Né le 2 décembre 1921 à Plaffenhoffen (Bas-Rhin), exécuté le 14 juin 1944 par la Gestapo et la Milice à Saint-Georges (Cantal) ; commerçant ; membre des Éclaireurs Israélites de France ; résistance aide et sauvetage.

Sylvain le père de Marcel était un marchand de grains ambulant, Alice née Winter, sa mère tenait un modeste commerce de chaussures à Pfaffenhoffen. Son enfance se déroula à la campagne et sa scolarité à l’école confessionnelle chrétienne de son village. De confession juive, il fut dispensé des services religieux. Il suivit des cours au Talmud Torah qui existaient même à la campagne en raison d’une forte communauté juive.
Il fit des études secondaires à l’École commerciale d’Haguenau où il obtint son baccalauréat. En 1938, diplômé en « technique commerciale et professionnelle » des Établissements Pigier, il devient représentant en chaussures pour une entreprise importante qui lui garantissait une situation prometteuse. Il renonça pour reprendre le petit commerce familial. En même temps que son cousin Raymond Winter, il s’engagea dans le scoutisme chez les Éclaireurs unionistes, mouvement protestant ouvert aux jeunes d’autres religions.Son totem était "Souris", allusion à sa petite talle et à son inlassable énergie.
Agé de dix-huit ans en 1939, en dépit de la déclaration de guerre, la famille Gradwohl resta en Alsace. La défaite de juin 1940, l’occupation d’une partie importante de la France et l’annexion de l’Alsace ne laissèrent pas d’autre choix à la famille que de quitter Pfaffenhoffen. Au début de l’année 1941, ils partirent en zone sud rejoignant la famille Winter à Montpellier (Hérault).
Avec son cousin Raymond Winter, son frère Roger et Edgar Lévy, il s’investit dans l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE), dans l’organisation de colonies. Un travail qui sera interrompu par son incorporation dans les Chantiers de jeunesse, d’où il fut libéré le 1er août 1942. Il retourna à Montpellier au moment où des premiers trains de déportés juifs traversaient la ville pour le camp de Drancy. En dépit de l’interdiction, Marcel Gradwold et Raymond Winter parvinrent à ravitailler des déportés, prirent des messages d’adieux et les transmirent aux familles. Cette activité ne passa pas inaperçue de la police, par mesure de sécurité, ils s’installèrent à Narbonne (Aude).
Marcel Gradwold fut surnommé « Souris » en raison de sa petite taille, il devint de fait l’adjoint de son cousin Raymond Winter. Tous deux devinrent par nécessité clandestins, en janvier 1944 pour continuer à venir en aide aux Juifs. Il agit sous la fausse identité de Maurice Girbal, et fut responsable du Lot. Les tâches étaient multiples : recherche de refuges pour les enfants, de filières pour quitter la France, organisation de camps…Ils se rendaient régulièrement chez Alice Ferrières, protestante qui recueillit de nombreux enfants juifs.
Le débarquement allié le 6 juin 1944 souleva un très grand espoir dans la population, dès le 10 juin les Allemands raflèrent des habitants de Saint-Flour dont Marcel et Roger Gradwohl, Raymond Winter et Edgar Lévy. Le 12 juin, un accrochage eut lieu entre FFI et soldats allemands non loin de là, à Murat, le chef de la Gestapo de Clermont-Ferrand Hugo Geissler fut tué par des résistants. La répression fut terrible, cinquante-trois habitants civils furent détenus, parmi lesquels les Allemands choisirent vingt-cinq civils dont les frères Marcel et Roger Gradwold ainsi que Raymond Winter et Edgar Lévy désignés parce que Juifs. Il en fut de même de deux Algériens de confession musulmane, dont les identités restèrent inconnues. Le 14 juin à six heures du matin, tous furent exécutés au pont de Soubizergues à Saint-Georges.
Marcel Gradwohl fut inhumé à Saint-Flour le 25 octobre 1944 en présence de sa famille, de ses amis et des Éclaireurs Israélites de Clermont-Ferrand. Sa ré-inhumation eut lieu dans le caveau familial du cimetière israélite de Pfaffenhoffen son village natal où son nom a été gravé sur le Monument aux morts. Le 16 octobre 1945, Marcel Gradwohl a été déclaré « Mort pour la France. »
Une cérémonie d’hommage eut lieu le 1er octobre 2017 au cimetière israélite d’Ettendorf (Bas-Rhin)où une stèle a été érigée en l’honneur des sept victimes originaires des villages alentours.
Sources

SOURCES : AN 20060011-14 (dossier 611327), transmis par Gilles Morin. – SHD Vincennes, GR 16 P 266749, dossier résistant Marcel Gradwohl (non homologué FFI). – AVCC Caen, AC 21 P 458 035, dossier Marcel Gradwohl (nc). — Biographie de Marcel Gradwohl et Raymond Winter parues dans Archives Juives (2003/1/Vol-36), de Mathias Orjekh. Itinéraire issu de son Mémoire de maîtrise « Du scoutisme juif à la Résistance : un même engagement. Quelques figures d’un même itinéraire ». – Site internet de Soubizergues. – Site internet CDJC. – Site internet GenWeb. – État civil de Saint-Georges.— Dernières nouvelles d’Alsace-Saverne, 30 septembre 2017 p.52. — État civil.

Daniel Grason

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