Le 27 juin 1944 une unité composée d’une centaine de miliciens venue de Limoges investit le village de Saint-Victurnien établissant des barrages à toutes les entrées du village. Un camion transportant des résistants FTPF fut intercepté. 9 résistants périrent ainsi que deux habitants du village.

Plaque commémorative dans le cimetière de Saint-Victurnien
Plaque commémorative dans le cimetière de Saint-Victurnien
Crédit : Bernard Pommaret.
Après la Libération, fin octobre, début novembre1944, la brigade régionale de la Police Judiciaire de Limoges fut chargée d’une enquête sur les évènements de Saint Victurnien (archives MRL op. cit). Le rapport d’enquête établi le 6 novembre 1944 précise les faits suivants : « Le 27 juin 1944, une centaine d’individus en civil et armés arrivèrent vers 9 h 30 à Saint-Victurnien, venant de Limoges en convoi automobile. Ils installèrent sur les routes convergeant à Saint-Victurnien, aux différents sorties du village un certain nombre de barrages en position défensive. La population persuadée qu’il s’agissait de maquisards ne s’inquiéta pas outre mesure, même lorsqu’elle reçut l’ordre par les exécutants de rentrer chez elle et de fermer ses volets. Vers 10 h 30 une fusillade brève mais nourrie éclata sur une camionnette du maquis, sur la route de Limoges, à hauteur du cimetière du village. Très rapidement le convoi se reforma et reprit la direction de Limoges. Aussitôt les habitants domiciliés à proximité du cimetière descendirent vers le bourg et apprirent à la population la nouvelle suivante : autour d’une camionnette gisaient les corps de six maquisards tués au cours de l’engagement ; dans le cimetière le long du mur, cinq cadavres étaient alignés, tous les cinq fusillés. On sut alors qu’ils avaient été victimes de miliciens camouflés en maquisards ».
Les résistants appartenaient à la 2401ème compagnie FTPF de la Haute-Vienne, ils avaient été envoyés en mission en camion, dans le but de récupérer armes et munitions à Cognac-la-Forêt (alors appelée Cognac-le-Froid, Haute-Vienne). Arrivés à Saint-Victurnien, le groupe tomba dans l’embuscade tendue par les miliciens déguisés en maquisards et disposant d’après d’autres témoignages, de véhicules portant des croix de Lorraine qui avaient occupé le bourg et consigné les habitants à leur domicile. L’hypothèse probable d’une dénonciation fut recherchée par les enquêteurs (plusieurs miliciens étaient cagoulés et parlaient « patois ») ; le rapport précise : « La Milice n’a pas opéré à Saint-Victurnien par hasard. A cette époque le maquis venait presque chaque jour pour se ravitailler vers 10 h 30 » ; mais rien ne put être prouvé.
Deux habitants de Saint-Victurnien Marcel Laroche et François Chaput eux-mêmes résistants, furent arrêtés dans la rue et fusillés avec trois des maquisards dans le cimetière.
Une lettre du maire de Saint-Victurnien, Antoine Bardet, retrouvée dans les archives municipales, relate également les évènements.
Une plaque commémorative est apposée sur le mur du cimetière de Saint Victurnien.


Liste des victimes :
ALBERT Louis
CHAPUT François
CHIGNAC Jean
DELANNOY André
GALLY François
LAROCHE Marcel
LEBRAUD Albert
OURMIERES Pierre
RIFFAUD René Maurice
VILAIN Gabriel
VOULTOURY Louis
Sources

SOURCES : Archives conservées au centre de documentation du Musée de la Résistance de Limoges(MRL) — ADIRP 87. — Art. Saint-Victurnien sur Wikipedia. — Reportage de FR3

Bernard Pommaret, Dominique Tantin, Michel Thébault

Version imprimable