À Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard), sept civils et une résistante victimes de la 8e compagnie du 3e régiment de la division Brandebourg installée à Alès (Gard).

Il est certain que la découverte du charnier du Puits de Célas a provoqué une émotion considérable qui ne s’est jamais démentie. En témoigne encore le nombre des participants chaque année lors de la cérémonie commémorative.
Le charnier — trois fosses de 50 cm à 1, 30 m de profondeur. Deux cadavres une femme et un homme dans la première ; deux femmes et un homme dans la seconde ; 3 trois hommes dans la troisième — découvert à Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard), commune limitrophe d’Alès (Gard), n’a pas la même ampleur et n’a pas eu la même résonance. Ce charnier, situé au quartier de La Plaine, au bord du Gardon, était composé de plusieurs fosses contenant huit cadavres, exécutés de façon échelonnée entre la fin juillet et la mi-août.
Les auteurs de ces crimes n’étaient pas les mêmes que ceux du puits de Célas, tout en appartenant à la même unité de l’armée allemande, la division Brandebourg, unité spécialisée dans l’infiltration des résistances et formée par des recrues des pays occupés. La 8e compagnie du 3e régiment de cette division, implantée dans le Sud-Est à partir de septembre 1943, était composée de « soldats » français et de cadres allemands qui agissaient en civil ou en uniforme. Un premier groupe dit « bande à Harry » selon le prénom du sous-officier qui en était le véritable chef ou « bande des Parisiens » est resté à Alès de mai à la mi-juillet. Il fut remplacé à la mi-juillet par un deuxième groupe dit « bande des Marseillais », recruté parmi les jeunes du Parti populaire français (PPF) et les voyous de Marseille. Ce groupe qui constituait la 3e section de la compagnie était encadré par des fidèles de Simon Sabiani, dont François et Jean Carbone, frères de Paul Bonaventure Carbone, l’alter ego du bandit Spirito. Son chef était l’adjudant-chef Hönke (ou Hönicke). Son équipe opérait de la même façon que le groupe précédent, participant à des attaques de maquis, à des arrestations, se livre au même type d’exactions, mais avec moins de moyens (elle n’avait pas de véhicules en propre et était moins bien armée). Elle se livra aussi à du racket et au pillage, jusqu’à éliminer certaines de ses victimes. Ainsi lorsqu’elle vint arrêter plusieurs habitants de Sommières (Gard), les 26 et 27 juillet. Parmi eux, se trouvaient les résidents du château de Belle-Eau (Belleau), Marguerite Mesnard épouse de Pin* Antoine, leur fille Thérèse Pin* et Maurice Hatchwell*. Le vol - six millions de francs de bijoux et d’espèces, plus des objets – fut l’unique mobile de leur arrestation, puis de leur meurtre. Conduits à Alès à l’hôtel du Luxembourg où logeait la bande, les trois victimes furent ensuite incarcérées au Fort Vauban dont elles furent extraites en août pour être exécutées à Saint-Hilaire-de-Brethmas. Parmi les autres victimes retrouvées dans le charnier se trouvaient une étudiante d’Uzès, âgée de 20 ans, Magali Velay, qui fut torturée, et trois hommes restés non identifiés, même si deux d’entre eux étaient vraisemblablement les frères Miallon (ou Mallon), ouvriers agricoles, venant de travailler à Saint-Gilles (Gard) et retournant chez eux en Ardèche et arrêtés à Alès. À noter que les dates de ces exécutions ne sont pas déterminées, les informations données par les témoins étant contradictoires. Le plus précis est le détenu Gabriel Aubaret qui donne le 20 juillet pour l’exécution de Magali Velay et le 1er août pour les châtelains de Sommières, mais un des prisonniers des Brandebourg, arrêté ce jour-là, fut leur voisin de détention. Leur exécution est un peu plus tardive. À propos des châtelains de Sommières, le sous-préfet d’Alès, dans une lettre au maire de Sommières (7 octobre 1944), indiqua qu’ils furent extraits du Fort Vauban le 14 août 1944 vers 22 heures.
Les allées-venues d’une traction avant plusieurs soirs, à la tombée de la nuit intrigua les habitants du quartier de La Plaine. C’est l’un d’eux, le maraicher Joseph Trouillas, qui avait compté cinq voyages depuis la première visite entre le 16 et le 25 juillet, qui signala le charnier après avoir été alerté par la découverte de celui de Servas. Exhumés le 3 octobre 1944, les corps furent examinés par les docteurs Bataille, Champetier et Mosnier.
Une stèle a été édifiée au lieu-dit « Le Mas d’Hours » qui rappelle la découverte de ce charnier contenant huit corps. Elle porte l’inscription : « À la mémoire de huit Patriotes assassinés par les barbares nazis en juillet 1944 ».
Victimes de la tuerie de Saint-Hilaire-de-Brethmas :
HATCHWELL Maurice
MESNARD Marguerite, épouse PIN
PIN Antoine
PIN Thérèse
VELAY Magali
Fusillé inconnu n° 1 Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard)
Fusillé inconnu n° 2 Saint-Hilaire de-Brethmas (Gard)
Fusillé inconnu n° 3 Saint-Hilaire-de-Brethams (Gard)
[deux des fusillés inconnus seraient les frères MIALON (ou MALLON)].
Sources

SOURCES : Arch. justice militaire, Tribunal militaire de Marseille, jugement n°654/8464 du 12/12/1952 François Carbone. — Arch. dép. Gard, 1 W 669 Crimes de guerre. — La Voix de la Patrie, 4 octobre 1944. — Midi-Libre, 25 septembre 1944, 4 octobre 1944. — AERI, La Résistance dans le Gard], Paris, AERI, CDROM accompagné d’un livret d’accompagnement, 36 p. Paris, 2009. — Commission départementale de l’information historique pour la paix gardoise, Les lieux de mémoire de la Deuxième Guerre mondiale dans le département du Gard, Chemins du souvenir, Nîmes, Béné, 1986, réédition 2000, 118. — Olivier, Pigoreau, Sanglante randonnée, Histoire et Collections, 2013. — Aimé Vielzeuf, Terreur en Cévenne, Nîmes, Lacour, 2003, 171 p. [Annexe 3, "À propos du charnier de Saint-Hilaire-de-Brethmas", dossier de documents de presse de d’archives, pp. 157-164]. — Aimé Vielzeuf, Bloc-Notes 44, Nîmes, Lacour, 1994, 2e édition, 2007, 131 p. — Site MemorialGenWeb consulté le 5 octobre 2017. — Notes complémentaires d’André Balent.

Claude Émerique, Jean-Marie Guillon

Version imprimable