marienne

La sépulture de François Martin







La Croix Bouétard à Le Hallinguen :

À l’intérieur du bureau de la Poste


Sur le monument de Remungol-de-Bas

Monument de Kérihuel




Listes des fusillés


Sur le menhir du souvenir
SOURCE : Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Le Halliguen
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, le caporal SAS Émile Bouétard appartenant au stick du lieutenant Pierre Marienne, qui venait d’être parachuté dans le secteur de Plumelec, fut tué au combat près du village de Le Halliguen
Ce monument est constitué d’une croix de pierre sur laquelle ont été scellées sa photographie et une plaque commémorative portant la mention :
« Le 5 juin 1944 ici est tombé au combat le caporal Émile Bouétard du 2e RCP né à Pleudihen C. D. N (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) le 4 septembre 1915, premier mort des troupes débarquées pour la Libération ».
Il est encadré par deux panneaux signalétiques illustrés, qui retracent le parcours de ce parachutiste SAS.
Dans les jours qui ont suivi, les SAS du commandant Bourgoin se regroupèrent dans le camp Saint-Marcel (Morbihan) — nom de code, base Dingson — où plusieurs milliers de résistants morbihannais, appartenant aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) et aux Francs-tireurs et partisans français (FTPF) furent regroupés, formés et armés. Leur mission était de fixer les troupes allemandes stationnées dans le Morbihan, afin d’empêcher ou au moins de retarder leur transfert sur le front de Normandie.
Après l’attaque allemande lancée contre le camp de Saint-Marcel le 18 juin 1944, qui contraignit SAS et FFI à décrocher et à se disperser, la Feldgendarmerie, la Wehrmacht appuyées par de nombreux détachements de soldats russes, géorgiens et ukrainiens rassemblés dans les « unités de l’Est », les agents de l’Abwher (service de renseignements de la Wehrmacht) et du SD (Sicherheitsdienst-Service de sécurité de la SS), ainsi que les agents français de la FAT 354 (Front Aufklärung Truppe) et les miliciens bretons du Bezen Perrot, se lancèrent dans une traque implacable des parachutistes SAS, des FFI-FTPF, de leurs dépôts d’armes, et de tous ceux qui les hébergeaient et les ravitaillaient. Rafles, arrestations, tortures, et exécutions sans jugement de SAS et de résistants, incendies de fermes, pillages et massacres de civils se multiplièrent dans tout le département du Morbihan.
Callac
Blessé au combat le 18 juin 1944, le parachutiste SAS Gaston Navailles trouva refuge dans une maison abandonnée du village de Callac en Plumelec, au lieu-dit Vachegarde. Il y fut soigné clandestinement par Madame Devau, médecin à Sérent (Morbihan), et par Monsieur Coguic, préparateur en pharmacie. Le 22 juin 1944 dans l’après-midi, des soldats russes appartenant à une « unité de l’est » firent irruption et exécutèrent Gaston Navailles gisant sur sa paillasse.
Le bourg
Le 27 juin 1944, les Allemands encerclèrent le bourg de Plumelec et arrêtèrent une vingtaine d’habitants qui furent conduits à Saint-Jean-Brévelay (Morbihan) pour y être interrogés. Parmi eux, se trouvait la postière de Plumelec, Armande Morizur qui indiquait aux SAS venus des (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), où trouver le camp du capitaine Marienne. Atrocement torturée dans l’école Notre-Dame de Saint-Jean Brévelay réquisitionnée par le SD, elle ne parla pas. Son corps fut retrouvé dans une lande, enfoui sous un peu de terre et de détritus. À Saint-Jean-Brévelay, son nom est inscrit sur une stèle de Quillio.
Une plaque commémorative apposée dans le bureau de poste de Plumelec honore sa mémoire avec la mention :
« Armande Morizur postière arrêtée le 27 juin 1944 torturée pour participation à la résistance morte pour la France le 28 juin à l’âge de 35 ans ».
Le 3 janvier 1946, Armande Morizur a reçu la Médaille de la Résistance à titre posthume.
Remungol-de-Bas
Le 29 juin 1944, dans le village de Remungol-de-Bas, le sous-lieutenant SAS Auguste Chilou et le FFI Albert Le Blanc furent surpris et abattus par une patrouille allemande. La ferme de la famille Mounier qui les hébergeait fut incendiée. Le fils du cultivateur qui exploitait la ferme, Henri Mounier, et le FFI Robert Pichot furent arrêtés. Ils ont été fusillés au fort de Penthièvre sur le territoire de la commune de Saint-Pierre Quiberon (Morbihan). Le 30 juin 1944, un autre fermier, Mathurin Jégo, fut arrêté à son tour. Il a été lui aussi fusillé au Fort Penthièvre.
À Remungol-de-Bas, un monument honore leur mémoire. Il est constitué d’une pierre levée entourée d’un muret et surmontée d’une croix latine, sur laquelle est gravée une Croix de Lorraine avec l’inscription :
« Ici le 29 juin 1944
Morts au combat


