Né à Moréac le 13 février 1911, abattu le 30 juin 1944 à Locminé (Morbihan) ; artisan peintre ; victime civile.

Jean Annic
Jean Annic
SOURCE : Jean-Etienne Picaut,
Locminé-La Maillette entre tourmente et espoir
Sur le monument de Porh-Le Gal en Moréac
Sur le monument de Porh-Le Gal en Moréac
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Jean Annic était le fils de Mathurin Marie Annic, cabaretier, et de Jeanne Louise Mélanie Hémono, lingère, décédée. Il avait épousé Lucie Marie Eugénie Buléon le 29 mars 1932, et le couple était domicilié à Locminé (Morbihan) où Jean Annic exerçait la profession d’artisan peintre.

Dans la nuit du 29 au 30 juin 1944, Jean Annic avait rendez-vous à Kerfrapic en Locminé avec le capitaine Jean Milès, chef de la compagnie FFI de Locminé à qui il avait promis de livrer cent kilos de farine pour le maquis, réquisitionnés dans plusieurs moulins du secteur. Sortant du lieu de rendez-vous après le couvre-feu, il fut abattu par une patrouille allemande au lieu-dit Kerperdrix en Locminé. Ses obsèques eurent lieu le 2 juillet 1944 à Locminé en présence de nombreux jeunes résistants venus des maquis voisins.
Le 3 juillet 1944, des unités de la Feldgendarmerie et de la Wehrmacht encerclèrent la ville de Locminé. Les Allemands ordonnèrent au maire de faire rassembler pour un contrôle d’identité sur la place du champ de foire, dénommée la Plaine, tous les hommes âgés de 15 à 60 ans. Des membres du SD (Sicherheitsdienst, Service de sûreté allemand) et des miliciens bretons du Bezen Perrot venus de Rennes, ainsi que des agents de l’Abwher de Redon procédèrent à des interrogatoires musclés. Des aveux furent obtenus sous la torture. Trente cinq Locminois furent transférés à la prison de Vannes (Morbihan). Vingt-cinq d’entre eux firent partie du groupe de cinquante détenus de la prison de Vannes qui furent conduits le 12 juillet 1944 au Fort Penthièvre, commune de Saint-Pierre-Quiberon (Morbihan), où ils furent exécutés le 13 juillet.

Les circonstances du décès de Jan Annic ont fait l’objet de vives controverses. Deux thèses s’affrontèrent. Selon les uns, il aurait été abattu par des résistants qui l’accusaient de travailler pour les Allemands, thèse reprise par Roger Leroux. Selon les autres, il aurait bien été abattu par une patrouille de soldats allemands ou géorgiens, et la présence massive de jeunes maquisards à son enterrement prouverait s’il en est besoin son engagement au service de la Résistance. Titulaire depuis 1936 d’un marché publique pour la Direction des travaux maritimes à Lorient renouvelé en 1940, et « requis pour les besoins de l’autorité allemande » sur ordre de la ville de Lorient, il effectuait d’importants travaux d’entretien de peinture et de vitrerie dans les immeubles et ouvrages de la Direction des constructions et armes navales de Lorient. Bien que n’appartenant à aucun mouvement de Résistance, il avait embauché de nombreux jeunes pour leur éviter le Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne, et son véhicule servait à ravitailler les maquis. Selon Jean-Étienne Picaut, ces controverses furent alimentées par les cléricaux locminois qui, depuis les années 1930, manifestaient une vive hostilité à l’encontre de Jean Annic, militant radical-socialiste et président de La Locminoise, club de football laïque. Jean-Claude Picaut considère que « l’affaire Jean Annic est associée à tort à la rafle du 3 juillet 1944 » dans la mesure où cette rafle avait été programmée plusieurs jours avant la mort de Jean Annic.

Par un arrêté du ministre des Anciens combattants daté du 4 mars 1946, Jean Annic fut déclaré « Mort pour la France », au titre de victime civile « d’actes de violence, suite directe de faits de guerre ». La mention de cette décision ministérielle fut transcrite sur son acte de décès par un arrêté du préfet du Morbihan daté du 13 octobre 1952.

Dans le Morbihan, à Locminé, le nom de Jean Annic ne figure ni sur le monument aux morts communal, ni sur le monument aux martyrs de la Résistance. À Moréac, il est inscrit sur la plaque dédiée aux « Victimes civiles de la répression » du monument de Porh-Le Gal.
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 14261. — Ami entends-tu… Bulletin de liaison et d’information de l’ANACR, numéro 155, 3e trimestre 2011. — Jean-Étienne Picaut, " Un troisième tome sur Locminé ", Le Télégramme, 5 décembre 2012. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. Jean-Étienne Picaut, Locminé - La Maillette entre tourmente et espoir, tome 3, Histoire et Images, Liv’éditions, 2012 (photo). — État civil, Moréac (acte de naissance) ; Locminé (acte de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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