Né le 21 décembre 1920 à Saint-Étienne (Loire), résistant exécuté sommairement le 26 juillet 1944 à Rochetaillée (Loire) aujourd’hui commune rattachée à Saint-Étienne ; mineur ; résistant du groupe Buckmaster-Ange du Spécial Opérations Exécutive (SOE).

Henri Muller
Henri Muller
Source : Fonds ANACR Loire
Henri Muller était marié et père de deux enfants.

Le 26 juillet 1944, trois cadavres furent découverts sur la route du Bessat, au lieu-dit Bois Flamand à Rochetaillée, et transportés au cimetière de cette commune. Sur les corps horriblement mutilés, aucun papier pouvant conduire à leur identification ne fut retrouvé hormis un billet de 100 francs. Les services photographiques et anthropologiques diligentés par le Commissaire principal, chef de la section de Police de Sureté de Saint-Étienne, purent établir qu’il s’agissait de Jean Delobre,Charles Laurent et Henri Muller. Les familles reconnurent formellement les corps qui furent provisoirement inhumés sur place.

Dès février 1940, Henri Muller figurait dans une liste S où il était présenté comme « distributeur de tracts, homme de confiance du PC, peut être dangereux en cas de troubles ». Arrêté par la police de Vichy et condamné en mai 1941 « pour menées anti-nationales », il fut détenu à Mauzac (Dordogne) pendant deux ans. Libéré, il rejoignit les rangs du groupe Buckmaster-Ange aux côtés d’Antoine et Émile Boirayon. Mineur, il maitrisait le maniement des explosifs et participait à des sabotages. Le 21 mai 1944, sept hommes, du groupe Buckmaster-Ange, dont Henri Muller et les frères Boirayon, pénétrèrent dans l’usine Le Duralumin à Rive-de-Gier (Loire), neutralisèrent les ouvriers en poste, les ligotèrent dans une zone hors de portée des explosifs et placèrent des bombes près du laminoir. A 23 heures 30, ils escaladèrent le mur d’enceinte, à 23 heures 40, une explosion retentit qui détruisit le laminoir - un des plus performants d’Europe - et dont 80 tonnes de blindage d’aluminium étaient destinées chaque mois à la Luftwaffe. Dans les semaines qui suivirent, une chasse à l’homme fut lancée et les arrestations se succédèrent. Le 1er juin 1944, Henri Muller rattaché au maquis du Forez fut nommé sergent.

Le 20 juillet 1944, il fut appréhendé sur son lieu de travail au Puits Montmartre par Alfred Gugguenheim dit Freddy, agent de la Gestapo française, Louis Labouré et Jean Clavel de la Milice et emmené à la caserne Desnoëttes ; trois gouverneurs de la mine, Messieurs Bouget, Liogier et Gibert, furent témoins de son arrestation. Il fut cruellement torturé et sa femme, venue l’identifier à Rochetaillée, décrivit son "cadavre affreusement mutilé, les yeux crevés, les mâchoires fracassées, les joues brûlées et perforées, l’oreille gauche à demie arrachée, le crâne perforé de 20 balles de mitraillette."

Le samedi 28 octobre 1944, il fut définitivement inhumé au cimetière du Crêt de Roc à Saint-Étienne ; un convoi mortuaire formé devant le Monument aux Morts de la place Fourneyron accompagna sa dépouille. Henri Muller obtint la mention « Mort pour la France ». Son nom figure sur la plaque commémorative du groupe Buckmaster-Ange à Gumières (Loire).
Sources

SOURCES : Arch. départ. Loire : 85W103.— Arch. départ. Rhône : Mémorial de l’Oppression, 3808W769.— Arch. Municipales de Saint-Etienne : fonds ANACR de la Loire.— Michelle Destour, Rive-de-Gier 1939-1945 : une ville ouvrière dans la guerre, Ed. Sutton, 2013.— État civil.

Michelle Destour

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