Né le 23 octobre 1925 à Boulay (Moselle), exécuté sommairement le 8 juillet 1944 à Droux (Haute-Vienne) ; employé de bureau ; résistant du 17e barreau (Limoges).

La famille Cerf à Eymoutiers. Jacques Cerf est le premier à gauche.
La famille Cerf à Eymoutiers. Jacques Cerf est le premier à gauche.
Jacques Cerf était le fils d’Armand Cerf, marchand – épicier à Boulay (1885 – 1944) et de Mathilde Lévy (1885 – 1944). Célibataire, ce jeune réfugié mosellan d’origine juive, était arrivé à Limoges (Haute-Vienne) le 27 janvier 1941, accueilli dans un internat de l’OSE (Œuvre de secours aux enfants juifs) situé 8, cours Jean Pénicaud à Limoges alors que sa famille, réfugiée de Moselle, était installée à Eymoutiers (Haute-Vienne). Jacques Cerf fut l’un des membres (sous le pseudonyme de Pierre Ladame) du mouvement de résistance dit du 17e barreau qui vit le jour à la fin de 1942 et se développa au printemps 1943 en recrutant chez les lycéens de Gay-Lussac et parmi les jeunes travailleurs. La police de Vichy mit fin aux actions de ces jeunes par de nombreuses arrestations en avril 1943, l’emprisonnement de certains à Limoges et l’internement de nombreux autres dont Jacques Cerf au camp de Nexon (Haute-Vienne). La Cour spéciale de justice de Limoges examina l’affaire à la fin du mois d’août. Jacques Cerf fut condamné à un an d’emprisonnement mais fut laissé, comme d’autres jeunes, en liberté conditionnelle ; il gagna la maison d’enfants de l’OSE au Couret sur la commune de Saint-Laurent-les-Églises (Haute-Vienne) ne pouvant rejoindre sa famille qui résidait à Eymoutiers. Celle-ci fut raflée par la division Brehmer en avril 1944.
Il est difficile d’expliquer sa présence à Magnac-Laval lors de la rafle du 8 juillet 1944 organisée dans cette ville par les Allemands et les miliciens en réaction aux événements survenus les jours précédents. En effet, à partir du 4 juillet 1944, des FTPF investirent Magnac-Laval (Haute-Vienne) dont la caserne était devenue un hôpital militaire allemand. Le 6, la garnison déposait les armes. Les hommes de la 2414e compagnie FTP procédèrent durant ces journées à une épuration extra judiciaire d’une grande brutalité accompagnée de spoliations. Les victimes, douze personnes au total, furent des notables, des hommes et des femmes accusés d’être hostiles à la Résistance.
Une riposte fut organisée le 8 juillet par les Allemands et la Milice venus de Limoges.Tout l’après-midi, les miliciens accompagnés d’agents français de la SIPO-SD procédèrent à des perquisitions, fouilles et contrôles d’identité, arrêtant une vingtaine de personnes, dont Jacques Cerf, juif et sans doute identifié par les services de police pour son appartenance passée au groupe de jeunes résistants de Limoges du 17e Barreau.
Au cours de leur transfert à Limoges dans la soirée du même jour, 16 otages dont Jacques Cerf furent massacrés sur ordre du chef milicien Jean Chardenot au lieu-dit la Croix-du-Curé, aujourd’hui la Croix-des-Martyrs, sur la commune de Droux.
Son nom est inscrit sur la stèle commémorative érigée sur le lieu du massacre. Il figure également sur la plaque commémorative des engagés morts au champ d’honneur à la synagogue de Metz, sur le monument commémoratif 1939 – 1945 dans le cimetière israélite de Boulay, dédié à la mémoire des membres de la communauté morts en déportation. Jacques Cerf y figure avec sa famille et en particulier son père Armand Cerf (déclaré mort pour la France, et « Mort en déportation » par arrêté du 6 octobre 1987). Ce dernier fut raflé à Eymoutiers le 6 avril 1944 par la division Brehmer avec sa femme Mathilde Cerf née Lévy (née le 30 juin 1885 à Hirsingen, Bas-Rhin) et leur fille Suzanne, employée de bureau, (née le 26 décembre 1918 à Boulay, Moselle). Ils furent tous les trois déportés à Auschwitz, le 29 avril 1944 par le convoi n° 72 au départ de Drancy. Les parents moururent dès leur arrivée à Auschwitz le 4 mai 1944.


Voir Droux, La Croix-des-Martyrs (8 juillet et 10 août 1944)
Sources

SOURCES : ADHV 993 W 609 ; 993 W 224 ; 184 W 15. — ADIRP 87. — Michel C. Kiener , Pascal Plas, Des jeunes en résistance, L’affaire du 17E barreau, 1943, Éditions Lucien Souny, 2008 — Guy Perlier Le Limousin dans la guerre sous Pétain et l’Occupation Ed. La Geste 2018 — L’Affaire du 17e barreau, Film de Guy Girard, 2008, France, Documentaire, FR3 Limousin Poitou Charentes — État civil Boulay. — Consistoire israélite de la Moselle, Le martyrologe des juifs de la Moselle 1939-1945, Knutange, imp. Klein, 1999, p.91. — Note de M. Cahen AD Moselle 69J12. — Mémorial de la Shoah — Mémorial genweb.

Bernard Pommaret, Dominique Tantin, Michel Thébault

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