Les lieux-dits de Beg-Runio et de Men Cam situés sur le territoire de la commune de Quéven, où neuf otages furent tués et deux civils abattus par les Allemands en août 1944 , font partie des nombreux lieux de combat, d’exécution et de mémoire qui jalonnent le département du Morbihan.

Sur la stèle de Men Cam
Sur la stèle de Men Cam
Les plaques apposées par le Souvenir français</br> à l'arrière du monument
Les plaques apposées par le Souvenir français
à l’arrière du monument
Sur la stèle de Beg-Runio
Sur la stèle de Beg-Runio
Sur le monument aux morts de Quéven
Sur le monument aux morts de Quéven
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Beg-Runio
Le 7 août 1944, au cours de violents combats opposant les troupes américaines et allemandes à Beg-Runio en Quéven, neuf otages furent tués : Mathurin Baudic, domicilié à Lorient (Morbihan) ; Marguerite Caugant née Le Naour, Guillaume Flaouter, Jean Hémery, Jean Le Menn, Jean-Marie Porhiel, tous domiciliés à Rosporden (Finistère) ; Antoine Hénaff et Jean Bernard, domiciliés à Quimper (Finistère) ; Manuel Gudierrer-Valladorès, originaire d’Espagne.
Ils appartenaient à un groupe d’une trentaine d’otages arrêtés le 4 août 1944 à Rosporden. Transférés à Quimperlé (Finistère), puis embarqués dans un wagon à destination de l’Allemagne, ils furent stoppés au lieu-dit Beg-Runio en Quéven (Morbihan). Pris sous le tir croisé des troupes américaines et allemandes, leur wagon, dont les portes étaient verrouillées de l’extérieur par des fils de fer barbelés, fut enflammé par des balles incendiaires. Des otages réussirent à s’échapper par le toit du wagon et à ouvrir les portes du wagon. Plusieurs furent blessés. D’autres parvinrent à rejoindre les lignes américaines. Neuf d’entre eux ont péri.
Leurs actes de décès dressés en mairie de Quéven en juillet 1945 les déclarent « décédés le 7 août 1944 à 17 heures au cours d’une fusillade entre un tank américain et un convoi ferroviaire allemand dans une prairie à deux cents mètres du village de Kervitton ».

Après la guerre, un monument portant la cocarde du Souvenir français a été érigé en bordure de la voie ferrée à leur mémoire à Beg-Runio par leurs camarades rescapés. Il est constitué d’un mur de pierre entourant une croix blanche dressée sur un socle portant les inscriptions :
« À la mémoire des otages Rospordinois tués le 7 août 1944 :
- Mme CAUGANT née LE NAOUR
- BAUDIC Vincent (à l’état civil BAUDIC Mathurin, Vincent)
- BERNARD Jean
- HÉMERY Jean
- FLAOUTER Jean
- LE MENN Jean
- PORHIEL Jean Mie (Jean-Marie)
- HÉNAFF Antoine
- GUTIERIEZ espagnol (à l’état civil GUDIERRER-VALLADORÈS Manuel)
Offert par leurs camarades rescapés »

La voie ferrée ayant été clôturée, la croix qui lui faisait face se trouvait dissimulée par le mur qui l’entoure. Deux plaques ont donc été ajoutées à l’initiative du Souvenir français et scellées sur le mur du monument côté rue.
On retrouve sur la première l’inscription et la liste des otages qui figurent au pied du monument côté voie ferrée.
La seconde porte l’inscription :

« Passant souviens-toi…
Ici le 7 août 1944
9 patriotes sont tombés
Sous les balles ennemies
Que leur souvenir demeure
Le Souvenir français »

Men Cam
Libéré par les Américains le 7 août 1944, le bourg de Quéven fut pilonné par l’artillerie ennemie et repris le 13 août par les Allemands qui pillèrent et incendièrent une soixantaine d’habitations. Le 18 août 1944, le docteur Yves Diény et le professeur René Lote qui avaient soigné les blessés américains lors des combats de la libération de Quéven, furent arrêtés et abattus le 18 août 1944 sur le bord de la route conduisant à Port-Scorff au lieu-dit Men Cam. Leurs corps furent découverts le 22 août 1945 dans une fosse à Croixamus en Quéven, et inhumés dans le cimetière communal.
Le 9 mai 2005, u-ne stèle érigée sur le lieu de leur exécution a été inaugurée. Elle est constituée d’une pierre dressée sur laquelle est scellée une plaque commémorative portant l’inscription :

« Ici
Furent assassinés
Le 18 août 1944
Le docteur DIÉNY
le professeur LOTE
Souvenons-nous d’eux
Ayons aussi une pensée
Pour toutes les victimes
De la guerre 1939-1945 »

Bourg
Deux plaques « 1939-1945 » ont été apposées de chaque côté du monument aux morts de Quéven qui se dresse au centre du bourg : à gauche les victimes militaires, à droite les victimes civiles.

Sur la plaque dédiée aux victimes militaires, figure Jean Le Pogam, quartier-maître grièvement blessé sur l’Abel-Alain à Houat (Morbihan), décédé des suites de ses blessures à Vannes le 15 décembre 1944.
Sur la plaque dédiée aux victimes civiles, figurent Yves Diény et René Lote exécutés à Quéven le 18 août 1944.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, 1526 W 229. — Ami entends-tu…, ANACR-56, numéro 83 (4e trimestre 1992), 133 (2e trimestre 2005), 157 (3e trimestre 2012) et 158 (4e trimestre 2012). — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur-éditeur, Mayenne, 1978. — René Le Guénic, Les Maquisards chez nous en 1944 et Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — " Lieux mémoriels en Morbihan-Quéven " et " Cérémonie de Quéven-Beg-Runio du 7 août 2014 ", dossiers en ligne sur le site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État-civil, Quéven (actes de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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