Né le 4 septembre 1915 à Pleudihen (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort au combat dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 à Plumelec (Morbihan) ; FFL-SAS.

Émile Bouétard
Émile Bouétard
SOURCE  : Site FFL-SAS
Sur le monument aux morts 1939-1945</br> de Plumelec
Sur le monument aux morts 1939-1945
de Plumelec
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Sur le mémorial SAS de Plumelec
Sur le mémorial SAS de Plumelec
« Émile Bouétard est le premier de tous les soldats alliés mort dans l’opération Overlord. Il s’est sacrifié pour notre liberté... »
À Le Halliguen en Plumelec
À Le Halliguen en Plumelec
Le mémorial international des SAS</br> à Sennecey-le-Grand
Le mémorial international des SAS
à Sennecey-le-Grand
SOURCE : Site 22sas12.over-blog.com
Émile Bouétard était le fils de Pierre, Marie, François Bouétard et de Victoire, Claire, Marie Joséphine Mahé, cultivateurs domiciliés à Pleudihen (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Célibataire domicilié à La Gerdrie en Pleudihen, il était le sixième enfant d’une fratrie de huit enfants.

Il fréquenta l’école publique du village et obtint son certificat d’études primaires en juin 1928. Après avoir travaillé quelques mois dans une ferme, il s’engagea dans la marine marchande alors qu’il n’avait que treize ans. « Inscrit provisoire » au quartier maritime de Dinan, il fut embauché par la Compagnie générale transatlantique comme matelot et navigua sur plusieurs navires de cette compagnie à partir de 1934. Appelé sous les drapeaux en 1935, il servit trente mois dans la marine nationale, puis redevint matelot au service de la Compagnie générale transatlantique. Mobilisé en septembre 1939 à Brest, il fut affecté sur un pétrolier puis transféré à la base navale française de Beyrouth au Liban. Démobilisé après la défaite de mai-juin 1940, il revint dans sa famille à Pleudihen et travailla dans plusieurs fermes.

Au début de 1942, Émile Bouétard décida de rejoindre la France libre. Il franchit la ligne de démarcation grâce à un laisser-passer fourni par son ancienne compagnie de navigation, et gagna Marseille, puis Casablanca (Maroc), où il embarqua comme matelot sur le cargo L’île de Ré en partance pour les États-Unis. Le 8 novembre 1942, alors que ce navire fait escale à La Nouvelle-Orléans (États-Unis), il quitta son bord et entreprit de rejoindre la Grande-Bretagne où il s’engagea dans les Forces françaises libres (FFL) en février 1943. Affecté aux Forces navales françaises libres (FNFL), il se porta volontaire comme parachutiste et intégra les Forces aériennes françaises libres (FAFL) sous le matricule 35410. Affecté à Camberley au 4e bataillon d’infanterie de l’Air (4e BIA), futur 2e régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP), il se blessa lors des entraînements mais il les poursuivit jusqu’au bout et fut breveté à Ringway.
Caporal au 2e Régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP) ou 4e SAS (Special Air Service) du commandant Bourgoin, il fut l’un des premiers SAS parachutés dans le Morbihan dont la mission était de saboter les voies de communication et de rassembler, équiper, former, encadrer les maquis bretons, avec pour objectif d’empêcher ou au moins de retarder le transfert vers le front de Normandie des troupes allemandes stationnées en Bretagne.
Le caporal Bouétard fit partie du stick de neuf parachutistes commandé par le lieutenant Pierre Marienne qui fut parachuté dans le secteur de Plumelec (Morbihan) au cours de la nuit su 5 au 6 juin 1944. Largués par erreur à deux kilomètres de la zone prévue à proximité du moulin de La Grée qui servait de poste d’observation aux Allemands, ils furent rapidement repérés. Le caporal Émile Bouétard reçut pour mission de protéger les trois opérateurs-radios du stick, Louis Jourdan, Pierre Etrich et Maurice Sauvé, ainsi que leur matériel de transmission, tandis que le lieutenant Marienne, André Hue, officier britannique du Special operations service (SOE) détaché auprès du 2e RCP, et les autres SAS partaient à la recherche du matériel dispersé lors du parachutage. Attaqué par un fort détachement appartenant à une « unité de l’Est » armée par la Wehrmacht et constituée de soldats russes, géorgiens et ukrainiens, le caporal Bouétard et les trois radios se battirent jusqu’à épuisement de leurs munitions pour laisser le temps au lieutenant Marienne et à leurs camarades SAS de décrocher. Les opérateurs-radios furent faits prisonniers, tandis que Bouétard, blessé à l’épaule et à la cuisse, était achevé d’une rafale de pistolet mitrailleur alors qu’il appelait à l’aide. Il était le premier mort français de l’opération Overlord.
Émile Bouétard a obtenu la mention « Mort pour la France » et a été homologué FFL.

Dans le Morbihan, à Plumelec, le nom d’Émile Bouétard, orthographié « Bouettard », est inscrit sur la plaque « Parachutistes » du monument aux morts 1939-1945 de la commune, et sur le mémorial des parachutistes SAS de la France libre érigée au moulin de La Grée. Un monument appelé la Croix Bouétard a été érigé en 1980 sur le lieu de son exécution au village de Le Halliguen, et depuis 1994 une place porte le nom d’Émile Bouétard.
Dans les Côtes d’Armor, son nom est inscrit sur le monument 1939-1945 de Dinan, ainsi que sur le monument aux morts et les plaques commémoratives de l’église de Pleudihen-sur-Rance, où sa mémoire est honorée par une plaque apposée sur la maison familiale à La Gerdrie :
« Ici naquit le 4-9-1915 Émile Bouétard 1er combattant de la Libération mort pour la France le 6-6-1944 »
En 1984, un monument a été érigé aux Croix Saiget en Pleudihen qui porte l’inscription :
« Caporal parachutiste SAS Émile Bouétard né à Pleudihen le 4 septembre 1915 tombé à Plumelec le 6 juin 1944 à 0 h 40 »
En 2009, la commune de Pleudihen-sur-Rance a édité un timbre à son effigie, et la commune de Plougernével a donné son nom à une rue du bourg.
En Saône-et-Loire, le nom d’Émile Bouétard figure sur le mémorail international des SAS à Sennecey-le-Grand.

Le 5 juin 2014, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lui a rendu hommage à Plumelec, à l’occasion du 70e anniversaire du débarquement allié.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 29 169. — SHD, Vincennes, GR 16 P 78248. — Henry Corta, Les Bérets rouges, Amicale des anciens parachutistes SAS, Société nationale des entreprises de presse, 1952. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Joseph Jégo, 1939-1945 Rage Action Tourmente au Pays de Lanvaux, Imprimerie La Limitrophe, 1991. — François Souquet, Émile Bouétard, Caporal dans les Free French Paratroops, 2006. — François Souquet, Émile Bouétard, caporal dans les " Free Frencf Paratroops ", 2006.— René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse-Bretagne, Quéven, 2013. — " Émile Bouétard, un héros du 6 juin 1944 ", sur le site Internet de son biographe, François Souquer. — " D-Day : Émile Bouétard, le premier mort pour la France ", site Internet de France 24, 5 juin 2014. — Site Internet FFL-SAS (photo). — Site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État-civil (acte de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Version imprimable