Né le 18 août 1915 à Condove (Italie), naturalisé français, exécuté sommairement le 23 juin 1944 à Lyon (Rhône), place Guichard (IIIe arr.) ; laitier ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) dans le Rhône.

DAVI Remo - Plaque commémorative
DAVI Remo - Plaque commémorative
Plaque située du côté sud de la place Guichard (Lyon IIIe)
DAVI Remo, Blaise, Bernardin
DAVI Remo, Blaise, Bernardin
Arch. Dép, Rhône, 3808W1000
Remo, Blaise, Bernardin Davi (dit Raymond Davi) était le fils de Michele (Michel) Davi et de Catterina (Catherine) Rocci.
Originaires de Condove (Italie), les Davi émigrèrent en France en mai 1923. Ils vécurent en premier lieu à Villefranche-sur-Saône (Rhône), rue d’Anse. En 1924, ils déménagèrent à Lyon (Rhône) où ils habitèrent 15 grande rue de la Guillotière (VIIe arr.) jusqu’en 1928, 30 rue Sébastien Gryphe (VIIe arr.), et enfin 36 bis rue Rachais (VIIe arr.) à partir de 1931. Michel Davi fut machiniste chez Pralavorio dans les années 1920, puis machiniste sur bois chez Carruel et Dupuy, 27 chemin de Grange Rouge (VIIIe arr.), du 3 octobre 1930 au 17 novembre 1937. Après quoi, il demeura sans emploi. Marco (Marc) Davi, le second fils de Michel et Catherine, naquit le 8 mars 1931 à Lyon (IIe arr.).
Remo Davi obtint le certificat d’études primaires et devint ferblantier. A partir du 27 juillet 1936, il exerça la profession de garçon laitier à la laiterie de Marius Chelles. Il résida chez son patron, 122 route de Vénissieux (rue Pierre Delore, Lyon, VIIIe arr.), jusqu’à une date inconnue entre avril 1943 et juin 1944.
Le 16 mai 1937, à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), Remo Davi, roulant en moto, aborda un carrefour « particulièrement dangereux » à une « allure exagérée ». Des gendarmes le remarquèrent et lui firent signe de s’arrêter. Remo Davi continua sa route malgré leur injonction. Le 7 juillet 1937, il fut condamné par le tribunal correctionnel de Vienne, « à 100 frs d’amende et 3 amendes de 5 frs (par défaut) pour refus de s’arrêter et contraventions connexes ». Suite à cette condamnation, la question de son expulsion se posa à l’administration. Après enquête de la police, Remo Davi ne reçut finalement qu’un sévère avertissement. Le 15 décembre 1938, inculpé de « violences et entraves à la liberté du travail », Remo Davi fut jugé et relaxé par le tribunal correctionnel de Lyon. Le 26 juillet 1939, il obtint la nationalité française (décret 8826x39).
Le 10 janvier 1940, Michel, Catherine et Marc Davi furent également naturalisés français. Le 31 octobre 1940, le secrétaire général à la police, appliquant les dispositions de la loi du 22 juillet 1940, demanda au chef de la Sûreté de procéder à une enquête « approfondie » sur Michel, Catherine et Marc Davi pour établir s’il y avait lieu de leur retirer la nationalité française. Le 10 février 1941, le commissaire répondit par la négative.
En juin 1944, Remo Davi était laitier. Il demeurait rue de la Thibaudière (Lyon, VIIe arr.) et était célibataire. Il était résistant au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF).
Le 23 juin 1944, Remo Davi quitta ses parents vers 17 heures en indiquant qu’il allait manger. À 23 heures 5, il se trouvait sur la place Guichard, à la hauteur du 226 rue Vendôme (Lyon, IIIe arr.), quand il fut atteint par une balle. Jean Berthet, un habitant du 230 rue Vendôme, assista à la scène : « […] je me trouvais dans mon appartement au 2e étage [...], dont les fenêtres donnent sur la Place Guichard, lorsque j’entendis un coup de feu. Ayant éteint ma lumière, j’ouvris la fenêtre pour regarder au dehors. Je vis un homme étendu sur le trottoir de la rue Vendôme et j’entendis qu’il râlait. En même temps j’aperçus une patrouille de soldats allemands (trois ou quatre soldats) non loin du corps. Presque en même temps, je vis l’un des soldats tirer un nouveau coup de feu. Je me retirai aussitôt de la fenêtre que je refermai par prudence. Aussitôt après, et de l’intérieur de mon appartement j’entendis encore deux nouvelles détonations tirées coup sur coup. J’ajoute qu’au moment où se déroulaient ces événements de nombreuses personnes en tenue civil et paraissant provenir de la partie nord-est de la rue Moncey, circulait sur la place. […] »
Le 24 juin 1944, à 6 heures, des policiers français se rendirent place Guichard où ils trouvèrent le corps de Remo Davi à hauteur du 226 rue Vendôme : « le cadavre est allongé sur le dos, sur le trottoir, les jambes écartées, les deux bras ramenés en arrière, dans la main gauche, il tient un billet de 10 francs. Le pied droit est dans le ruisseau, le corps est en biais par rapport au trottoir. Il a été abattu par balles de fusils qui l’ont traversé de part en part dans la poitrine. Sur la carte d’identité trouvée dans sa poche, nous relevons son identité comme suit Davi Remo […], demeurant rue de la Thibaudière à Lyon. A quinze mètres du corps, sur le trottoir, à hauteur du n°230 de la rue de Créqui, se trouvaient 3 douilles de fusils que nous saisissons. Un bonnet de soldat allemand [type calot], trouvé sur les lieux, a été déposé au poste Moncey. […] »
Le motif de ce meurtre reste inconnu. Remo Davi fut-il tué parce qu’il circulait après le couvre-feu comme les enquêteurs de l’époque le conclurent ? Fut-il poursuivi après une action de Résistance ? Y a-t-il un lien entre cette exécution et la présence de ces nombreuses personnes en civil que remarqua le témoin Jean Berthet ?
Le 24 juin, le corps de Remo Davi fut transporté à l’institut médico-légal où il fut reconnu par son père. Il fut inhumé le 28 juin au cimetière de la Guillotière (Lyon).
Il fut reconnu Mort pour la France en 1953. Il ne fut homologué ni FFI ni interné résistant. La seule source identifiée de son engagement dans la Résistance est la plaque commémorative située place Guichard, sur la facade de l’école élémentaire Mazenod : « Ici le 24 juin 1944 Blaise Davi 28 ans jeune patriote F.T.P.F a été fusillé par les nazis. Passant, souviens-toi ».
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W1000, 3335W22, 3335W17, 45W50, 61W30, 6M725, 6M676, 6M628, 829W90.— Arch. Mun. Lyon, 1899W015, acte de décès de Remo Davi.— SHD, Vincennes, inventaire de la sous-série GR16P.— Notes de Jean-Pierre Ravery.— Plaque commémorative (place Guichard, Lyon).

Jean-Sébastien Chorin

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