Né le 22 décembre 1913 à Minversheim (Bas-Rhin), massacré le 29 mars 1944 à Nantheuil-de-Thiviers (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.

Julien et son frère ainé Sylvain furent mobilisés dans l’armée française en septembre 1939. Ils combattirent au sein du 124e régiment d’artillerie lourde-autos qui se replia en juin 1940 dans la région de Périgeux. Démobilisés à la fin du mois d’août, ils décidèrent de rester dans le sud-ouest. Ils s’installèrent à Ligeux (Dordogne) où leurs parents les rejoignirent. En effet,leur frère Léon Becker (né en 1911) soldat dans un régiment d’infanterie avait été fait prisonnier juste avant l’armistice dans le secteur de Wissembourg-Molsheim-Umatt et avait choisi le suicide par pendaison durant sa captivité à Dangosheim, le 23 juin 1940, connaissant le sort réservé aux Juifs dans l’Allemagne nazie. Les deux frères travaillèrent dans la ferme Guichard-Duboureau comme ouvriers agricoles pendant trois années.
Au matin du 29 mars 1944, des soldats de la division Brehmer (325e division de sécurité) descendirent de sept camions pour arrêter le fermier accusé d’être un communiste terroriste. Les deux frères Becker n’essayèrent pas de s’enfuir de peur de mettre en danger leur famille d’accueil. C’est à la découverte du tampon "juif" sur leurs cartes d’identité que les soldats les emmenèrent à la mairie de Thiviers puis les fusillèrent en tant que Juifs à Nantheuil, avec Marcel Meyer dit Kahn et René Weill, vers 18 h 30, dans les bois du Pont-de-Madame près du lieu-dit « Jassonnies ».
Ce même jour, Rose Weill, tante de Julien et de Sylvain qui habitait avec les siens à une centaine de mètres, se présentait à la ferme pour chercher du lait au moment des arrestations. Elle fut alors prise de malaise, et Marie-Louise Duboureau, âgée de 14 ans, fille du fermier, prend l’initiative de l’entraîner dans une chambre et de la faire s’allonger sur un lit et répond aux Allemands qu’il s’agit d’une domestique souffrante (elle a reçu la médaille des Justes en 1999).
Les noms des frères Becker figurent sur le monument aux morts de Ligueux et sont inscrits sur la plaque commémorative de Hochfelden (Bas-Rhin) inaugurée en 2005 et sur la stèle du cimetière israélite d’Ettendorf érigée en juillet 2017. Un premier hommage leur a été rendu le 1er octobre 2017 par la commune d’Ettendorf, le Souvenir français,le grand rabbin de Strasbourg et l’aumônerie israélite des armées, le sous-préfet du Bas-Rhin et les enfants de l’école qui prirent une part active portant les portraits des victimes. Madame Frédérique Neau-Dufour, directrice du Centre européen du résistant déporté de Natzwiller a retracé leur parcours tragique.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Dordogne, 1573 W 8 ; 1573 W 6 ; 14 J 19. — Archives du Consistoire du Bas-Rhin, Liste de victimes israélites dans le département de la Dordogne. — Registre d’état civil de Nantheuil. — Yad Vashem, dossier 8636. —Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944. De l’accueil à la persécution, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 236, 290. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p 402. - Anacr Dordogne, Mémorial de la Résistance en Dordogne… Sous la terreur nazie, Périgueux, Copédit, 1985, p. 211 et p. 243. — Dernières nouvelles d’Alsace-Saverne, 30 septembre 2017, p.52 . — MemorialGenweb. — Frédérique Neau-Dufour, 1er octobre 2017.

Annie Pennetier, Bernard Reviriego

Version imprimable