Né le 28 avril 1926 à Pont-Saint-Esprit (Gard), mort fusillé sommaire à Badaroux (Lozère ) le 29 mai 1944 ; boulanger à Pont-Saint-Esprit ; résistant (maquis Bir Hakeim, Armée secrète)

C’était le fils de Frédéric Réa [Rea] et de Rose Giovanonne, immigrés italiens établis à Pont-Saint-Esprit.
Boulanger, il fut, en 1943, réfractaire au STO. Comme une trentaine d’autres réfractaires du pays de Cèze (Gard rhodanien), il fut pris en charge par les responsables spiripontains de l’AS (Armée secrète), Raoul Trintignant, Edgar Chabrol et Camille Brunel) qui les installèrent dans des fermes isolées où ils les ravitaillaient. Par la suite, ils furent regroupés, à la fin de 1943, au mas de Terris (commune de Méjannes-le-Clap) où une instruction militaire commença à leur être donnée par des cadres du maquis Bir Hakeim (AS), sous le commandement de Christian de Roquemaurel.. Avec le plein accord du chef de cette formation, Jean Capel, André Pavelet alias « Villars », responsable maquis de la R 3 leur avait assigné cette mission. Le 5 janvier 1944, ils quittèrent Terris pour s ‘établir au mas de la Sivardière (commune de Méjannes-le-Clap), puis, à partir du 26 janvier, au mas de Serret (commune de Labastide-de-Virac, Ardèche, près de la limite de ce département avec le Gard).
Réa participa sans doute à des coups de main de Bir Hakeim contre les vichystes ou troupes d’occupation. Le 25 février 1944, des maquisards de Bir Hakeim tirèrent sur une patrouille allemande ce qui provoqua une réaction extrêmement violente. Le 27, 400 SS de la 9e Panzer Hohenstaufen présente à Pont-Saint-Esprit et des forces vichystes (GMR et Milice) se lancèrent à l’assaut du mas de Serret. Christian de Roquemaurel ordonna le décrochage. Dominique Réa qui appartenait à un groupe chargé de protéger le mas fut blessé au bras et pris en charge par ses camarades. Il se retrouva ensuite avec Bir Hakeim au hameau des Crottes (commune de Labastide-de-Virac) qu’ils évacuèrent avant que, le 3 mars, la 9e Panzer n’exerçât de terribles représailles en assassinant la totalité de la population du hameau (Labastide-de-Virac, hameau des Crottes).
À la mi-mars 1944, Réa, avec le groupe principal de Bir Hakeim, se replia à la Picharlarié (commune de Moissac-Vallée-Française, Lozère) où Bir Hakeim accrut ses effectifs avec la fusion avec la Brigade Montaigne (AS) et l’absorption du maquis école (AS) établi dans cette ferme inoccupée par le comité (AS) de Saint-Jean-du-Gard (Gard) (Voir Lapierre Marceau. Réa participa aux combats de la Vallée Française, à nouveau contre la 9e Panzer Division Hohenstaufen (7-12 avril 1944). Il se retrouva ensuite au Castanier (Sainte-Croix-Vallée-Française, Lozère) puis au château de Fons (commune de Bassurels, Lozère). Réa, alors qu’il était aux Fons, obtint de Capel une permission qu’il mit à profit pour se rendre chez son frère René, cafetier à Béssèges (Gard). Il rejoignit Bir Hakeim alors que le maquis se trouvait au Grand Hôtel du Fangas au mont Aigoual (commune de Valleraugue, Gard). L’imminence d’une attaque par les GMR et la Milice incita Capel à donner l’ordre d’évacuation du Fangas dans la nuit du 25 au 26 mai. Il avait décidé d’établir un nouveau cantonnement à La Parade (Lozère), sur le causse Méjean. Dominique Réa y arriva le 27 mai au soir avec le groupe principal qui effectua le trajet à pied en deux jours. Il fut affecté au siège de l’état-major, au « château » Lapeyre, une grande ferme caussenarde du hameau de la Borie, à proximité immédiate de La Parade.
Le 28 mai, les troupes d’occupation encerclèrent La Parade, ciblant plus particulièrement la Borie et son « château ». Réa fit partie des derniers défenseurs du « château » qui ayant épuisé leurs munitions, firent leur reddition en ayant obtenu l’assurance d’être traités comme des prisonniers de guerre. À 17 heures, les prisonniers, au nombre de vingt-sept embarquèrent dans des camions qui les conduisirent à Mande, chef-lieu de la Lozère, où ils furent remis à la Sipo-SD qui incarcéra, dans les caves de la maison Lyonnet, son siège départemental. Pendant la nuit, ils y furent tous très durement torturés.
Le matin ils furent transportés en camion au ravin de la Tourette (Badaroux, Lozère) près de la voie ferrée Marvejols – Labastide-Puylaurent. Ils furent sommairement fusillés puis enterrés dans une fosse commune au cimetière de Badaroux.
Après la Libération, René Réa effectua des recherches dans le Gard et en Lozère afin de savoir ce qu’était devenu son frère Dominique. Il entra en contact avec Anna Rousseau* du CDL de la Lozère, qui lui permit de le reconnaître. Dominique réa fut ré-inhumé à Pont-Saint-Esprit le 9 novembre 1944. Son nom fut inscrit sur le monument aux morts de Pont-Saint-Esprit (Gard), sur le monument érigé à Mourèze (Hérault) en l’honneur des membres du maquis Bir Hakeim morts au combat ou fusillés et sur le monument érigé à La Parade (commune de Hures-la Parade, Lozère) pour commémorer les morts du combat de La Parade et les prisonniers exécutés sommairement à Badaroux.
Dominique Réa reçut la mention « mort pour la France ».
Voir Badaroux, Ravin de la Tourette ( 29 mai 1944 )
Sources

SOURCES : Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — René Maruéjol, Aimé Vielzeuf, Le maquis « Bir Hakeim », 2e édition, Genève, Éditions de Crémille, 1972, 251 p. [ p. 63]. — Site MemorialGenWeb consulté le 6 août 2017.

André Balent

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