JONAS Robert
Né le 16 décembre 1902 à Benfeld (Bas-Rhin annexé), exécuté sommairement le 23 juillet 1944 à Eymoutiers (Haute-Vienne) ; représentant de commerce ; résistant FTPF.
Cependant, comme l’indique un témoignage recueilli dans la commune voisine de Sand (op. cit.) : « Les Israélites, conscients du sort qui leur est réservé, ont quitté rapidement leur domicile pour se réfugier en France inoccupée ou à l’étranger. Les Allemands ont de suite confisqué leurs biens, mis la main sur les pièces de valeur et dispersé leurs meubles par ventes aux enchères. Leurs logements sont occupés par les fonctionnaires, gendarmes et personnels enseignants venus d’outre-Rhin ». Robert Jonas pourrait donc n’être arrivé à Limoges qu’à l’été 1940. D’abord domicilié à Limoges, 16 boulevard Victor Hugo, il s’installa à Eymoutiers, rue Farge, à partir du 21 septembre 1941. Il fit apposer la mention Juif sur sa carte d’identité au 15 janvier 1943 en application d’une décision du régime de Vichy.
Il s’engagea dans la Résistance et rejoignit les maquisards FTPF, Membre du groupe de combat d’Eymoutiers, le 07 avril 1944.
Au 6 juin 1944, Georges Guingouin commandait dans le secteur du Mont Gargan à la limite de la Haute-Vienne et de la Corrèze un ensemble d’unités FTPF auquel appartenait le maquis FTP d’Eymoutiers. La menace ainsi créée en particulier sur les axes de communication, amena l’État-major allemand avec le soutien des autorités de Vichy à organiser une opération de répression des maquis FTPF de la région. A partir des 9 et 10 juillet, arrivèrent en Limousin (Corrèze et Creuse) des unités de la brigade Jesser qui venaient de mener des opérations identiques dans le Puy-de-Dôme et le Cantal. Elles furent renforcées par des unités allemandes et miliciennes venues de Limoges et appartenant au groupement Ottenbacher , celles-ci ayant pour but d’encercler le secteur du Mont Gargan et de "nettoyer" ce secteur de la Haute-Vienne. Georges Guingouin, bien que prévenu, ne put selon sa stratégie ordinaire de guérilla, éviter le combat et disperser ses forces. En effet, un parachutage massif d’armes devait avoir lieu en plein jour le 14 juillet sur la commune de Sussac (Haute-Vienne), et il fallait ensuite pouvoir évacuer et distribuer les armes et munitions attendues par les différents groupes de combat. Georges Guingouin dut donc accepter les combats pour retarder, sinon arrêter, les unités allemandes. A partir du 17 juillet de violents combats se déroulèrent dans le secteur du Mont Gargan qui entraînèrent de nombreuses pertes de part et d’autre. Robert Jonas fut blessé, capturé puis achevé par les Allemands avec ses six camarades à La Condamine, commune d’Eymoutiers, au cours d’un affrontement avec les troupes allemandes le 23 juillet 1944.
Il obtint la mention « Mort pour la France ». Son nom est inscrit à Eymoutiers, route de Domps, sur une stèle commémorative du combat de la Condamine, et sur la plaque commémorative des victimes de la Seconde Guerre mondiale de cette commune (22 noms). Il figure aussi sur le monument commémoratif de la Résistance dans le jardin d’Orsay à Limoges.
Voir Eymoutiers, La Condamine, (23 juillet 1944)
SOURCES : SHD-AVCC Caen AC 21 P 58009. — AM Limoges 4H, fichier des réfugiés. — ADHV 993 W 608 ; 993 W 224. — Pierre Auer Bacher, Souvenirs d’une période trouble, Ed. Le Manuscrit, 2008 — René Gutman, Le memorbuch – mémorial de la déportation et de la résistance des Juifs du Bas-Rhin, La nuée bleue, 2005 — site internet Mémoires de Sand — Memorial genweb.
Dominique Tantin, Bernard Pommaret, Michel Thébault