Né le 19 mars 1901 à Troyes (Aube), abattu vers le 24 août 1944 à L’Échelle (Seine-et-Marne) ; instituteur dans l’Aube ; socialiste ; résistant du groupe Libération.

Son père Sylla Laroche, gendarme à cheval à Troyes (Aube) appartenait à une famille anticléricale, comme lui tous ses frères portaient un prénom latin. Sa mère Julia Jacquemin était couturière. Bernard Laroche, fils unique, fit ses études à Troyes et à la sortie de l’ École normale en 1922, obtint un poste d’ instituteur à Saint-Lupien et sa jeune épouse Marguerite Maréchal (née le 23 avril 1901 à Isollacio di Fum Orbo en Corse, mariés le 19 août 1922 à Sens, Yonne) une afectation comme institutrice à Villadin (Aube). Le couple obtint en 1927 un poste double au Mériot (Aube),commune proche de Nogent-sur-Seine et limitrophe à la Seine-et-Marne, où Bernard Laroche fut directeur d’école et s’occupa des grands élèves, son épouse prenant en charge les petits. Il fut également secrétaire de mairie du village. Le couple eut trois enfants : Jean, né en 1925 ; Lucette, née en 1927 et Michelle, née en 1936.
Militant socialiste, syndicaliste convaincu, il fut le premier correspondant départemental de la MAIF. Libre penseur, il était membre de la Ligue des droits de l’Homme et probablement aussi franc-maçon. Bernard Laroche exerça ses fonctions d’instituteur jusqu’en 1942, époque où il se fit mettre en disponibilité, ne conservant que le secrétariat de mairie. Cette dernière fonction lui donna accès aux tickets de rationnement, qu’il était chargé de distribuer aux habitants mais dont il soustrayait une partie pour la remettre à des résistants et réfractaires au STO. L’inspection académique lui avait donné la responsabilité d’enfants évacués de Romilly, des bombardements du camp d’aviation étant redoutés,élèves dont il assurait l’hébergement à Beaulieu et pour qui il devait trouver de la nourriture.Ses déplacements officiels lui permettaient de couvrir ses prises de contacts avec les résistants.
Ses activités dans la Résistance restent assez mal connues, car restées très secrètes, par prudence il ne racontait rien à sa famille. Il faisait partie du groupe d’inspiration syndicaliste et socialiste "Libération", émanation du mouvement "Libération-Nord", chargé du renseignement. Il semble qu’il possédait un poste émetteur-récepteur. Il était membre du comité de Libération de Nogent-sur-Seine.
Le 24 août 1944, il fut arrêté par la Gestapo à son domicile devant sa femme et sa fille Michelle, et emmené pour une destination inconnue. Son corps torturé et atrocement mutilé, barbe et langue arrachées, achevé d’une balle dans le dos, ne fut retrouvé que le 19 septembre 1944 sous un tas de feuilles au lieudit "Le Bois du Grillon", sur le territoire de la commune de L’Échelle (Seine-et-Marne) près de Provins, à dix kilomètres au nord de son village.
Son décès fut déclaré à la date du 27 août, les Allemands ne l’ avaient peut-être pas gardé quatre jours, dans cette période leurs pratiques étaient expéditives.
Bernard Laroche a été reconnu Mort pour la France.
Une plaque portant la mention "À la mémoire de Laroche Bernard, martyr de la Résistance. 23-8-1944" a été apposée dans l’école du Mériot où il enseigna. Son nom figure parmi les "Martyrs de la Résistance" sur la plaque commémorative aux normaliens, instituteurs et professeurs de Troyes apposée dans le hall de l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation de Troyes (Ancienne école normale d’instituteurs). Le nom de Bernard Laroche est également inscrit sur le monument aux morts du village, sur le monument de Montaigu au lieu-dit "Les Prêtres" à l’entrée du hameau des Grandes-Vallées, élevé à la mémoire des résistants de "Libération-Nord" morts au cours de la guerre 1939-1945 (27 noms dont celui de son fils Jean).
En effet, son fils Jean, dit Fafa, né à Villadin (Aube) le 17 janvier 1925, avait quitté sa classe de terminale du lycée Thibaut de Champagne de Provins (Seine-et-Marne) le lendemain de ses dix-huit ans, le 18 janvier 1943, avec quatre lycéens pour rejoindre la résistance les Forces françaises libres et gagner l’Angleterre via l’ Espagne. Il fut arrêté avec ses trois camarades Jean Schmitt, Serge Augé, Georges Simony, par des soldats allemands dans le train à Cambo-les-Bains dans les Basses-Pyrénées. Interné à Bayonne puis à Paris dans la prison du Cherche-Midi, il fut déporté NN dans le convoi du 8 avril 1943, pour un camp proche de Trêves, Hinzert, puis après le 15 octobre dans une prison voisine, celle de Wittlich avant d’être jugé fin mai 1944 à Breslau en Silésie et condamné à trois ans de détention. Après leur internement dans la prison de Brieg où son camarade de lycée Serge Augé mourut de tuberculose, Jean Laroche et Jean Schmitt furent envoyés dans une usine Krupp de fabrication de guerre, à Dietzdorf puis devant l’avance des troupes russes, le 9 janvier, au camp de Gross-Rosen à l’ouest de Breslau regroupant les déportés NN de Silésie. Le convoi d’évacuation du 8 février 1945, par un froid glacial, les mena au camp de Nordhausen (entre Kassel et Leipzig), les plus faibles étant acheminés vers Dora, Jean Schmitt y mourut le 23 février 1945, quant à Jean Laroche on ne sait s’il est mort dans le bombardement effectué par l’aviation américaine des 3 et 4 avril ou bien dans un de ces convois où les plus faibles étaient abattus. C’est son camarade de lycée et de détention jusqu’à l’automne 1943, Georges Simony rescapé, qui reconstitua leur parcours et le présenta dans le cadre d’une cérémonie du souvenir le 10 octobre 1998 au lycée Thibaut de Champagne à Provins. Le nom de Jean Laroche a été donné à une salle du lycée.
Après guerre, la mère de Jean, Marguerite Laroche avait eu des difficultés pour recueillir des témoignages permettant de le déclarer "décédé" et non "disparu" et obtenir la mention- Mort pour la France-.
Sources

SOURCES : Bulletin municipal de la commune du Mériot, 1993. — Récit de François Dupont, condisciple de Jean Laroche, fils de Bernard, au collège de Provins. — André Beury, De la Résistance à la Libération. — Musée de la Résistance en ligne.— Notes d’Annie Pennetier à partir des témoignages de sa fille Michelle Laroche-Unger, juin 2016, mars et mai 2017 . — MémorialGenweb.

Claude Macé, Annie Pennetier

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