Né le 7 avril 1880 à Bad-Ems (Rhénanie-Palatinat, Allemagne), massacré le 27 mars 1944 à Champagnac-de-Belair (Dordogne) ; de nationalité allemande ; victime civile d’origine juive.

Paul Leroi fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département. Les hommes furent abattus parce que Juifs et les femmes et les enfants furent souvent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
Paul Leroi avait épousé Frieda Sura Hecht, née le 6 mai 1884 à Vienne (Autriche) et ils avaient eu une fille. Il fut un temps aux camps de Gurs puis de Récébédou. Il était domicilié à Quinsac chez sa belle-fille, Gertrude Katz. Il y fut arrêté le 27 mars 1944 puis fusillé par des éléments de la division Brehmer au lieu-dit Martinières, commune de Champagnac-de-Belair.

Les événements de Quinsac et de Champagnac-de-Belair


- Quinsac

Récit d’André Penot, instituteur de Quinsac, le 25 septembre 1944 (Arch. dép. Dordogne, 1573 W 8)
"Le bourg de Quinsac fut cerné à partir de 6 heures 30. Vers 12 h, un attroupement d’otages se forme autour du monument aux morts. Des sentinelles armées les surveillent. Une dizaine de personnes portant valises et paquets sont là. Ils sont là, raidis et pâles. M. Alexandre Marcel, 57 ans, et sa sœur, Mme Levy, 68 ans, et son fils Levy Fernand, 36 ans, combattant de 39-40, M. Abelsonas, sa femme et leur nièce, une petite fille de quatre ans, M. Leroi Paul, 64 ans et sa femme, Mme Kahn, ses trois filles et son gendre. Les Allemands sont allés les surprendre chez eux. Après leur avoir imputé le crime d’être Juifs et quelques invectives à leur égard, ils les ont pillés. (…). Le pitoyable cortège se met en route, à pied, vers Martinière, à 2 km de Quinsac. Les captifs resteront là jusqu’à 16 h sous un soleil de plomb, dans le pré qui borde la route. (…). Vers 16 h, quelques camions vides s’arrêtent, on sépare hommes et femmes. Les Allemands conduisent les premiers dans le petit chemin qui, par derrière la maison, gagne les bois. (…). Ils sont exécutés (…). Les captives conduites au 35e d’artillerie seront parquées dans le manège avec un groupe de 300 hommes de Mussidan. Pour couche, la sciure de laquelle monte l’odeur âcre des déjections humaines en décomposition. Il faudra d’ailleurs que ces femmes procèdent avec leurs mains au nettoyage de ce sol souillé. Le mardi 28, on leur donnera, vers 8 heures, de l’eau à boire et le soir, le Secours national apportant à manger aux hommes de Mussidan, elles auront les restes du repas, car rien n’a été prévu pour elles. Mais le 29 et le 30, grâce au Secours national, dont elles font la louange, elles prendront des repas copieux. Lors de leur interrogatoire, le jeudi 30 à 14 h, un SS même s’indignera du traitement qui leur a été appliqué. (…). Et ce sera, à l’exception de deux demoiselles Kahn dont on est sans nouvelles, leur retour à Quinsac pour y apprendre l’affreux dénouement. (…)".
- Champagnac-de-Belair
"Dans un pré, plusieurs Israélites sont rassemblés, hommes, femmes, jeunes filles, vieillards. Vers 16 h, un camion s’arrête près du groupe. Après un triage rapide, quatre hommes sont mis à l’écart, le reste est embarqué. Les quatre hommes reçoivent l’ordre de prendre leurs valises et de gravir le chemin montant à Martinière. Ils ont à peine parcouru quelques mètres qu’une rafale de mitraillette les couchent blessés à mort. (…)".
Les quatre hommes de Quinsac fusillés à Champagnac-de-Belair étaient donc Marcel Alexandre, Leiba Abelsonas, Fernand Levy et Paul Leroi.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Dordogne, 42 W 9 ; 42 W 59-1 ; 42 W 80 - dont photo et procès-verbal de gendarmerie ; 1573 W 6 ; 1573 W 8 ; W 1815-2. Rapport des Renseignements généraux du 31 mars 1944 ; 1 W 1901-2. Rapport de gendarmerie n° 102 du 27 mars 1944 et rapport de gendarmerie n° 265 du 30 septembre 1944, registre d’état civil de Champagnac-de-Belair. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 234-235, 391. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p 401. - Anacr Dordogne, Mémorial de la Résistance en Dordogne… Sous la terreur nazie, Périgueux, Copédit, 1985, p. 52.
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Bernard Reviriego, Dominique Tantin

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