Né le 3 avril 1923 à Saint-Étienne (Loire), exécuté en représailles le 12 août 1944 à La Grand-Croix (Loire) ; résistant détachement Francs-Tireurs Partisans (FTP).

Fils de Jacques et de Marie, Antonia Issartel, Jean était célibataire et habitait 3 rue Pointe- Cadet à Saint-Étienne où ses parents tenaient une boulangerie. En septembre 1943, requis pour le Service du travail obligatoire (STO), il fut affecté en qualité d’ouvrier à la Mas. Catholique proche de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), il participa à l’action du détachement des FTP de l’usine, un groupe spécialisé dans le sabotage de la production et la reconstitution d’armes pour les maquis. Dénoncés par un jeune employé qui travaillait pour la Gestapo, des résistants de la Mas dont José Garcia et Jean furent arrêtés le 8 août 1944 et conduits à la caserne Desnoëttes où ils furent interrogés et torturés.

Le vendredi 11 août 1944, dans le quartier de la Bachasse à la Grand-Croix, des clients étaient attablés au café Crépin tout près de la RN 88 ; parmi eux se trouvaient des maquisards FTP de la vallée du Gier descendus du Pilat. Vers 19 heures 30, une voiture allemande venant de Lyon et se dirigeant vers Saint-Étienne, fut prise pour cible par ces derniers. Sous les tirs, les trois militaires qui occupaient le véhicule l’abandonnèrent et s’enfuirent à pied, l’un deux fut blessé. Les résistants récupérèrent des documents dans la voiture et décrochèrent.

Le lendemain, samedi 12 août 1944 vers 16 heures, venant de Saint-Étienne, une quarantaine de soldats allemands et deux civils membres de la Gestapo -dont l’un était probablement Alfred Guggenheim dit Freddy-, arrivèrent à La Grand-Croix dans des voitures et des camionnettes. Les deux civils se rendirent à la mairie, se saisirent de Jean Teyssonneyre, maire de la commune, tandis que les soldats se déployaient en tirant et prenaient 23 otages dans la population civile. Tous les otages furent alignés sur un trottoir près de la gare tandis que l’immeuble Peyre, dont le café Crépin occupait le rez-de-chaussée, était évacué et pillé avant d’être détruit à la dynamite. Jean-Baptiste Dervieux, ouvrier aux Aciéries de la Péronnière, qui se trouvait à proximité, fut tué et sa femme blessée. Après l’explosion, les Allemands firent descendre d’une des camionnettes cinq jeunes gens ligotés, les conduisirent devant la maison écroulée au 8 du boulevard des Dames, les fusillèrent et abandonnèrent leurs corps sur place. Par la suite, le maire et les autres otages furent libérés non sans avoir été molestés tandis que des appartements étaient perquisitionnés et pillés.

Le lundi 14 août 1944 vers 14 heures, les fusillés, dont les corps avaient été transportés par les habitants dans un garage voisin, furent inhumés au cimetière de Grand-Croix et leurs décès enregistrés à l’Etat-civil avec pour chacun la mention « Inconnu ». Dans les jours qui suivirent, Jean Béal, Jean Ferry, José Garcia, Edmond Poulain et Paul Vinéïs- cinq résistants qui avaient été détenus à la Caserne Desnoëttes à Saint-Étienne - furent identifiés.

Le 2 octobre 1944, des obsèques solennelles étaient organisées à Saint-Étienne pour Jean Béal, José Garcia et Elise Gervais, résistante également détenue à la caserne Desnoëttes et assassinée par la Gestapo. Après une cérémonie sur la place de l’Hôtel de Ville et une levée des corps au Monument aux Morts de la place Fourneyron, ils furent inhumés au cimetière du Crêt de Roc.

Le 28 février 1945, le Tribunal de Saint-Étienne ordonna la rectification des actes de décès des fusillés de la Bachasse et l’apposition pour chacun de la mention « Mort Pour la France ». Le nom de Jean Béal figure sur la stèle Boulevard des Martyrs à La Grand-Croix et sur la plaque commémorative de la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne où il est prénommé Aimé.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. du Rhône : Mémorial de l’Oppression, 3808 W 729.— Journal L’Espoir du 2 octobre 1944.— Site Mémoire des hommes. — État-Civil.

Michelle Destour

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