Né le 6 janvier 1924 à Strasbourg (Bas-Rhin), exécuté sommairement le 10 juin 1944 à Lissieu (Rhône) ; étudiant ; résistant FFC.

Gilbert Crabbé était le fils de Léonce Crabbé, journaliste, et d’Élisabeth Hoffmann. Réfugié à Lyon (Rhône) avec sa famille, Léonce Crabbé devint membre du mouvement Coq enchaîné dont il intégra le comité directeur. Il décéda en juillet 1943 près de la frontière espagnole en tentant de rejoindre Londres. En 1944, Gilbert Crabbé était étudiant et demeurait à Lyon, 72 rue Vendôme (Vie arr.) avec sa mère et son frère Raoul qui était employé auxiliaire à la préfecture du Rhône. Tout comme leur père, Gilbert et Raoul Crabbé furent résistants.
Le 10 mai 1944, Gilbert Crabbé, son frère et sa mère furent arrêtés au domicile familial par la police allemande. Tous trois furent incarcérés à la prison de Montluc (Lyon). Gilbert Crabbé fut emprisonné dans le Magasin.
Le 10 juin 1944, deux prisonniers du Magasin, Gilbert Crabbé et François Viallard, et dix-sept autres détenus furent extraits de Montluc. Ils furent conduits à Lissieu (Rhône) dans une camionnette bâchée escortée par quatre voitures transportant des militaires allemands. Vers 8 heures 40, le convoi se gara au bord de la route nationale 6, non loin du hameau du Bois Dieu. Les soldats bloquèrent la circulation sur la route à environ 150 mètres au nord et au sud de la camionnette et ils éloignèrent un témoin. Ils firent descendre les prisonniers du véhicule et les exécutèrent à coups de mitraillettes. Ils laissèrent les cadavres sur place. La camionnette et l’une des voitures repartirent dans la direction de Lyon tandis que les trois autres automobiles se dirigèrent vers Villefranche-sur-Saône (Rhône).
Les gendarmes et la police furent alertés le jour même. Ils découvrirent les dix-neuf corps à environ 13 mètres de la chaussée. Ils étaient allongés perpendiculairement à la route nationale, les pieds dirigés vers la voie, faces contre terre. Les enquêteurs ne trouvèrent aucune pièce d’identité ni objet permettant de les identifier. Les cadavres furent transportés à l’institut médico-légal de Lyon.
Le corps de Gilbert Crabbé fut décrit comme suit par les gendarmes : « Le cadavre N°3, mesure 1 mètre 72 environ ; âgé de 25 ans environ ; corpulence moyenne ; cheveux châtain, longs et ondulés ; nez rectiligne ; menton rond ; […]. Il est vêtu d’un complet gris-vert à rayures marrons ; d’une chemise blanche à rayures marron, cravate noire, chaussettes grises ; souliers bas marron ; Il a été trouvé porteur de deux pochettes, l’une blanche à cotes, l’autre fantaisie à dessins variés ; d’un mouchoir à carreaux blancs bleus avec encadrement à rayures bleu-blanc-rouges. Il porte un pansement entre le pouce et l’index de la main droite. »
Le rapport du médecin légiste précisa que son corps « maigre ou amaigri, à l’état général médiocre » portait une blessure par balle à la main droite antérieure à la date de l’exécution et trois blessures par balles à la tête et au thorax. Il fut identifié par des amis et, le 19 septembre 1944, par sa belle-sœur Simone Bloch, épouse de Raoul Crabbé.
Gilbert Crabbé fut homologué FFC. Il obtint le titre d’interné résistant. Son nom est gravé sur la plaque commémorative située à Lissieu, en bordure de la route départementale 306 (anciennement route nationale 6).
Le 19 juin 1944, Raoul et Élisabeth Crabbé furent transférés vers des camps de transit pour être déportés. Raoul Crabbé fut déporté par le convoi du 2 juillet 1944 au départ de Compiègne. Il décéda le 2 juillet 1944 lors du transport. Déportée le 6 juillet 1944 à Ravensbrück, Élisabeth Crabbé fut rapatriée en 1945.
Voir la monographie du lieu d’exécution
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W901, 3460W4, 3460W2, 3335W22, 3335W11, 3335W23, 3335W9. — SHD, Vincennes, inventaire de la sous-série 16P. — Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, 2824 engagements, 2003. — Raymond Léculier, Alice Joly, A Montluc, prisonnier de la Gestapo, souvenirs de Raymond Léculier, 25 novembre 1943 – 25 août 1944, 2006. — Mémorial Genweb. — Site Internet bddm.org (Fondation pour la mémoire de la déportation).

Jean-Sébastien Chorin

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