Né le 5 novembre 1864 à Pfastatt (Haut-Rhin), massacré le 29 mars 1944 à Sarliac-sur-l’Isle (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.

Fils de Samuel Schwob et Pauline Schwob, marié à Lucie Wallach.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux juifs réfugiés dans le département ; les hommes furent abattus parce que juifs et, à plusieurs reprises, les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des juifs ; un recensement spécifique des juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des juifs français et étrangers.
Le 29 mars 1944, les Allemands obtinrent à la mairie de Sarliac-sur-l’Isle la liste des juifs de la commune. Mais le temps mis pour les renseigner permit de prévenir les quelque 30 juifs qui, en majorité, eurent le temps de quitter leur domicile et de cacher.
Toutefois, le couple Schwob, trop âgé pour pouvoir s’échapper resta à son domicile au lieu-dit la Dulgarie. Arthur Schwob, fils de Samuel Schwob et de Pauline Schwob, fut abattu à 300 m de son domicile, au lieu-dit Grésignac, dans un petit bois au bord de la RN 21. On lui a attribué la mention « Mort pour la France ».
Le même jour, son épouse, Lucie Schwob fut arrêtée puis déportée à Auschwitz par le convoi n° 72. Elle était née le 17 février 1875 à Mulhouse (Haut-Rhin), de Henri Wallach et de Dina Mathilde Bloch. On lui a attribué la mention « Mort pour la France » et « Mort en déportation ».
Leurs deux fils, Georges et Charles Schwob, rejoignirent la Résistance et commandèrent un groupe FTP. Leur fille, Marie-Suzanne, épouse Bernheim, son mari et son fils ont pu se réfugier aux Etats-Unis en 1942.
La maison occupée par la famille Schwob fut pillée puis incendiée dans la soirée du 29 mars.
Le nom d’Arthur n’apparait sur aucun monument commémoratif en Dordogne ; celui de Lucie est inscrit sur le mur des déportés du Mémorial de la Shoah à Paris. Les deux sont mentionnés dans les archives et sites web de cette institution et de Yad Vashem à Jérusalem

Récit de l’instituteur daté du 23 septembre 1944 (1573 W 8)
Deux officiers SS et un interprète se présentent chez le maire puis au secrétariat de mairie et demandent la liste des Juifs habitant la commune. Elle ne leur est pas présentée. Une liste est établie avec toute la lenteur possible de telle sorte que les boches ne commencent leurs perquisitions qu’une heure après leur arrivée. Il y a une trentaine de Juifs à Sarliac, tous ont pu être prévenus. Les boches, furieux, ne trouvent que des lits chauds ou des bols de café encore fumants sur les tables. Une seule maison reste à visiter, celle de la famille Schwob. Les deux fils, officiers de réserve, viennent de s’éloigner et se trouvent à cent mètres à peine dans le bois. Le père et la mère, vieillards de 80 et 70 ans, n’ont pas cru devoir partir. Mme Schwob est arrêtée et sera conduite dans un camp de concentration. Elle n’a plus donné signe de vie. Son mari est abattu sur le champ sans explications. La maison est pillée puis incendiée. Les fils jurent de venger l’assassinat de leur père. Ils reviendront quelques temps plus tard s’installer à Sarliac avec le groupe FTP qu’ils commandent (…).
Sources

SOURCES : Registre d’état civil de Sarliac-sur-l’Isle. — Arch. dép. Dordogne, 1 W 492, recensement des Juifs français de Saint-Vincent-sur-l’Isle ; 1573 W 8, relation faite le 23 septembre 1944 par l’instituteur. CDJC DCXXVI-12 ; CDJC - carnet de fouilles de Drancy n° 172. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 236, 237, 453-454, 469. — Anacr Dordogne, Mémorial de la Résistance en Dordogne… Sous la terreur nazie, Périgueux, Copédit, 1985, p. 213. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, pp. 191, 403. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, -Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 76. — Serge Klarsfeld, Le Mémorial des enfants juifs déportés de France, FFDJF, 2001, p. 354. — Geneanet

Bernard Reviriego, Dominique Tantin

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