Arrêtés et fusillés à Penthièvre


Le 30 juin 1944

Kérihuel
Le 12 juillet 1944 à l’aube, dans la ferme de la famille Gicquello située dans le village de Kérihuel en Plumelec, où le capitaine Marienne venait d’installer son PC, un groupe de parachutistes SAS et de FFI fut surpris dans son sommeil par un détachement appartenant à la FAT 354, renseigné par les miliciens du Bezen Perrot et du Parti national breton. Le FAT 354 était une unité d’agents allemands et français de l’Abwher et du SD, commandée par le capitaine Herr, qui traquait les parachutistes et les résistants. Dans ses rangs sévissaient les Français Maurice Zeller, Alfred Gross et François Munoz, qui ont participé aux exécutions perpétrées à Kerihuel, et qui ont été après la guerre jugés, condamnés à mort et fusillés en 1946. Maurice Zeller était un ancien officier de carrière français originaire de Menton, qui avait été radié des cadres pour indiscipline. Il s’était engagé avec le grade de capitaine dans la Légion des volontaires français (LVF) sur le front de l’Est en 1941, mais avait été jugé inapte au service. Nommé délégué départemental du Parti populaire français (PPF) de Doriot en 1942 dans les Côtes-du-Nord (Côtes d’Armor), il avait été démis de ses fonctions. Recruté par le SD (Sicherheitsdient) de Saint-Brieuc, il avait reçu pour mission d’y infiltrer la résistance dans ce secteur. En février 1944, il avait rejoint l’Abwher et fourni des renseignements qui avaient abouti à plusieurs arrestations à Quimper dans le Finistère. Au début du mois de juillet 1944, Zeller avait été envoyé à Pontivy, pour participer dans tout le Nord-Ouest du Morbihan à la traque des résistants et des SAS.
Au cours de cette opération, dix-huit hommes furent immédiatement exécutés sur l’aire de battage de la ferme :



Les agents de la FAT s’emparèrent d’une carte et du cahier sur lequel Pierre Marienne avait noté les emplacements des dépôts d’armes, les noms et les adresses des personnes sûres, et les lieux où se cachaient les parachutistes SAS.
Au milieu de l’ancienne aire de battage où ils ont été exécutés et qui a été entièrement clôturée par une grille de fer forgé, se dresse une grande croix constituée de six blocs de granit assemblés, au pied de laquelle ont été déposées par les familles des plaques commémoratives :





Les noms des résistants exécutés dans le hameau de Kérihuel sont gravés sur trois plaques scellées côte à côte sur le mur de la ferme où ils ont été arrêtés, en-dessous de l’inscription : « 12 juillet 1944 - Unis dans la mort pour la même cause ».
La première plaque (à gauche) est dédiée aux « Parachutistes » :







La seconde plaque (au centre) est dédiée aux « Patriotes » (les agriculteurs qui hébergeaient SAS et FFI) :



La troisième plaque (à droite)est dédiée aux « FFI » :








Le monument aux morts de la 2e guerre mondiale
Dans le bourg de Plumelec, un imposant monument aux morts de la 2e guerre mondiale a été érigé à gauche du monument au morts de la 1ère guerre mondiale. Adossé au mur du cimetière communal, où est inhumé le colonel Bourgoin qui a commandé les parachutistes SAS du Morbihan, il est constitué d’un grand calvaire surmonté de l’inscription :
« Qu’à leur tombe la foule vienne et prie ».
Ce calvaire se dresse au-dessus d’un autel de pierre dans lequel une urne a été déposée en 1964, et au pied duquel a été scellée une plaque commémorative portant l’inscription :
« Ici est déposée une urne contenant de la terre recueillie sur les principaux hauts-lieux de la Résistance morbihannaise - 12 juillet 1964 »
Quatre plaques commémoratives apposées sur le mur du cimetière honorent la mémoire des « Parachutistes », des « FFI » (à gauche du calvaire), des « Combattants » et des « Victimes civiles » (à droite du calvaire).
« Parachutistes












« FFI





























« Combattants
















Pierre Marienne et François Martin ont été inhumés dans le cimetière de Plumelec, puis de part et d’autre du calvaire. Le corps de François Martin a été transféré ultérieurement à Hardricourt (Yvelines) la commune où il est né. Ne subsiste plus à Plumelec que son cénotaphe.
Une plaque, apposée sur la sépulture de Pierre Marienne porte l’inscription :
« Les Aspirants de la promotion capitaine Marienne à leur parrain ».
Un autre plaque apposée sur le cénotaphe de François Martin porte l’inscription :
« Les aspirants de la promotion lieutenant Martin-Bourgeois à leur parrain ».
En 1971, un menhir a été dressé devant les monuments aux morts de Plumelec, sur lequel est scellée une plaque commémorative portant l’inscription :
« Ce menhir a été dressé afin de perpétuer le souvenir de la Résistance morbihannaise à l’envahisseur (1940-1944) et des parachutistes SAS de la France libre (1944) unis dans le même combat libérateur.
Inauguré le 4 juillet 1971 par Mr. Henri Duvillard, ministre des Anciens combattants et Victimes de guerre ».
SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, 41 J 46 et 47. — Ami entends-tu… Bulletin de liaison et d’information de l’ANACR, numéro 30, 2e semestre 1975. . — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur-éditeur, Mayenne, 1978. — Joseph Jégo, 1939-1945 Rage Action Tourmente au Pays de Lanvaux, Imprimerie La Limitrophe, 1991. — Kristian Hamon, Le Bezen Perrot : 944, des nationalistes bretons sou l’uniforme allemand, Yoran Embanner, 2005 et Agents du Reich en Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2011. — René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — " Lieux mémoriels en Morbihan-Plumelec, dossier en ligne sur le site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — " Le drame de Kérihuel ", dossier mis en ligne par François Souquet sur le site Internet du Souvenir français-Comité de Ploubazlanec (Côtes du Nord, Côtes d’Armor), sans date. — " Juin 1944, les SAS français sautent en Bretagne ", dossier mis en ligne le 30 septembre 2012 sur le site Internet Normandie 1944, l’été de la Liberté. — État civil de Plumelec.
Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson