La commune de Monteneuf où huit patriotes ont été abattus, exécutés ou tués au combat en juin-juillet 1944, fait partie des nombreux lieux de combat, d’exécution et de mémoire qui jalonnent le département du Morbihan.

Sur la stèle de La Villemarqué
Sur la stèle de La Villemarqué
La stèle de la Fosse aux loups
La stèle de la Fosse aux loups
La plaque commémorative</br> du château de La Grée de Callac
La plaque commémorative
du château de La Grée de Callac
Sur le bord de la D 171 à Monteneuf
Sur le bord de la D 171 à Monteneuf
Sur le monument aux morts de Monteneuf
Sur le monument aux morts de Monteneuf
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
“Au” début du mois de juin 1944, le 2e Régiment de chasseurs parachutistes du commandant Bourgoin, appartenant aux Forces françaises libres (FFL) et rattaché au SAS (Special air service), fut largué dans le secteur de Plumelec-Sérent-Saint-Marcel-Malestroit (Morbihan), où un important maquis se constitua. Plusieurs milliers de résistants morbihannais, appartenant aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) et aux Francs-tireurs et partisans français (FTPF) furent regroupés et armés. Leur mission était de fixer les troupes allemandes stationnées dans le Morbihan, afin d’empêcher ou au moins de retarder l’arrivée des renforts sur le front de Normandie.

Le 7 juin 1944, Louis Mazan, membre d’un réseau SNCF originaire de Fégréac (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fut abattu par des Allemands sur la route reliant le bourg de Monteneuf (Morbihan) au village de Bécihan.

En 1988, une stèle a été érigée sur le lieu de son exécution au bord de la D 171, sur laquelle est gravée l’inscription :
« À la mémoire de Louis MAZAN fusillé par les Allemands le 7 juin 1944 ».

L’attaque allemande lancée contre le maquis de Saint-Marcel le 18 juin 1944, contraignit SAS et FFI à décrocher et à se disperser, la Feldgendarmerie, la Wehrmacht appuyée par de nombreux détachements de soldats russes, géorgiens et ukrainiens rassemblés dans les « unités de l’Est », les agents de l’Abwher (service de renseignements de la Wehrmacht) et du SD (Sicherheitsdienst), service de sûreté et de renseignements de la Gestapo, ainsi que leurs auxiliaires français, les miliciens du Bezen Perrot et du Parti national breton français, se lancèrent dans une traque implacable des parachutistes SAS, des FFI-FTPF, de leurs dépôts d’armes et de tous ceux qui les hébergeaient et les ravitaillaient. Rafles, arrestations, interrogatoires, tortures, et exécutions sans jugement de SAS et de résistants, incendies de fermes, pillages et massacres de civils se multiplièrent dans tout le département du Morbihan.

Château de La Grée de Callac, la Fosse aux loups, Trézon, La Villemarqué
Le château de La Grée de Callac situé sur le territoire de la commune de Monteneuf (Morbihan) devint un lieu de transit, de repos et de refuge pour les FFI et les SAS contraints de se replier. Ce château qui appartenait à la comtesse du Bot, née Boisdulier de Cesson-Sévigné, hébergeait depuis le début de l’année 1944 dans La Porterie, la maison du garde André Carelle, les équipes FFI de Guer et de Ploërmel (Morbihan) qui réceptionnaient les armes et les munitions larguées au-dessus d’une grande prairie située à l’intérieur de l’enceinte du château.
Le 9 juillet 1944 à l’aube, La Porterie où 26 parachutistes étaient au repos fut encerclée par les Allemands. Pour faire diversion et permettre aux parachutistes de s’échapper, trois FFI, Léon Jacquin, les frères Jacques Sévène et Paul Sévène, ainsi que le garde du château André Carelle, sortirent sans armes et s’avancèrent vers les Allemands. Tous les quatre furent fouillés, roués de coups et immédiatement abattus sous les yeux de Madame Carelle et de ses enfants. La Porterie fut incendiée.
René Plantard, réfractaire au Service du travail obligatoire (STO) de la région parisienne réfugié à La Métairie-Neuve en Augan (Morbihan), qui avait rejoint le maquis de Saint-Marcel, se sacrifia pour protéger la retraite des parachutistes SAS et fut tué au combat en faisant face aux Allemands. Grâce à cette diversion, les autres SAS purent franchir le mur d’enceinte et se replier sans aucune perte.
Les Allemands traquèrent les SAS dans tous les villages de Monteneuf, où se multiplièrent les contrôles d’identité et les perquisitions. Dans le village de Trézon en Monteneuf, ils découvrirent dans l’atelier de Joseph Leclerc, artisan charron, un tract anglais sur lequel il avait déposé du saindoux pour graisser ses scies. Il fut sorti de son atelier et immédiatement abattu.
Le lendemain 10 juillet, à La Villemarqué en Monteneuf, Émile Chérel, réfractaire au STO originaire d’Augan (Morbihan), qui travaillait dans les champs, fut arrêté par une patrouille. Sans papier d’identité, il essaya de prendre la fuite et fut abattu.

Après la guerre, plusieurs monuments ont été érigés pour honorer la mémoire des victimes des 9 et 10 juillet 1944 à Monteneuf.
À l’initiative de la Comtesse du Bot, une stèle surmontée d’une Croix de Lorraine a été scellée sur le mur d’entrée du Château de La Grée de Callac où on accède par la D118a :

« À la mémoire de
- CARELLE André, 30 ans
- JACQUIN Léon, 23 ans
- SÉVÈNE Jacques 23 ans
- SÉVÈNE Paul, 21 ans
victimes de leur dévouement à la Patrie, fusillés en ce lieu par les Allemands
le 9 juillet 1944
et de
- PLANTARD René, 23 ans
soldat parachutiste tué au combat de la Grée de Callac ce même Jour
en Souvenir aussi de
- LECLERC Joseph, 62 ans
- CHÉREL Émile, 22 ans
fusillés en représailles à leur domicile
les 9 et 10 juillet 1944
Morts pour la France »

À La Fosse aux loups, lieu-dit limitrophe des communes de Monteneuf et d’Augan où les victimes des 9 et 10 juillet 1944 avaient été inhumés, une autre croix de pierre se dresse au bord de la D171, sur laquelle est gravée la même inscription.

Une croix de pierre a également été érigée à La Villemarqué en Monteneuf, sur le lieu d’exécution d’Émile Chérel, au pied de laquelle est gravée l’inscription :<>
« À la mémoire de
Émile CHÉREL, 22 ans
fusillé par les Allemands
le 10 juillet 1944 »

Monument aux morts
Les noms d’Émile Chérel et de Joseph Leclerc sont inscrits sur la liste « Guerre 1939-1945 » du monument aux morts communal.
Sources

SOURCES : " 9 et 10 juillet 1944, deux journées tragiques pour Monteneuf ", Ouest-France, 9 juillet 2015. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur-éditeur, Mayenne, 1978.— René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. —" Lieux mémoriels en Morbihan-Monténeuf , dossier en ligne sur le site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État civil, Monteneuf (actes de décès)

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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