MONNET Pierre
Né le 22 juin 1881 à Saint-Pourçain-sur-Besbre (Allier), fusillé sommairement en représailles le 16 août 1944 à Thiel-sur-Acolin (Allier) ; cultivateur ; victime civile.
A l’été 1944, un train armé de radiorepérage allemand stationnait en gare de Thiel-sur-Acolin, sur la ligne Moulins – Mâcon, protégé par une petite garnison allemande cantonnée dans la gare même de Thiel. Pour assurer son ravitaillement la garnison allemande eut recours à des réquisitions forcées de vivres et de matériel. Le 15 août 1944, deux militaires allemands partis, avec un attelage et un cheval réquisitionnés, chercher du ravitaillement dans les fermes du village, furent attaqués vers 20 h 30 sur la route de Saint-Pourçain-sur-Besbre à proximité du domaine de la Girette par un groupe de résistants issus d’un maquis voisin. Dans le bref affrontement, les deux soldats allemands qui avaient tentés de se défendre furent tués. Les corps furent abandonnés cachés avec la charrette derrière une haie voisine dans un pré appartenant à la famille Monnet, tandis que le cheval détaché regagnait la gare. Aussitôt alertée, la garnison allemande partit à la recherche des deux soldats disparus, retrouva rapidement le lieu de l’affrontement et après quelques recherches les corps des deux soldats. Les soldats allemands investirent la ferme voisine et arrêtèrent Pierre Monnet et Joseph Monnet son fils. Ils furent conduits à la gare, interrogés et brutalisés puis enfermés dans une cabane en bois, dépendance de la gare. Dans la nuit et toute la matinée du 16 août, le maire de Thiel tenta d’alerter toutes les autorités possibles (gendarmerie de Dompierre, commissariat de police de Moulins, préfecture et Feldkommandantur de Moulins) pour plaider leur innocence et obtenir leur libération. Pendant ce temps la garnison allemande poursuivit ses recherches incendiant la ferme de la famille Minard proche de la ferme des Monnet et dont les habitants s’étaient enfuis pendant la nuit. Son chef envisagea alors de faire fusiller 20 otages (dix par allemand tué). Dans l’après-midi après avoir refusé toutes les demandes de clémence des autorités civiles et religieuses, le sous-officier allemand responsable de la garnison exigea la présence de 50 hommes du village, ayant déclaré au maire : « Vous trouverez 50 hommes pour assister à l’exécution et s’il y a le moindre bruit, nous en fusillerons 10 ». A 18 h. assistés par le curé de Thiel, le père Doris, qui avait proposé de prendre la place d’une des deux victimes, Pierre et Joseph Monnet furent placés contre le mur de l’église devant les cinquante personnes rassemblées et furent fusillés sommairement dans le dos et le coup de grâce fut donné par une décharge de mitraillette dans la nuque. Les jours suivants les obsèques donnèrent lieu à une grande manifestation religieuse et patriotique, le cercueil de Pierre Monnet étant porté en terre par six anciens combattants de 1914 – 1918.
Pierre Monnet obtint la mention « Mort pour la France » et son nom figure avec celui de son fils Joseph sur une plaque commémorative apposée sur le mur extérieur de l’église, à l’abside.
SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 379645, dossier victime civile pour Pierre Monnet (nc). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 29 : crimes de guerre à Thiel-sur-Acolin .— Mairie de Thiel-sur-Acolin, état civil, archives communales (deux articles du journal La Montagne, automne 1944, signés Henri Laville) — Arch. Dép. Allier (état civil, registre matricule) — Mémorial genweb, plaque commémorative — Journal La Montagne.
Michel Thébault