Âgé d’environ vingt-quatre ans en 1944, mort exécuté sommaire le 29 mai 1944 à Badaroux (Lozère) ; résistant (maquis de l’Armée secrète, Brigade Montaigne puis Bir Hakeim) tchèque des Cévennes (Gard et Lozère)

Josef Vorel, fusillé à Badaroux (Lozère) le 29 mai 1944
Josef Vorel, fusillé à Badaroux (Lozère) le 29 mai 1944
Cliché : Mme (ou M.) Martin
Josef Vorel et Pavel Skovoda, de nationalité tchécoslovaque, se trouvaient dans le Languedoc méditerranéen. Pour des raisons que nous ignorons, ils rejoignirent le maquis de l’Armée secrète (AS) connu sous le nom de « Brigade Montaigne » (du nom du pseudonyme de son fondateur, François Rouan*, du mouvement Combat, exclu du PC pour trotskisme et ancien des Brigades internationales) ou de MOI (Mouvement ouvrier international). La Brigade Montaigne se composait pour l’essentiel d’étrangers, surtout des Allemands souvent anciens des Brigades internationales. Les Français y étaient très rares. Ce maquis se retrouva, au début de 1944, à la Fare (Saint-Germain-de-Calberte, Lozère) où il fit sa jonction et effectua sa jonction avec le groupe (AS, lui aussi) animé par un communiste français résistant lozérien, Louis Veylet et Otto Kühne, militant du Parti communiste d’Allemagne (KPD), ancien député du Reichstag affecté à un groupement de travailleurs étrangers à l’usine métallurgique de Saint-Chély-d’Apcher (Lozère) avant d’entrer dans la clandestinité.
La Brigade Montaigne établit ensuite son cantonnement dans la discrète ferme du Galabartès, toujours dans la commune de Saint-Germain-de-Calberte. Elle se trouva, en mars 1944 à proximité — dans une ferme isolée et abandonnée de la commune de Moissac-Vallée-Française (Lozère), le Picharlarié — de deux autres maquis de l’AS, le maquis école du comité de Saint-Jean-du-Gard (Voir Lapierre Marceau) et le maquis Bir Hakeim (Voir Capel Jean). Le second, plus puissant et aguerri, absorba le premier et fut amené à collaborer avec la Brigade Montaigne au point de fusionner.
Vorel participa aux combats de la Vallée Française entre le 7 et le 12 avril 1944. Il se retrouva à la côte 708 , sous les ordres de l’Allemand Martin Kalb, avec d’autres Allemands (Karl Klausing, Paul Hartmann, Hans Reichard, Norbert Beisäcker) un Luxembougeois, Alfred Probst, son ami tchèque Paul Skovoda et un Français, René Nicolas. Ils combattaient contre les soldats de la Wehrmacht dans les montagnes dominant le Galabartès et la Picharlarié et ils réussirent à se dégager sans pertes et à se regrouper, d’abord à Malzac puis au Plan de Fontmort. De là, Vorel fit partie du groupe de la Brigade Montaigne qui intégra définitivement le maquis Bir Hakeim. Avec des Allemands et des Autrichiens, il le rejoignit au château des Fons. Du 8 au 12 mai 1944, avec Bir Hakeim et sous le commandement de Jean Capel, il participa, toujours avec son compatriote Skovoda, à l’expédition dans l’Hérault, dans le secteur de Caux et de Rabieux entre Lodève et Clermont-l’Hérault. Cette expédition se solda par un échec car les maquisards ne purent récupérer les parachutages qu’ils devaient réceptionner et perdirent certains de leurs chefs, Christian de Roquemaurel et Adrien Toussaint qui furent arrêtés puis déportés. Ensuite, Vorel, avec Bir Hakeim stationna au Grand Hôtel du Fangas à proximité du mont Aigoual. Pendant la nuit du 25 au 26 mai 1944, les maquisards quittèrent précipitamment le grand Hôtel pressés par une attaque conjointe de la Milice et des GMR dépêchés par Hornus, intendant de police de Montpellier.
Vorel fit partie du groupe de Bir Hakeim, le plus nombreux qui effectua le trajet vers le nouveau cantonnement de La Parade (Lozère), sur le causse Méjean. Ces maquisards mirent deux jours et arrivèrent très fatigués à La Parade, le 27 mai, en fin d’après-midi. Le lendemain matin, les troupes d’occupation averties de la présence du maquis sur le causse Méjean y furent dépêchées depuis Mende pendant la nuit. Elles encerclèrent La Parade. Josef Vorel participa à la défense du hameau de La Borie, à proximité de La Parade et, de la grande ferme caussenarde dite château Lapeyre. Il fit partie du groupe des derniers défenseurs de cette bâtisse qui, à cours de munitions se rendirent vers 16 heures. À 17 heures, ils montèrent dans les camions allemands qui les conduisirent à Mende où ils furent remis à Sipo-SD du chef-lieu de la Lozère. Détenus à son siège, la villa Lyonnet, ils furent pour la plupart sauvagement torturés. Le lendemain matin, les prisonniers furent amenés en camion au ravin de la Tourette (commune de Badaroux, Lozère) le long du remblai de la voie ferrée de Labastide – Puylaurent (Lozère) à Marvejols (Lozère) via Mende. Il furent exécutés sommairement. Inhumé dans une fosse commune du cimetière de Badaroux. D’abord faussement identifié comme Josef « Scopas » (Skovoda), son compatriote qui fut l’un des rares rescapés des tueries de La Parade et de Badaroux, on finit par lui restituer son nom. Son nom figure sur le monument de La Parade, construit en mémoire des morts de Bir Hakeim, les 28 et 29 mai 1944. Celui-ci est inscrit sur les deux stèles de la Tourette (Badaroux, Lozère) érigées en la mémoire des vingt-sept exécutés du 29 juin 1944. Il est également gravé à Mourèze (Hérault) sur le grand mémorial érigé en l’honneur des maquisards de Bir Hakeim morts au combat ou exécutés entre septembre 1943 et août 1944. Il figure, enfin, sur le monument de Moissac-Vallée-Française érigé en mémoire des maquisards français et étrangers ayant combattu ensemble dans les Cévennes contre les forces nazies et Vichy Voir Lindner Anton.
Voir Badaroux, ravin de la Tourette, 29 mai 1944
Sources

SOURCES : Éveline et Yvan Brès, Un maquis d’antifascistes allemands en France (1942-1944), Montpellier, les Presses du Languedoc/Max Chaleil éditeur, 1987, 348 p. [pp. .130, 196, 205, 217, 252, 336]. — Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM , accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — MemorialGenWeb, site consulté le 11 août 2017.

André Balent

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