Né le 17 avril 1901 à Sommeval (Aube), exécuté sommairement le 25 août 1944 à La Rivière-de-Corps près de Troyes (Aube) ; bonnetier à Estissac (Aube). ; résistant de l’armée secrète (AS) auboise et des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

André Néron était le fils de Hubert, charron, âgé de 45 ans et de Adolphine Regnault, couturière, âgée de 40 ans. Marié en 1926 avec Anne Owaller, originaire de Ribeauvillé (Haut-Rhin), Hubert, André (dit André) Néron était père de trois enfants et travailla comme bonnetier à Estissac (Aube) où il était domicilié quand éclata la Seconde Guerre mondiale.
Il fut mobilisé en septembre 1939 mais, souffrant d’une jambe, il fut évacué vers l’arrière et se retrouva à l’hôpital de Castillon-la-Bataille (Gironde) d’où il regagna, rendu à la vie civile, son domicile d’Estissac. Il y retrouva sa famille et son travail.
André Néron était un père autoritaire mais attentionné, amoureux de la nature et des fleurs. C’était aussi un patriote ombrageux qui supportait mal l’occupation de la France : « Je donnerais ma vie pour la Patrie » disait-il. Il se lançait très vite à titre personnel dans des actions de résistance à l’occupant en cisaillant des câbles téléphoniques. Les Allemands ayant pris des otages en réaction à ces sabotages, il se dénonça lui-même comme en étant l’auteur et fut incarcéré à la prison de la rue Hennequin à Troyes.
Son épouse, qui parlait parfaitement allemand, lui rendit de fréquentes visites, parfois accompagnée de ses enfants qui supportaient sans broncher les quasi 20 kilomètres à parcourir à pied pour gagner Troyes. La ténacité de cette femme qui parlait sa langue émut le responsable de la Kommandantur, frère des écoles chrétiennes dans le civil : il libéra finalement son mari, lui évitant ainsi la déportation.
Rentré à Estissac, André Néron reprit ses activités clandestines. En 1943, alors que deux jumelles étaient venues compléter sa famille l’année précédente, il rejoignit les Forces Françaises de l’Intérieur et œuvre comme agent de liaison dans le réseau "Ceux de la Libération - Action". Il participa à différentes opérations et assura nombre de missions de nuit.
Le 24 août 1944, alors qu’il venait tout juste de rentrer de l’une de ces sorties nocturnes et qu’il aspirait à se reposer, une nièce vint l’avertir que les Allemands, qui avaient évacué Estissac à l’approche des Américains, étaient en train d’y revenir. Volontaire pour assurer une mission de reconnaissance souhaitée par ses chefs et en dépit des craintes de son épouse qui lui disait : « Pense à tes enfants ! », il partit à vélo et se dirigea vers Fontvannes où il fut intercepté et arrêté par les Allemands avec d’autres personnes de ce village et son camarade d’Estissac Roland Barbeaux. Ils furent conduits en camion jusqu’à La Rivière-de-Corps.
Le lendemain 25 août 1944, alors que la ville de Troyes allait être libérée, ils étaient sauvagement abattus d’une rafale de mitraillette dans le dos et achevés d’une balle dans la tempe, dans un pré au lieu-dit "Le Village.
André Néron laissait une veuve et cinq orphelins qui devinrent pupilles de la Nation. Il fut élevé au grade de lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et fut décoré à titre posthume de la Médaille Militaire, de la Croix de Guerre avec palmes et de la Médaille de la Résistance française le 19 septembre 1947. Une rue d’Estissac porta aujourd’hui son nom.
Son nom figure sur la plaque commémorative du musée de la Résistance à Mussy-sur-Seine (Aube), sur la stèle commémorative des fusillés à La Rivière-de-Corps et sur le monument aux morts, à Estissac (Aube).
Sources

SOURCES : Récit, documents et photos de madame Jeanne Legrand, d’Estissac, fille d’André Néron.— L’Est Éclair du 19 août 2013, article Deux destins qui ont marqué la libération.— Maitron des Fusillés, exécutés, abattus, notice Fontvannes (25 août 1944).— Mémorial Genweb.— État civil.

Claude Macé, Jean-Louis Ponnavoy

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