Né le 30 juin 1914 à Russange (Moselle annexée), exécuté sommairement le 19 mai 1944 au camp de concentration de Natzweiler (Bas-Rhin, Alsace annexée de fait) ; passeur ; résistance aide et sauvetage.

Joseph Gaspard
Joseph Gaspard
Crédit photo : Eugène Gaspard
Il habitait Russange. Employé aux Aciéries de Micheville à Villerupt (Meurthe-et-Moselle), il effectua son service militaire à Oran (Algérie française) au 2ème Zouaves et fut mobilisé en 1939 au 128ème RIF dans le fort Bréhain (Meurthe-et-Moselle) de la ligne Maginot. Fait prisonnier, il fut libéré comme Mosellan par les Allemands et regagna Russange en Moselle annexée. Il put continuer à travailler à Micheville en France occupée. Il participa à une filière de passeurs de prisonniers de guerre évadés et, à partir de 1942, de réfractaires à la Wehrmacht. En 1943, pour ne pas être mobilisé dans la Wehrmacht, il s’évada et se réfugia d’abord à Loudun (Vienne), puis à Paris. Il gagna ensuite Lyon, puis, le Massif Central où il se rapprocha des nombreux réfractaires luxembourgeois organisés autour d’Albert Ungeheuer aux Ancizes (Puy-de-Dôme) en centre d’accueil. Il continua ses activités de passeur au sein de la filière du Luxembourgeois, se rendant régulièrement à Russange pour convoyer des « passés ». Il changea son nom en « Joseph Lacroix ».
Le centre d’accueil des Ancizes fut révélé à la Gestapo par un déserteur luxembourgeois repris à la frontière franco-luxembourgeoise. Le 14 mars 1944, Joseph Gaspard fut raflé par les Allemands dans le café Ferrier aux Ancizes, enfermé à la prison du 92ème RI à Clermont-Ferrand et, malgré ses faux papiers, identifié par le délateur comme membre de la filière d’Albert Ungeheuer également interpelé. Il fut transféré à la prison du Grund à Luxembourg-ville en même temps que 10 autres passeurs dont le Mosellan Marcel Meyer*. Torturé, il fut emmené au camp de concentration d’Hinzert (Allemagne), puis conduit le 18 mai 1944 avec ses camarades (7 Luxembourgeois, 1 Allemand et 3 Français) au camp de concentration de Natzweiler sous le matricule 14 743. Le lendemain, ils furent fusillés et immédiatement incinérés au four crématoire du camp. Leurs cendres furent récupérées par des déportés et cachés dans des caisses sous un baraquement jusqu’au 6 juillet 1945, date de leur exhumation par un magistrat.
Une stèle aujourd’hui disparue fut alors érigée au camp. Le 29 mai 1946, les cendres de Joseph Gaspard furent transférées au cimetière de Russange.
Sources

SOURCES : Eugène Gaspard, Ceux que rien ne fait oublier, Thionville, éditions Klopp, 1984, p. 201-216. — François Goldschmitt, Tragédie vécue par la population des marches de l’Est sous l’occupation nazie, Rech, 1947, tome 2, p. 44-46. — Aimé Knepper, Vie ou mort des réfractaires, Luxembourg, auto-édité, p. 222. Henry Allainmat, Auschwitz en France, Paris, Presses de la Cité, 1974, p. 126-130.

Eugène Gaspard - Philippe Wilmouth

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