VENTURINI René, Roger [ou VENTURINI Roger, René]
Né le 31 juillet 1926 à Saint-Didier-au-Mont-d’Or (Rhône), exécuté en représailles le 17 août 1944 à Lyon (Rhône), à l’angle de la rue du Bachut et de la rue du Bocage (VIIIe arr.) ; maroquinier ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF).
En 1939, il fut employé dans un atelier de maroquinerie dont le patron employa des Juifs réfugiés en zone libre. René Venturini organisa pour eux une filière d’hébergement.
Après l’arrestation de son frère Marcel, le 19 avril 1943, René Venturini rejoignit le maquis du plateau de Vacheresse (Haute-Savoie). Au début de l’année 1944, il devint membre du groupe de Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Saint-Didier-au-Mont-d’Or. René Venturini, alias Louis ou Camille, participa aux préparatifs de l’insurrection. Il semble que son chef direct était Lazare Basso
Le 9 août 1944, alors qu’il était en mission avec Paul Chevrel, il fut pris dans un guet-apens mis en place par la Gestapo au niveau du pont Mouton (à l’angle du quai Hippolyte Jayr et de la rue Marietton à Lyon, Ixe arr.). Il fut interrogé puis conduit à la prison de Montluc (Lyon) et incarcéré dans la cellule 128.
Le 17 août 1944, vers 13 heures, un groupe de quatre résistants tenta de s’emparer de 500 litres d’essence et de pneus stockés par la Gestapo dans un garage situé 32 rue du Bachut (aujourd’hui rue joseph Chapelle, Lyon, VIIIe arr.). Lors de cette action, les résistants tirèrent sur les trois policiers allemands qui gardaient le dépôt, touchant l’un d’entre eux mortellement et blessant grièvement un second (celui-ci décéda peu après dans un hôpital).
Les Allemands décidèrent d’exécuter des prisonniers de Montluc en représailles. En fin d’après-midi, René Venturini et quatre autres détenus furent extraits de la prison. Transportés dans deux voitures de la Gestapo, ils arrivèrent vers 18h30 devant le garage, à l’angle de la rue du Bachut et de la rue du Bocage, puis les cinq hommes furent exécutés à coups de pistolets. Leurs cadavres furent laissés sur place jusqu’à minuit.
On ne trouva aucune pièce d’identité sur les corps. Seulement deux victimes furent identifiées.
Le corps de René Venturini portait dans le dos des traces provenant vraisemblablement de coups de crosses. Il fut reconnu par sa mère et inhumé dans le cimetière de Saint-Didier-au-Mont-d’Or.
Il obtint le titre d’interné résistant. Son nom apparaît sur le monument aux morts de Saint-Didier-au-Mont-d’Or.
Le 11 octobre 1945, lors d’un interrogatoire, Joseph Desgeorges, ancien membre du Parti populaire français (PPF) et auxiliaire de la Gestapo, déclara avoir participé à l’arrestation de deux résistants FTP au pont Mouton : « Avec Francis [André] et Gillet, je me suis rendu au Pont Mouton pour arrêter deux courriers F.T.P. qui nous ont été signalés par un chef F.T.P de Vaise. Ce dernier était d’ailleurs avec nous dans la voiture lors de l’arrestation. C’est lui qui nous a désigné les 2 courriers qui attendaient, au rendez-vous. Les deux courriers ont été arrêtés et conduits au S.D. J’ignore ce qu’ils sont devenus. » Il pourrait s’agir de René Venturini et de Paul Chevrel.
Voir la monographie du lieu d’exécution
SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W1054, 3460W5, 3335W22, 3335W14, 6MP608, 6MP654, 6MP703, 3808W1045, 394W240 (à dépouiller plus avant).— Arch. Mun. Lyon, acte de décès de René Venturini.— SHD, Vincennes, inventaire de la sous-série 16P.— Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, 2824 engagements, 2003.— Mémorial Genweb.
Jean-Sébastien Chorin