Né le 30 janvier 1883 à Czarnikau (Allemagne), auj. Czarnków (Pologne), massacré le 1er avril 1944 à Saint-Pierre-de-Chignac (Dordogne) ; de nationalité allemande ; pharmacien ; victime civile d’origine juive.

Wilhem Gerson fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département ; les hommes furent abattus parce que juifs et, à plusieurs reprises, tandis que les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « Juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
Wilhelm Gerson, pharmacien, était le fils de Saly Gerson et d’Agnès Hirschelfd. Il était réfugié en Dordogne avec son épouse, Cécile Riff, dans la commune de Milhac-d’Auberoche. Il fut arrêté lors de la rafle du 26 août 1942 menée par Vichy et emprisonné à Saint-Pardoux-la-Rivière, puis relâché par la commission dite de « criblage » parce que son épouse était française. Il fut de nouveau arrêté à Milhac-d’Auberoche le 24 février 1943, lors de la seconde rafle de Vichy en zone Sud, et il fut interné au gymnase Secrestat de Périgueux. Là, sa femme étant déclarée « aryenne », il fut à nouveau relâché.
Mais, le 1er avril 1944, il fut arrêté par un détachement de la division Brehmer, avec un ouvrier forestier espagnol, José Polaino Pena (Peña probablement), du GTE n° 647 de Chancelade. Les deux hommes furent abattus vers 19h dans un bois sur le territoire de Saint-Pierre-de-Chignac, Gerson parce que Juif.
Sources

SOURCES : Registre d’état civil de Saint-Pierre-de-Chignac. — Arch. dép. Dordogne, 1573 W 6 ; 1573 W 8 ; 1 W 1815-2, Rapport d’activité de la gendarmerie pour le mois d’avril 1944 ; 1 W 1901-2 ; 42 W 240 ; 42 W 80, dont photo. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 237-242, 335-336. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 281-282, 406.

Bernard Reviriego, Dominique Tantin

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