Né le 7 ou le 17 mai 1910 à Lublin (Russie, Pologne), de nationalité polonaise, présumé massacré le 17 ou le 18 août 1944 à Bron (Rhône) ; ouvrier tailleur ; victime civile.

Binem Szmirer, dit Bernard Szmirer, était le fils de Moszek Szmirer et de Gryna Mitelman. Juif polonais, il s’exila en France en 1929 et s’installa à Paris. Il rencontra une Française, Rachel (dite Raymonde) Stein, avec laquelle il se maria. Leur fille naquit vers 1938 à Paris. Binem Szmirer demeura 18 rue des Panoyaux à Paris (Xxe arr.) à partir de 1936. Il exerça la profession d’ouvrier tailleur. Sa femme était sténo-dactylo.
Cherchant à fuir la répression antisémite, Binem Szmirer, quitta Paris le 13 février 1942 pour se réfugier en zone libre. Il fit le projet de rejoindre Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône), près de Lyon (Rhône), où vivait son cousin Pierre Stein. Il partit avec une somme de 5000 francs. Le 14 février, il passa clandestinement la ligne de démarcation dans un train de marchandises. Le 15 février, à son arrivée à la gare de Mâcon (Saône-et-Loire), il fut contrôlé par des gendarmes et arrêté. Il fut assigné à résidence à Tramayes (Saône-et-Loire) en attendant que son cas soit traité. Informé par le préfet de Saône-et-Loire du projet de Binem Szmirer, le préfet du Rhône s’opposa le 26 février à sa venue à Collonges-au-Mont-d’Or « en raison du surpeuplement du département du Rhône ». Après décision du secrétaire général à la police de faire interner Binem Szmirer dans un centre régional, le 1er avril 1942, le préfet de Saône-et-Loire sollicita à nouveau l’autorisation d’orienter Binem Szmirer vers le Rhône. Par lettre du 6 avril 1942, le préfet du Rhône s’opposa une nouvelle fois à la venue de Binem Szmirer : « j’ai l’honneur de vous informer qu’il y a lieu d’assigner à résidence dans la commune de Lus-la-Croix-Haute (Drôme) le ressortissant polonais Szmirer Binem […]. En conséquence, je vous serais obligé de vouloir bien faire diriger l’intéressé sur cette localité après l’avoir muni d’un bulletin d’assignation. Je vous laisse également le soin d’aviser le Préfet de la Drôme en l’invitant à faire exercer une surveillance active sur le susnommé. »
Le 28 juin 1942, le frère de Binem Szmirer, Morcho Szmirer, fut déporté à Auschwitz par le convoi numéro 5 au départ de Beaune-la-Rolande (Loiret). Le 21 septembre 1942, l’épouse de Binem Szmirer, Rachel Stein, fut, elle aussi, déportée à Auschwitz par le convoi numéro 35 au départ de Pithiviers (Loiret).
Binem Szmirer fut affecté au 972e Groupe de travailleurs étrangers (GTE) au Fort Chapoly (Saint-Genis-les-Ollières, Rhône). Évadé de son GTE, il fut arrêté à Lyon. Après décision du préfet du Rhône de le placer en détention administrative, il fut dirigé le 16 janvier 1943 vers le centre de Puy-l’Évêque (Lot). Le 18 janvier 1943, la police le relâcha par erreur. Binem Szmirer fut recherché vainement par la gendarmerie et la police dans l’agglomération lyonnaise jusqu’au mois d’avril 1943. Il s’était vraisemblablement caché dès cette époque à Lyon. En 1944, il résidait 6 allée Blache (Lyon).
Le 10 août 1944, il fut arrêté par des hommes de la Gestapo à Lyon, « dans un café où il faisait venir son courrier ». Au moment de son arrestation, Binem Szmirer aurait été vêtu d’une chemisette bleue, d’un pantalon marron et de sortes de babouches marrons. Il fut incarcéré à la prison de Montluc (Lyon) dans la « baraque aux Juifs » (il apparaît sous le nom de Szmuer Bernard sur une liste des prisonniers de ce baraquement établie après-guerre).
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc. Le 17 août, 50 prisonniers juifs furent extraits de la « baraque aux Juifs » et conduits à Bron. Ils furent contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers 12h, l’un des détenus réussit à s’évader. A la fin de la journée, les Allemands exécutèrent par balles les 49 autres prisonniers au-dessus de trois trous d’obus. Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont les derniers prisonniers juifs de la « baraque aux Juifs » (20 au moins), furent conduits sur le terrain d’aviation de Bron et subirent le même sort. Après avoir travailler à déterrer et désamorcer des bombes non explosées durant la journée, ils furent exécutés par balles au-dessus d’un trou d’obus.
En septembre 1944, les victimes furent découvertes dans des charniers sur le terrain d’aviation de Bron. On ne retrouve pas trace dans les archives consultées d’un procès-verbal d’identification du corps de Binem Szmirer. Malgré tout, il est vraisemblable qu’il fit partie des soixante-douze Juifs massacrés à Bron. Il fut emprisonné dans la « baraque aux Juifs » dès le 10 août 1944 et d’après sa fiche de prison, il « serait sorti de Montluc le 17 août ».
Après-guerre, la fille de Binem Szmirer et Rachel Stein fut recueillie par sa tante maternelle.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3460W1, 3460W3, 3335W22, 3335W11, 3808W866, 31J66, 829W353.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet de Yad Vashem.— Site Internet du Mémorial de la Shoah.

Jean-Sébastien Chorin

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