Né le 6 mai 1910 à Avallon (Yonne), massacré par la Milice le 24 août 1944 au château du Porteau, commune de Poitiers (Vienne) ; notaire.

Il était le fils de Maurice Sylvain Eugène Darres et d’Alice Charlotte Marin. Marié, époux de Janine Valentine Marie Georgette Chillocq, il était domicilié à Poitiers où il exerçait la profession de notaire.
En août 1944, la situation militaire de l’armée allemande sur le front de l’ouest se dégrada brutalement. Le 19 août un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Le passage par le seuil du Poitou devint un enjeu stratégique essentiel. Poitiers servit pendant toute la fin du mois d’août et les premiers jours de septembre, d’étape et de cantonnement provisoire pour les forces allemandes et leurs collaborateurs. Dès le 18 août, les miliciens bordelais sous le commandement de leur chef Lucien Dehan rejoignirent Poitiers. Ils s’installèrent au château du Porteau, réquisitionné par les forces d’occupation et où cantonnaient déjà des troupes nazies, en particulier des troupes hindoues de l’ « Hindische Freiwillingen-Legion » rattachée depuis peu à la Waffen SS, et qui partant du secteur de Lacanau (Gironde) étaient arrivées à Poitiers à la mi-août.
Le 22 août 1944, sans doute avides de vengeance après l’exécution de collaborateurs locaux, le chef Dehan accompagné de deux miliciens, tous en civil, s’installèrent au centre de Poitiers, place d’Armes, à la terrasse d’un café, le café du Jet d’eau, dans le but manifeste d’écouter et de surprendre des conversations favorables à la résistance et aux Alliés. A une table voisine, un jeune homme âgé de vingt ans, Pierre Gendrault, se réjouit à voix haute de la victoire des Alliés. Il fut aussitôt arrêté, conduit au siège tout proche de la milice sur la même place d’Armes. Interrogé et longuement torturé, il finit par livrer quelques noms, ceux de sept poitevins qui furent le 23 août après leur arrestation conduits au château du Porteau.
Le même jour, un milicien en civil reproduisit le même stratagème que la veille, engageant la conversation avec Henri Darres dans un restaurant de Poitiers, le Chapon Fin. Ce dernier mis en confiance par les propos antiallemands du milicien affirma à son tour ses sympathies pour la Résistance. Arrêté à la fin du repas, il fut aussitôt conduit au château du Porteau. Dans la nuit du 23 au 24 août, après de nombreux actes de torture et de barbarie de la part des miliciens présents, Henri Darres fut assassiné avec Pierre Gendrault et un autre poitevin Jules Basile. Leurs corps furent jetés dans un puits, dans la cour du château. Dans l’après-midi du 24 août, les miliciens quittèrent Poitiers pour l’est de la France, atteignant Strasbourg le 2 septembre et Landau dans le Palatinat (Allemagne) le 5.
Le corps d’Henri Darres et celui de ses deux compagnons d’infortune ne fut retrouvé que le 6 septembre 1944 au lendemain de la libération de Poitiers. Leur mort et les circonstances de celle-ci provoquèrent un choc profond dans la population poitevine. Ils restèrent connus sous le nom des « martyrs du Porteau », et une plaque fut apposée peu de temps après la guerre sur le puits où leurs corps avaient été retrouvés, plaque que la ville de Poitiers a pendant des années fait fleurir le 8 mai.
Le 2 février 1950, les miliciens tortionnaires Dehan, Fouquey, Guilbeau et Tournadour furent jugés à Bordeaux. Condamnés à mort, ils furent fusillés.
Henri Darres fut déclaré Mort pour la France en 1945, son nom figure sur la plaque commémorative du château du Porteau.
Sources

SOURCES : État civil (mairie de Poitiers) — Jean-Marie Augustin Collaborations et épuration dans le département de la Vienne1940 – 1948 Geste Ed. 2014 — Dominique Lormier Les crimes nazis lors de la Libération de la France 1944 – 1945 Ed. du Cherche Midi 2014 — Pierre Giolitto Histoire de la Milice coll. Tempus Ed. Perrin 2002 — ONAC La Vienne pendant la seconde guerre mondiale — mémorial genweb.

Michel Thébault

Version imprimable