Le 14 juin 1940, dans le cadre de la bataille de France, quinze civils ont été fusillés en représailles par des soldats allemands au Vert-Galant dans le Bois Saint-Denis.

Stèle au Vert-Galant, Tremblay.
Stèle au Vert-Galant, Tremblay.
Le 13 juin 1940, la bataille de l’Ourcq opposa la 1ère Compagnie Gillot du 24e Bataillon de chasseurs alpins renforcé de soldats des 25e et 65e BCA qui avait pour mission la défense du canal de l’Ourcq, de la Poudrerie de Sevran au pont du chemin de fer de Tremblay-Villepinte, à la 718e division de l’armée allemande. Seize soldats français et onze soldats allemands furent tués au combat mais aussi cinq habitants de Tremblay touchés par des éclats d’obus comme Juliette Savar, Léopod Coquerelle, Marie Andriau épouse Bernard ou exécuté dans son jardin pour réprobation comme Charles Desain. Les combats ayant cessé vers 21h, à minuit, le capitaine Gillot exécuta le repli de sa compagnie par Montfermeil sans que l’ennemi se rende compte de ce décrochage. Dans la nuit du 13 au 14 juin, les soldats allemands arrêtèrent de nombreux civils dans le quartier du Vert-Galant principalement sur la rive nord bloquée par les combats. Un officier fit une sélection qui conduisit quinze d’entre eux devant le peloton d’exécution. Albert Zechetti blessé survécut.Les dix premiers au bord du canal, les cinq suivants en face de la gare où une stèle rappelle ce massacre. Dix autres otages furent amenés au quartier des Cottages, certains après avoir enseveli sous la contrainte les quatorze cadavres dans une fosse commune. Internés au camp de Drancy, ils ont été déportés ensuite à Hemer en Westphalie. Les familles des victimes, sans nouvelles, pouvaient espérer l’internement de leur proche.
Les quatorze corps furent retrouvés dans le bois Saint-Denis et exhumés le 25 juillet 1940. Le commandement allemand qui avait ordonné ces représailles n’avait écarté aucune des villes concernées par les combats de la ligne du front de l’Ourcq : un habitant de Villeparisis, un de Mitry-Mory, trois de Tremblay et dix de Villepinte. Dans son bulletin de la Société d’Études historiques de Tremblay SEHT de juin 2000, une hypothèse toponymique est avancée, le pont sur le canal étant indiqué sur les cartes sous le nom de pont de Villepinte. « C’est probablement pour se venger de leur échec militaire de la veille, dans leurs tentatives répétées pour enlever le pont de Villepinte que les nazis frappèrent durement la ville ».
La femme d’un des otages madame Guiffard témoigna que l’un des officiers allemands qui avaient dirigé les exécutions lui avait dit : « deux des nôtres ont été tués par des civils, un officier et un sous-officier pour un militaire allemand, nous tuons dix civils ».
Cette répression correspond juridiquement aux critères définissant un crime de guerre, en effet, elle s’est produite après la fin des hostilités militaires, contrôlée par le commandement allemand, sur des civils innocents après sélection des otages des villes dans lesquelles l’armée française agissant sur ordre de son état-major, s’était opposée à l’envahisseur.
La décision d’ériger une stèle à la mémoire des fusillés fut prise dès le 15 septembre 1945 par le Conseil municipal de Villepinte.
À Villepinte, un monument commémoratif porte les 14 noms et celui de Juliette Savar.
Pour le 60e anniversaire, la SEHT et la ville de Tremblay ont organisé une exposition et publié une brochure.
Liste des victimes :
BEAUGRAND Adrien
BOEUF Clotaire
BONTEMPS Paul
CHAUVET Marcel
DESBRÉE Léon
DIDIER Gaston
EVAIN Léon
GUIFFARD Gaston
LARSONNIER Achille
MASSON André
ROCHE Jacques
ROCHE Alexandre
ZANON Joseph
ZECHETTI Albert, survivant.
Sources

SOURCES :Arch.dép de Seine-Saint-Denis 1886 W135, enquête du commissaire de police de Tremblay, 20 juin 1941 . — Hervé Revel, La banlieue nord-est de Paris dans la seconde guerre mondiale, Ed. Fiacre, 2012 . — Hervé Revel, Crime de guerre sur les bords de l’Ourcq , bulletin n°16 de la SEHT, 1992 . — Du combat du canal de l’Ourcq au crime de guerre du Vert-Galant supplément au bulletin n°23 édité par la SEHT et la ville de Tremblay-en-France, juin 2000.—Hervé Revel, La banlieue nord-est de Paris dans la seconde guerre mondiale Juin 1940-Aoüt 1944, Éditions Fiacre, 2012. Site histoire-tremblay.org.

Annie Pennetier

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