Né le 17 septembre 1912 à Maxula-Radès (Radès, Tunisie), exécuté en représailles le 10 janvier 1944 à l’École du Service de santé militaire à Lyon (Rhône) ; professeur ou étudiant ; victime civile.

Ivan Dupont était professeur ou étudiant. Il demeurait à Chamonix (Haute-Savoie), place de l’Hôtel de Ville. Il était célibataire.
Vers octobre 1943, parut dans le quotidien L’Action française un article dans lequel Charles Maurras accusa Charles Fornier, maire de Revonnas (Ain), et les membres de sa famille, d’être en relation avec les communistes et les gaullistes. Quelques jours plus tard, le chef de la Milice de Bourg-en-Bresse (Ain), alerté par l’article, dénonça les Fornier à la police française et aux autorités allemandes. Le 27 novembre 1943, vers 4 heures 30, une trentaine de Feldgendarme de Bourg-en-Bresse pénétrèrent dans la propriété des Fornier à Revonnas en tirant plusieurs coups de mitraillettes en l’air. Ils procédèrent à une perquisition. Bien que leurs recherches furent infructueuses, les Feldgendarme arrêtèrent Charles Fornier, ses fils Charles et Pierre, son futur gendre Jean Perroud et Ivan Dupont qui était l’ami de ses enfants et qui séjournait chez eux depuis une quinzaine de jours. Ils furent menottés et conduits en automobile à la Feldgendarmerie de Bourg-en-Bresse. Le même jour, vers 5 heures, André Fornier, le fils aîné du maire de Revonnas, fut arrêté chez lui à Bourg. Considérés comme membres d’un groupe terroriste et coupables d’activité anti-allemande, les six prisonniers furent remis à la police allemande à Lyon (Rhône) et incarcérés à la prison de Montluc. Ivan Dupont fut interné dans le « Magasin ».
Le 10 janvier 1944, à 14h15, 4 quai Saint-Clair (quai André Lassagne, Lyon, Ier arr.), à hauteur du tunnel de la Croix-Rousse, sept résistants tirèrent sur trois soldats allemands à bicyclette et prirent la fuite. Deux soldats furent mortellement touchés et le troisième, grièvement blessé, décéda peu après. Des barrages furent aussitôt établis par les Allemands. Des personnes furent arrêtées dans le quartier et conduites à la prison de Montluc.
Vers 19 heures, Ivan Dupont et vingt-et-un autres détenus furent extraits de Montluc. Raymond Léculier, autre prisonnier du « Magasin », fut témoin du départ d’Ivan Dupont : « 10 janvier. — Quatre de nos camarades : Bérard, Bastide, Cézar et Dupont ont été appelés à sept heures du soir. Comme ils demandent pourquoi on vient les chercher, les gardiens expliquent que c’est pour faire une corvée en ville. Ce soir nous ne les avons pas vus revenir parmi nous. » Les vingt-deux prisonniers furent conduits dans les caves de l’École du Service de santé militaire, siège de la Gestapo, avenue Berthelot (Lyon, VIIe arr.), puis ils furent exécutés. Le lendemain vers 6 heures du matin, les inspecteurs du Service de l’identité judiciaire furent chargés de transporter les cadavres à l’Institut médico-légal. Ils découvrirent l’une des victimes assise dans un fauteuil.
Dans une lettre du 22 janvier 1944, le préfet régional Angeli écrivit : « les chefs de la Police allemande […] m’ont fait connaître que les détenus auraient essayé de s’enfuir par une porte laissée ouverte après avoir tenté de désarmer le gardien. Celui-ci aurait appelé au secours. D’autres seraient venus qui auraient fauché les vingt-deux victimes à coup de mitraillettes ». Le préfet ne fut pas dupe. Il ajouta : « L’opinion considère que les autorités d’occupation ont usé en la circonstance de représailles à la suite d’un attentat qui la veille avait coûté la mort dans les rues de Lyon à deux soldats allemands. Quoi qu’il en soit, cette affaire a provoqué une émotion profonde. L’Officier de la police allemande qui m’a reçu ainsi que le Maire de Lyon m’a exprimé ses regrets en disant c’est la guerre ».
Le corps d’Ivan Dupont fut reconnu par sa famille.


Lyon, Avenue Berthelot (10 janvier 1944)
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 182W269, 31J157, 3460W4, 3335W23, 3335W26, 3335W25, 3335W6. — Bruno Permezel, Victimes de l’Occupation à Lyon et alentour, 81 monuments 11 parcours, 2001. — Onac du Rhône, Les Fusillés de l’avenue Berthelot, 24 novembre 1943, 2008. — Paul Garcin, Interdit par la censure : 1942-1944, 1944. — Raymond Léculier, Alice Joly, A Montluc, prisonnier de la Gestapo, souvenirs de Raymond Léculier, 25 novembre 1943 - 25 août 1944, 2006. — Robert Aron, Histoire de l’épuration, 2, Des prisons clandestines aux tribunaux d’exception, septembre 1944 - juin 1949, 1967. — Notes de Jacques Chauvet.

Jean-Sébastien Chorin

Version imprimable